tag:blogger.com,1999:blog-86196231030119077192024-03-13T03:35:52.155+01:00Tradition et RéactionL'oeil scrutant les ruinesPhilippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comBlogger59125tag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-36215128966629111052010-07-06T22:52:00.000+02:002010-07-06T22:53:41.788+02:00Désamorçons l’arme de la finance globaliste!<p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde;">Rolf STOLZ:</span></strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span></strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>L’homme ne vit pas seulement de pain. Mais il en vit! La vieille sentence qui veut que l’économie soit notre destin devient d’autant plus valide lorsqu’une chancelière, tout en dilettantisme, se révèle personnellement comme une fatalité. L’économie s’avère souvent alambiquée, pour le commun des mortels, elle est constituée d’arcanes mystérieuses. Même les grands fiscalistes et capitaines d’industrie ne peuvent la gérer que très partiellement. Pourtant aucune personne dotée de rationalité n’ira jusqu’à dire que l’économie est aussi peu influençable que la météo ou le tirage des numéros du loto.</strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>Le citoyen lambda ne peut certes pas intervenir dans le déroulement de l’économie avec autant de poids et de capitaux que l’investisseur américain George Soros mais, malgré cela, il peut agir sur l’économie, du moins de manière indirecte ou graduelle par son engagement politique. Les fanatiques du monde unifié sous l’égide du globalisme lui diront qu’il n’y a plus possibilité, aujourd’hui, de gérer des économies limitées à une seule nation, dotées d’une forte dose d’autonomie. Cette affirmation impavide nous est assénée à longueur de journées malgré que le processus de la globalisation s’avère nettement contradictoire et incohérent et n’a pas pu créer, et ne créera pas, un monde globalisé à 100% .</strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>Les prédicateurs qui nous annoncent le paradis néo-libéral, où il n’y aura plus que du profit à l’horizon, font usage d’un vieux truc de démagogue: ils posent l’équation entre un fait (l’imbrication mondiale par la globalisation) avec une idéologie très douteuse (celle du globalisme). La méthode ressemble à celle utilisée par les néo-staliniens: ceux-ci partent de la nécessaire orientation de l’économie vers l’action sociale pour mélanger cette nécessité à leurs idées fixes qu’ils baptisent socialisme. De cette manière, toute critique à l’encontre de leurs utopies est jugée comme l’expression d’une “absence de coeur”.</strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>A la base du globalisme se trouve une idée dépourvue de tout développement dialectique potentiel, une idée qui veut que des ensembles économiques de plus en plus grands et de plus en plus centralisés soient une valeur en soi, que tout doit absolument être exportable, importable ou achetable et qu’un gouvernement mondial tout-puissant constitue à terme l’objectif le plus élevé à atteindre. Dans les faits, selon les tenants de cette idéologie globaliste, les Etats nationaux démocratiques, et avec eux, la démocratie en soi, devraient être réduits à exercer les seules fonctions restantes, celles qui ne relèvent pas de l’économie et sont dès lors posées comme mineures ou subalternes, non génératrices de profits. Deux camps s’opposent: ceux qui, via l’eurocratie installée à Bruxelles, via Wall Street et la Banque Mondiale, veulent faire éponger par les peuples l’éclatement de la bulle spéculative; et ceux qui entendent organiser la résistance des nations et des autonomies humaines contre le pillage des hommes, des matières premières et de la biosphère. “Nous nous sommes approchés très très près d’une implosion totale et globale de la sphère financière” a déclaré Bernanke, chef de la banque d’émission américaine lors de la débâcle de Lehman-Brothers. Ou bien les Etats parviendront à désamorcer les bombes atomiques financières qui menacent de nous exploser au nez ou bien celles-ci nous éclateront à la figure lors des prochaines guerres économiques.</strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>Rolf STOLZ.</strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°26/2010). </strong></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong>Rolf Stolz fut l’un des co-fondateurs du mouvement des “Verts” allemands. Il vit aujourd’hui à Cologne et exerce le métier de journaliste libre de toute attache.</strong></span></span></span></p><p><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong></strong></span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><strong><br /></strong></span></span></span></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-78245560348258184172010-07-04T10:55:00.001+02:002010-07-04T10:57:13.294+02:00Aristote au mont saint Michel<h3 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><span style="font-size: large;">« Aristote au mont Saint-Michel : Les racines grecques de l'Europe chrétienne » de Sylvain Gouguenheim</span></span></span></span></span></h3> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde;"><span style="font-size: medium;">Ex:</span></span></strong></span></span> <a href="http://www.polemia.com/"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde;"><span style="font-size: medium;">http://www.polemia.com/</span></span></strong></span></span></span></a></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><img id="media-2538659" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/1848868278.jpg" alt="gouguenheim.jpg" />L’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, divisé en cinq chapitres, aborde dans l’introduction la question de la situation respective de l’Orient et de l’Occident. Il fait le point sur la survivance de la Grèce dans le vaste empire romain, devenu chrétien byzantin, où les Chrétiens s’étaient divisés en plusieurs Eglises, Nestoriens en Perse de langue syriaque, Jacobites en Syrie de langue syriaque, Melkites en Egypte et Syrie de langue grecque, Coptes en Egypte de langue issue de l’ancien parler pharaonique. Quant au monde oriental, l’hellénisme prit sa source dans l’Antiquité tardive, les auteurs néoplatoniciens plutôt que par la redécouverte du classicisme athénien. Ensuite sont passées en revue les deux opinions courantes, admises de nos jours bien que contradictoires :</strong></span></span></span></span></p> <ul style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><li style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>1° procédant d’une confusion entre les notions d’« arabe » et de « musulman », la dette grecque de l’Europe envers le monde arabo-musulman aurait repris le savoir grec et, le transmettant à l’Occident, aurait provoqué le réveil culturel de l’Europe ;</strong></span></span></span></span></li><li style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>2° procédant toujours de la même confusion, les Musulmans de l’époque abbasside (l’«Islam des lumières »), dans leur fébrilité pour la recherche, auraient découvert l’ensemble de la pensée grecque qu’ils auraient traduite en arabe, avant de la transmettre à l’Europe par le truchement de l’Espagne par eux occupée puis libérée. Parallèlement, la Chrétienté médiévale serait demeurée en retard, plongée dans un âge d’obscurantisme.</strong></span></span></span></span></li></ul> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Byzance, réservoir du savoir grec</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Or Byzance, la grande oubliée des historiens de l’héritage européen, fut le réservoir du savoir grec, qu’elle diffusa dans toutes ses possessions italiennes comme à Rome où la connaissance de la langue grecque n’avait jamais disparu.<br />Dans un premier chapitre, l’auteur étudie la permanence de la culture grecque, relayée à ses débuts par le Christianisme d’expression grecque (Evangiles et premiers textes). En outre, dès le Ve siècle, Byzance connut une grande vague de traductions du grec en syriaque, opérées par les Chrétiens orientaux, faisant coexister la foi au Christ et la <em>paideia</em> antique, véhiculée ensuite par des auteurs tels que Martianus Capella et Macrobe, comme l’a fort bien démontré A. Vernet, par les traductions et commentaires de Platon, composés par Calcidius (cosmologie) dès les années 400, et d’Aristote, composés par Boèce (logique et musique). La pensée grecque est aussi présente chez les Pères, chez les prélats d’Italie du sud, grands intellectuels, importée aussi par les Grecs syriaques chassés d’Orient par l’iconoclasme byzantin et par la conquête arabe, pour ne parler que des manuscrits apportés d’Orient en Sicile (Strabon, Don Cassius…), comme le démontrent les travaux de J. Irigoin : autant de régions de peuplement et de culture grecque, noyaux de diffusion à travers toute l’Europe.<br />• La conquête musulmane de la Sicile (827) porta un coup dur à ce mouvement : monastères et bibliothèques incendiés ou détruits, habitants déportés en esclavage, dont les rescapés vont en Campanie ou dans le Latium pour y fonder des abbayes (Grotta Ferrata). Les reconquêtes byzantines puis normandes restaureront la tradition hellénique.<br />• A Rome, qui avait connu une forte immigration de Grecs et de Levantins fuyant les persécutions perses et arabes, tous les papes, entre 685 et 752, seront grecs ou syriaques, et fonderont des monastères grecs. Pendant des siècles des artistes byzantins (fondeurs de bronze, mosaïstes) viennent en Italie, appelés par de grands prélats, pour orner cathédrales et abbatiales. En Germanie, la cour de l’empereur Otton II, époux de Théophano, ouvre une période de renaissance de la langue et de la culture grecques. Puis son fils Otton III attirera beaucoup de Grecs venus d’Italie du sud, qui occuperont des sièges importants dans l’Empire et l’Eglise (dont l’un des plus célèbres est Rathier de Vérone), y apportant souvent des textes de mathématique et d’astronomie : parmi eux Siméon l’Achéen, militaire byzantin, qui combattit aux côtés de Guillaume le Libérateur à La Garde-Freinet, libérant ainsi définitivement la Provence de l’invasion musulmane. Les élites du Maghreb, juifs et chrétiens, s’enfuient et se réfugient en Espagne.<br />• En France , les contacts entre Francs et Byzantins s’intensifient avec Pépin le Bref. Les Carolingiens reçoivent des manuscrits d’Aristote et de Denys l’Aréopagite. Leur entourage compte nombre d’hellénistes. Charlemagne lui-même comprenait le grec. Sous Louis le Pieux deux ambassades byzantines (824 et 827) apportent le <em>corpus</em> du Pseudo-Denys, que traduisit l’abbé de Saint-Denis, Hilduin, même si cette traduction passe pour avoir été fort médiocre ; traduction que l’empereur Charles le Chauve devra charger le savant helléniste Jean Scot Erigène, auteur lui-même de poèmes en grec, de réélaborer</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Les centres de diffusion de la culture grecque en Europe</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’exposé sur les centres de diffusion de la culture grecque en Europe dans les siècles postérieurs est trop long et répétitif : les princes normands de Sicile encouragèrent le monachisme grec, et l’on pourrait ajouter que leur chancellerie expédiait leurs actes en quatre langues, grec, latin, arabe, normand. A Rome, le haut clergé parle grec. Le Latran, riche d’une immense bibliothèque, diffuse partout des œuvres grecques. Anastase le bibliothécaire, helléniste réputé, fut ambassadeur à Byzance. De Rome, la langue et la culture grecques se diffusèrent dans les pays anglo-saxons : Bède le Vénérable (+ 735) lisait le grec ; Aldhelm de Canterbury (+709), d’une très haute culture classique, enseigna la langue grecque à saint Boniface. Quant à l’Irlande, grand foyer d’hellénisme, outre Jean Scot, ses savants diffusèrent leur savoir dans toute l’Europe du nord, jusqu’à Milan. Pour l’Espagne, la Catalogne surtout offre des textes d’Aristote et des néoplatoniciens, dans les manuscrits desquels on peut remarquer des alphabets et des essais de plume en grec : ajoutons que le même phénomème s’observe aussi dans nombre de manuscrits conservés en France.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’auteur accorde un grand chapitre à la médecine, domaine dans lequel le rôle joué par les savants musulmans a été particulièrement exalté. Raymond Le Coz, dans son ouvrage <em>Les chrétiens dans la médecine arabe </em> (Paris, L’Harmattan, 2006) a fait justice de cette opinion. Il souligne lui aussi le rôle primordial des chrétiens du Proche-Orient : Nestoriens, Jacobites, Melkites, Coptes, qui traduisirent les textes grecs bien avant l’arrivée de l’Islam. R. Le Coz insiste sur l’héritage byzantin qui imposa les ouvrages de Galien, la place éminente de l’Ecole d’Alexandrie dont l’une des plus grandes figures est Oribase, auteur d’une encyclopédie en soixante-dix livres, rapportant en outre de nombreux textes de ses prédécesseurs. Cette école, brillant encore avec Ammonius (VI° s.) puis Jean Philipon, fut remplacée au VIIIe siècle par celle de Bagdad où Nestoriens et Jacobites transmettront, par leurs traductions en langue arabe, aux musulmans leurs connaissance du savoir grec. Les Nestoriens seront d’ailleurs les médecins des califes de Bagdad et donneront naissance à la figure du « <em>philosophe médecin, souvent astronome, astrologue ou alchimiste, si caractéristique de tout le moyen-âge, arabe et occidental</em> ». Chez les Latins, dès le VIe siècle et grâce à Cassiodore, on connait les travaux de Soranos, médecin grec d’Ephèse (II° s.), Hippocrate, Galien, Dioscoride et Oribase. Puis ces textes circulent dans les abbayes d’Italie du nord et du sud, où la pratique du grec ne cessa jamais : Salerne, le Mont-Cassin, de si brillante réputation que de hauts personnages du nord de l’Europe viennent s’y faire soigner, avec les œuvres de Garipontus et Petrocellus. Quant au célèbre Constantin l’Africain (+1087), sa biographie nous informe qu’il apprit la médecine à Kairouan ou au Caire : on ne peut donc savoir quelles ont été ses sources, bien que, selon Pierre Diacre, il aurait été aussi formé aux disciplines grecques d’Ethiopie : il traduisait directement du grec ou de l’arabe en latin.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le XIIe siècle, renouveau des études à partir de sources antiques</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>S’attardant sur la Renaissance carolingienne, l’Académie du Palais de Charlemagne, sur Richer de Reims qui aurait enseigné la médecine grecque, Gouguenheim, suivant un plan chronologique un peu confus, dresse un tableau de la Renaissance du XII° siècle, où le renouveau des études puise à la source de la culture antique : traductions d’œuvres scientifiques d’optique, de mécanique dans toute l’Europe, impulsées par l’Ordre de Cluny et son abbé Pierre le Vénérable. Mais pour tous ces savants, peut-on affirmer qu’ils ont tous travaillé sur des traductions directes et que leurs connaissances sont en totalité indépendantes des travaux arabo-musulmans ?<br />La circulation directe des textes de Byzance en Italie, vers la France et l’Empire mériterait, pour ces époques, d’être mieux connue, mieux étudiée. Quoiqu’il en soit, grâce à la réforme grégorienne, au renouveau du droit, de la philosophie politique, de la pratique rénovée de la dialectique, partout en Europe et en toutes matières, on constate un regain de l’influence et de l’imitation de l’Antique, la pratique et la découverte de textes grecs et latins. L’abbé Suger de Saint-Denis ne faisait-il pas l’admiration de ses moines grecs parcequ’il récitait de mémoire plus de trente vers d’Horace ? On découvre le livre II de la <em>Logique d’Aristote</em>, l’harmonie du monde de Platon à travers l’étude de la nature (Guillaume de Conches, Hugues de Saint-Victor), des œuvres de Cicéron. La mythologie païenne sert de support à la méthode allégorique d’exégèse de <em>l’Ecriture.</em> L’activité de traduction s’intensifie à Tolède, Palerme, Rome, Pise, Venise, en Rhénanie, à Reims, Cluny, au Bec-Hellouin, au Mont-Saint-Michel. Les Antiques sont les géants de Bernard de Chartres. Tous ces faits sont bien connus et ils témoignent d’une ouverture extraordinaire au savoir antique grec et latin, mais ils ne constituent pas une preuve exclusive d’un transfert directe de cette culture d’orient en occident.<br />Dans un deuxième chapitre, l’auteur revient, de façon quelque peu redondante, sur la diffusion du savoir grec par Byzance et la chrétienté d’orient, du VIe au XIIe siècle, rappelant les voies et les hommes qui ont permis la continuité avec le monde occidental depuis l’époque classite que. Le chapitre III est la justification du titre de l’ouvrage : l’Europe a recherché elle-même, et non reçu passivement l’héritage antique, grâce aux moines de ses grandes abbayes qui en firent des traductions directes. L’auteur donne une place centrale à l’abbaye du Mont-Saint-Michel où Jacques de Venise, arrivé au début du XIIe siècle, traduisit du grec en latin de nombreux textes d’Aristote, bien avant les traductions faites à Tolède à partir de textes en arabe. Une antériorité sur laquelle on aurait aimé que l’auteur insistât davantage. Le séjour de Jacques de Venise au Mont-Saint-Michel est contesté par certains historiens. Robert de Torigny, abbé en 1154, témoignera seulement de lui comme traducteur et commentateur vers 1125, mais la présence de ses traductions dans des manuscrits de la bibliothèque d’Avranches n’est sans doute pas due au hasard. La question, au reste, est de peu d’importance : son œuvre demeure et fut largement diffusée, à Chartres, Paris, en Angleterre, à Bologne et à Rome. Jean de Salisbury, dans le <em>Metalogicon,</em> utilise pour la première fois tous les écrits de l’<em>Organon</em>, peut-être dans la traduction de Jean de Venise.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Arabité et islamisme</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le chapitre IV est consacré à la nature de la réception des textes grecs par les arabes musulmans. L’opinion commune leur attribue une appropriation totale du savoir grec. Or l’auteur met de nouveau en garde, comme le fait R. Le Coz pour la médecine, contre la confusion entre arabité et islamisme. Le « <em>monde musulman</em> », alors dominant, comportait beaucoup de savants chrétiens, juifs, sabéens, parmi lesquels nombreux étaient des Arabes, arabisés, Persans convertis. Or auparavant les Arabes furent mis en contact dès l’époque ummayyade avec le monde grec et lui furent hostiles. Une grande partie de l’élite byzantine prit la fuite. S’il n’est pas démontré que le calife Umar II a lui-même ordonné l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, du moins est-ce bien lui qui mit un terme à l’enseignement des sciences dans cette ville, « <em>décision tout à fait conforme à ce que l’on connait du personnage</em> » (R. Le Coz). La destruction de centres de culture aussi célèbres que le Mont Athos, Vatopédi, les raids incessants lancés par les califes en Sicile, au Mont-Cassin, à Rome et jusqu’au nord de la Gaule, aux VIII et IXe siècles, suffisent, dit l’auteur, à « <em>démontrer le peu de goût des peuples musulmans pour la civilisation greco-latine</em> ». Quant à la tradition de la « Maison de Sagesse », qui aurait regroupé des savants de toutes confessions et toutes disciplines, elle repose sur un texte beaucoup plus tardif rapportant la vision d’Aristote qu’aurait eue en songe le calife Al-Mamun, dont la bibliothèque ne fut ouverte, selon le témoignage d’un Musulman, qu’aux spécialistes du coran et de l’astronomie. L’auteur insiste sur les difficultés d’une traduction du grec en arabe : pour la langue, la pensée, dont les musulmans font passer les mots au filtre du coran, le raisonnement, au service exclusif de la foi. Quant à la médecine, R. Le Coz a démontré (dans <em>Les médecins nestoriens. Les maîtres des Arabes</em>, Paris, L’Harmattan, 2003) que l’Islam n’a rien apporté. En philosophie, la logique aristotélicienne, passée au tamis du néoplatonisme, ne fut appliquée, par le mouvement de la <em>Falsafa</em>, que pour une exégèse rationnelle du Coran.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Averroès, islamiste pur et dur</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le parti le plus orthodoxe de l’Islam prit, à partir du IXe siècle, un aspect guerrier, contre la Trinité des chrétiens et le Dieu vengeur des Juifs. Son meilleur représentant est Averroès, médecin et juriste, qui prêcha à Cordoue le djihad contre les chrétiens : pour lui, l’étude de la <em>Falsafa</em> doit obéir aux principes de la chari’a (loi religieuse). De plus, la philosophie doit être interdite aux hommes du commun. Averroès, élitiste, ne fut ni athée ni tolérant. Pour ce qui est de la science politique, jamais l’Islam n’eut recours au système juridique greco-romain. La <em>« Politique »</em> d’Aristote ne fut jamais traduite en arabe : elle leur fut totalement étrangère. L’Islam n’a retenu des Grecs que ce qui leur était utile et ne contrevenait aux lois du Coran : sciences naturelles et médecine, tandis que la théologie chrétienne fut peu à peu pénétrée par la philosophie qui l’amena à évoluer.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Deux civilisations, deux cultures</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Au dernier chapitre, l’auteur soulève la question de l’ouverture de l’Islam aux autres civilisations. Sauf quelques rares exceptions, ce ne fut, pendant tout le moyen-âge, qu’un long face à face de deux mondes radicalement différents, le plus souvent opposés. Comme nous le rappelle R. Le Coz, les Arabes conquérants ont toujours dédaigné apprendre la langue des pays conquis, puisque leur propre langue était celle de Dieu lui-même, celle de la Révélation. Evoquant la scission en Méditerranée, opérée par l’Islam, entre l’Occident et Byzance, et l’orientation consécutive de l’Europe vers le nord, l’auteur aurait pu invoquer aussi l’origine ethnique des Francs, qui marqua fortement les changements culturels. Pour une étude comparative dans le domaine de la transmission de l’une et l’autre culture, il est évident que l’Islam n’est pas un espace défini, que ces peuples auraient occupé pour s’y fondre, mais une culture fondamentalement religieuse, constituée par conquêtes successives, dans laquelle la politique et le droit (fiqh) dépendent strictement de la religion. En outre, les longs siècles de conflits violents étaient peu compatibles avec des échanges scientifiques. Il est tout aussi indéniable que le Christianisme est né et plonge ses racines dans un univers grec. L’usage de la liturgie grecque à Saint-Jean du Latran comme dans les grandes abbayes de Germanie et de France, de toute antiquité et pas seulement à partir du XIIe siècle, en est une preuve irréfutable. Deux civilisations fondées sur des religions contradictoires à vocation universelle ne pouvaient s’interpénétrer, à moins que l’une s’impose à l’autre, comme ce fut le cas pour l’Egypte et le Maghreb. C’est pourquoi, conclue l’auteur, une culture, stricto sensu, peut à la rigueur se transmettre, non une civilisation.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En conclusion</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Sylvain Gougenheim rappelle que la quasi-totalité du savoir grec avait été traduite tout d’abord en syriaque, puis du syriaque en arabe par les Chrétiens orientaux, ce que confirme R. Le Coz dans le domaine médical : « <em>comment les Arabes ont-ils pu connaître et assimiler cette science qui leur était étrangère…il a fallu des intermédiaires pour traduire les textes de l’Antiquité et initier les nouveaux venus à des techniques dont ils ignoraient tout. Les intermédiaires nécessaires ont été les chrétiens, héritiers de Byzance, qui vivaient dans le monde soumis à l’Islam et qui avaient été arabisés</em> ». Quant aux occidentaux, outre leur propre tradition de savoir grec, ils bénéficièrent aussi de l’apport de ces chrétiens grecs et syriaques chassés d’orient, de l’Ecole d’Alexandrie, comme le confirment les études de J. Irigoin. Toutes ces données, solidement étayées, autorisent l’auteur à inscrire les racines culturelles de l’Europe dans le savoir grec, le droit romain et la Bible.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’annexe 1, qui fait, semble-t-il, couler beaucoup d’encre, est consacré au livre de l’orientaliste Sigrid Hunke, « <em>Le Soleil d’Allah</em> », polémique s’il en est, qui occupe, comme celui de M. Detienne, peu de place dans le débat dans la mesure où cet écrit, faisant écho à une idéologie aujourd’hui en vogue, n’est mû que par des arguments passionnels, voire racistes : il est donc sans intérêt.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’héritage grec a été transmis à l’Europe par voie directe</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, comme son titre l’indique, s’attache à démontrer que l’héritage grec a été transmis à l’Europe par voie directe, indépendante de la filière arabo-musulmane, tout en reconnaissant à la science musulmane la place qui lui est historiquement et chronologiquement due. Le livre est, avouons-le redondant, prolixe, parfois touffu. Partant de l’opinion commune, la démonstration se perd dans des excursus et des retours en arrière trop longs, des synthèses aussitôt reprises dans le détail, dans lesquels le lecteur a parfois du mal à retrouver le fil conducteur. L’auteur a voulu, de toute évidence, étant donnée la sensibilité du sujet, apporter le maximum de preuves à des faits qui, pour la plupart, sont irréfutables. L’ouvrage présente, il est vrai, un foisonnement cotoyant parfois la confusion. Certaines argumentations en revanche auraient mérité un plus grand développement, par exemple sur la science biblique, les Pères grecs et latins, l’Ecole d’Alexandrie. Cette étude a donc suscité de violentes polémiques, largement relayées par l’historien philosophe allemand Kurt Flasch, signataire d’une pétition la condamnant, mais reconnaissant aussitôt que « <em>depuis 1950 la recherche a établi de façon irréfutable la continuité des traditions platonicienne et aristotélicienne. Augustin était un fin connaisseur du néoplatonisme qu’il ne distinguait pas du platonisme. Donc, le socle grec de la culture européenne et occidentale est incontestable</em> ». Alors, où est le problème, et pourquoi cette polémique ? Elle repose, nous l’avons dit, sur plusieurs malentendus : la confusion entre « arabe » et « musulman », la notion de « racines », qui renvoie essentiellement aux hautes époques, l’absence de distinction nette entre la connaissance d’Aristote et celle de l’ensemble du savoir grec. Les musulmans abbassides promurent en leur temps et à leur tour la tradition grecque dans certaines disciplines, essentiellement scientifiques. Nulle part l’auteur ne nie que l’Islam ait conservé et fait progresser ces disciplines, cependant toujours passées au filtre du Coran, dont l’Occident a ensuite bénéficié. Cet ouvrage est un travail de grande synthèse, on ne peut lui demander d’être, dans tous les domaines, à la fine pointe de la bibliographie, laquelle est d’ailleurs sélective. Il présente, quant à la forme, quelques irrespects concernant les règles éditoriales, fautes vénielles dont nul ne peut prétendre être exempt. Quant au fond, les preuves apportées sont nécessaires et suffisantes. Celle que l’on pourrait y ajouter est fournie par la longue fréquentation des manuscrits médiévaux, et mieux encore, le fichier du contenu des bibliothèques médiévales d’occident, élaboré par A. Vernet tout au long de sa carrière et aujourd’hui déposé à l’Institut de Recherche et d’Histoire des textes : on peut y constater qu’en effet la culture européenne ne doit pas grand’chose à l’Islam.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Il faut reconnaître à Sylvain Gouguenheim le mérite d’être allé à contre-courant de la position officielle contemporaine, d’avoir fourni aux chercheurs un gros dossier qui décape les idées reçues : une étude vaste, précise et argumentée, qui fait preuve en outre d’un remarquable courage.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Françoise Houël Gasparri<br /> Chartiste, médieviste<br />Auteur de nombreux ouvrages, dont notamment :<br /> <em>Crimes et Chatiments en Provence au temps du Roi René , Procédure criminelle au XVe siècle,</em> Paris, éditions Le Léopard d’or, 1989 ; <em>Un crime en Provence au XVe siècle</em>, Paris, Albin Michel, 1991</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Correspondance Polémia – 28/06/2010</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Les intertitres sont de la rédaction.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Voir : «</strong></span></span></span></span> <a href="http://www.polemia.com/article.php?id=1658"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le retour à l’identité</strong></span></span></span></span></a> <span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>»</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Sylvain Gouguenheim, <em>Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne.</em> Paris, Le Seuil (l’Univers historique), 2008, 285 pages<em>.</em></strong></span></span></span></span></p><p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><em></em></strong></span></span></span></span></p><p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><em><br /></em></strong></span></span></span></span></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-16498668992703084742010-06-27T23:31:00.000+02:002010-06-27T23:32:12.451+02:00Phosphore sur Darmstadt<h1> <span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><span style="font-size: x-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"></span></span></span></span></span><span style="font-size: small; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><em>Témoignage du Lieutenant-Colonel Christiaan Hendrik Turcksin, commandeur de la “Flak-Brigade” flamande</em></span></span></strong></span></span></h1> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><i><strong><span style="text-decoration: underline;"><br /></span></strong></i></span></span></p><p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><i><strong><span style="text-decoration: underline;">Pour comprendre ce texte</span> : Christian Hendrik Turcksin, figure étonnante du Brabant flamand, ancien comédien des rues, tenancier de taverne, nationaliste flamand par une sorte d’anarchisme naturel, s’engage dans la Luftwaffe de Goering dès 1940, et recrute plusieurs milliers d’hommes pour la force aérienne allemande, dont beaucoup de rampants, de troupes destinées à surveiller et défendre les aérodromes et à servir les batteries anti-aériennes de la “FLAK”. Ces troupes flamandes participeront à l’occupation des départements du Nord de la France, jadis annexés par Louis XIV. Dans ce recrutement, il aurait eu l’appui tacite de l’établissement belge, qui lui a fourni un cadre d’officiers compétents, avec la promesse de le défendre en cas d’une victoire alliée et d’un putsch communiste simultané. Les soldats de Turcksin se battront après septembre 1944 sur le front occidental (et non pas sur le front de l’Est!) et seront chargés de défendre, avec leurs camarades allemands, les villes du pays de Bade et la vallée du Neckar, notamment contre les armées de Leclerc. Turcksin sera arrêté et torturé par les Américains (la description des “interrogatoires” qu’il a subis est hallucinante!) puis livré à la Belgique qui le condamnera à perpétuité et le libèrera après 13 ans de détention. Mais en occultant soigneusement sa saga, pour qu’elle ne jette pas le trouble dans le bon peuple. Turcksin finira ses jours en Allemagne, dont il obtiendra la nationalité. Il a laissé des mémoires aux Archives Fédérales de Bonn. Le livre (références infra) tiré de ces mémoires, et paru chez l’éditeur De Krijger, a été composé par l’un de ses anciens officiers, issu du mouvement flamand et non pas de l’armée belge, l’historien Jos Vinks, aujourd’hui décédé. Ce livre désormais accessible au grand public aurait recelé une véritable bombe à retardement pour l’établissement il y a une ou deux décennies. Aujourd’hui, l’amnésie est généralisée et la confusion est totale. Donc on peut sans crainte révéler une partie des mémoires de ce phénomène inclassable que fut Turcksin.</strong></i></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’offensive von Rundstedt avait échoué. Les bombardements sur les villes allemandes ne cessaient d’augmenter. Cela devenait de plus en plus une pure boucherie, dont était victime la seule population civile, des vieillards, des femmes et des enfants. Ces bombardements frappaient des villes sans importance militaire (comme Dresde), que l’on rasait sans hésiter. En plus, les chasseurs mitraillaient les routes, les villages, les champs et canardaient tout ce qui bougeait : un paysan sur son champ, une femme à vélo qui partait faire ses emplettes, des enfants qui se rendaient à l’école.</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>A cette époque-là, j’étais contraint de voyager régulièrement entre Wiesbaden et Germersheim et ces trajets étaient de plus en plus dangereux, à cause des chasseurs alliés qui survolaient le pays en rase-mottes. La “Flakbrigade” flamande ripostait de son mieux et récoltait des louanges pour ses actions. Pour protéger la population civile contre les “jabos” [chasseurs-bombardiers légers des forces alliées, de type “Typhoon” ou “Thunderbolt”, ndlr], nos batteries lourdes avaient reçu en renfort des pièces anti-aériennes à trois tubes, qui provenaient de la marine: on les avait démontés de leurs navires de guerre.</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La chose la plus horrible que j’ai vécue à cette époque-là de la guerre, fut bel et bien le bombardement de Darmstadt. Pour échapper au danger permanent que représentaient les “jabos”, nous effectuions nos plus longs trajets de nuit. Ce jour-là, en m’approchant de Darmstadt par l’autoroute, une sentinelle me fait signe de m’arrêter, juste avant la sortie vers la ville. L’alerte maximale venait juste d’être donnée. Il n’a pas fallu longtemps pour voir, depuis l’autoroute, à cinq kilomètres de la ville, le déclenchement de gigantesques incendies. D’un coup, le ciel est passé par toutes les couleurs: bleu azur, jaune verdâtre, toutes les nuances de l’arc-en-ciel; il faisait si clair qu’on pouvait presque lire le journal.</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>“C’est du phosphore que lancent ces bandits” me dit alors un homme appartenant à la Croix-Rouge. “Et cela sur une ville où il n’y a que des hôpitaux”. “Il n’y a pas d’industrie, pas d’unités de l’armée”. “Maintenant, ajouta-t-il, vous devrez rester pour aider, avec votre voiture”. “Afin de conduire les blessés à Heidelberg. Ce n’est que là qu’on peut aider ceux qui ont été touchés par le phosphore”. Dès la fin de l’alerte, je me suis rangé dans la colonne de voitures qui suivait le véhicule de la Croix-Rouge. Nous n’avons pas pu aller plus loin que la gare. L’asphalte de la rue brûlait et dégageait des couleurs vives: du rouge, du vert, du jaune. Des frissons d’horreur me secouaient quand j’entendais hurler les femmes et les enfants: tous ceux qui ont entendu de tels cris s’en sont souvenu toute leur vie durant. Quant à ceux qui ont ordonné et fait exécuter un tel massacre, ils ne méritent plus le nom d’homme: ce sont des démons. Certains sont fiers d’avoir participé à ces massacres: où est leur conscience? Disent-ils, eux aussi, qu’ils n’ont fait qu’exécuter les ordres?</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>On désigna, pour monter dans ma voiture, une femme qui portait un enfant et tenait une petite fille par la main. Ils hurlaient de douleur. Ce n’était plus des cris, mais de véritables hurlements. J’ai demandé à l’homme de la Croix-Rouge s’il n’avait rien pour aider ces pauvres gens. “Non”, me répondit-il, “la seul chose possible, c’est de procéder à l’ablation des chairs touchées par le phosphore. Seuls ceux de la clinique universitaire d’Heidelberg peuvent le faire. Voilà pourquoi vous devez vous y rendre le plus rapidement possible”. J’ai roulé au maximum des capacités du moteur, j’ai foncé comme un fou sur l’autoroute. Je peux difficilement exprimer par des mots ce qui se passait sur la banquette arrière de mon véhicule. Pendant de nombreuses années, cette vision m’a poursuivi dans mon sommeil, a hanté mes cauchemars. Pendant le trajet vers Heidelberg, j’ai maudit intensément les responsables de cette horreur sans nom, je leur ai souhaité les pires choses, comme jamais je ne l’avais fait dans ma vie.</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La femme ne cessait de m’implorer: “Monsieur l’officier, finissez-en. N’avez-vous donc aucun sentiment pour la souffrance de mes enfants? Donnez-moi votre pistolet, que je le fasse moi-même, si vous êtes trop lâche!”. Après ce voyage abominable, un médecin m’a expliqué combien douloureuses étaient les brûlures dues au phosphore. C’était dans la clinique d’Heidelberg. Le seul moyen, même s’il paraît extrêmement brutal, est de trancher la chair atteinte. Tenter de la “refroidir” ne sert à rien et rend les douleurs encore plus insupportables. Des brûlés au phosophore se sont jetés à l’eau, pensant soulager leurs douleurs, mais la moitié d’entre eux en sont morts ou sont devenus fous car le mal devenait alors insoutenable. De telles scènes se sont déroulées partout, mais, comme je l’ai appris à ce moment-là, ce fut surtout à Hambourg et à Dresde. “Essayez vous-même”, me dit le médecin d’Heidelberg, “en prenant une alumette, que vous allumez, mais en la tenant contre une partie du corps avant qu’elle ne s’enflamme. Une seule seconde suffit. Vous saurez alors ce que cela signifie d’être arrosé de phosphore”.</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Ensuite, pragmatique, il me dit : “Je vais faire nettoyer votre auto, car il est probable que vous soyez vous aussi brûlé ultérieurement par ce qu’il reste de phosphore dans le véhicule”. Je me suis alors rendu près de ma voiture et j’ai attendu, parce que je voulais savoir ce qu’il était advenu de cette femme et de ses deux enfants. La femme a dû subir une amputation des deux pieds. La fillette qu’elle avait tenue par la main a connu le même sort, parce qu’elle avait marché, elle aussi [sur l’asphalte brûlant sous l’effet du phosphore, ndt]. Le jeune enfant que la mère portait a été amputé du bras droit. L’intérieur de ma voiture était brûlé: le phosphore avait continué lentement à manger la matière, cherchant toujours plus de “nourriture” à engloutir, jusqu’à l’épuisement de sa force diabolique. On a ôté tous les sièges de ma voiture et on les a enduits d’une sorte de pâte. J’ai dû utiliser une simple chaise, dont on avait scié les pieds, comme siège de conducteur!</strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>[Extrait de Jos VINKS, <i>De memoires van Turcksin,</i> Uitgeverij De Krijger, Erpe, s.d., 25 Euro, ISBN 90-7254-747-0].</strong></span></span></p><p style="color: rgb(255, 255, 255);"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong></strong></span></span></p><p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><br /></strong></span></span></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-12040136828459460342010-06-27T10:48:00.000+02:002010-06-27T10:49:26.493+02:00Les méfaits de la globalisation<h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><span style="font-size: x-small;">Archives de Synergies Européennes - 2003</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Louis VINTEUIL :</span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: x-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><br /></span></span></span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">De nos jours l’Europe, sous le masque de cette pâle caricature qu’est l’Union Européenne, est soumise à un processus d’homogénéisation dont les vecteurs et principes capitalistes et militaires sont ceux du « manu-militarisme » et du « manu-monétarisme ». En ce sens, l’Union Européenne constitue un mécanisme régional politico-économique, un maillon dans la chaîne du globalisme qui assoit sa primauté planétaire par le biais d’une cartellisation régionale du monde. Dans cette même direction, les régimes capitalistes ultralibéraux ainsi que les sociales démocraties qui sont en oeuvre dans la plupart des pays européens ne constituent que des mécanismes régulateurs des intérêts du grand capital financier regroupés dans le groupe G7. Les fondements de l’actuelle construction européenne reposent sur un système de valeurs hérité de la Renaissance : anthropocentrisme, conception technicienne et scientiste de la vie, économicisme exacerbé, obsidionalité et biosidionalité technologique qui considèrent la nature humaine comme un produit de consommation illimité. Derrière le bien être matériel universel et la prospérité globale, se cache une stratégie de développement qui n’est en fait qu’une stratégie de violence dont les pivots sont l’égocentrisme, l’anthropocentrisme et la conception de l’existence fondée sur une croissance continue indifférenciée et dont les armes sont l’exploitation illimitée des ressources naturelles et humaines à l’échelle planétaire. Cette stratégie de la croissance continue —et dont le père spirituel est Joseph Retinger— n’est au fond qu’une stratégie de la tension qui aboutit à l’utilisation entropique des hommes et de la nature et devient la forme contemporaine de l’évolutionnisme global high-tech. La première ébauche de cette Europe capitaliste, entamée à Bilderberg dans les années 50 et qui fut teintée d’un certain type de Macartysme américain, sera parachevée par la doctrine de la trilatérale qui fera de l’Europe une corporation, une chasse gardée des oligarchies financières transnationales. L’Europe transformée en un immense supermarché , grande ferme soumise au jeu du marché spéculateur.</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">L’idéologie globale est par essence totalitaire, affectée d’un évolutionnisme pathogène car, par la voie du manu-militarisme et du manu-monétarisme, elle entend effacer et niveler toutes les diversités, les réalités naturelles et plurielles afin de soumettre les peuples aux sacerdoces des lois du monothéisme du marché. Ce manu-militarisme et ce manu-monétarisme ne sont que les moyens pour créer une zone globale de libre échange, dominée par les cartels financiers anglo-saxons. La globalisation ne s’est jamais fixée pour but philanthropique de créer une utopie d’une communauté mondiale pacifique et fraternelle. Elle n’est qu’un processus avancé de libéralisation des marchés, de délocalisation et de dérégulation des économies ainsi qu’un instrument de conquête capitaliste dans la marche au plus grand profit. En voulant contrôler l’évolution de toute forme d’existence, le globalisme engendre une communication socio-culturelle destructive, dont l’uniformisation et le nivellement viennent détruire la communication naturelle génétique.</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">La manipulation mentale généralisée</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Ce qui caractérise la société globale, c’est indéniablement la manipulation mentale généralisée. En effet la société globale est un vaste laboratoire où l’on s’ingénie à créer par le contrôle des esprits une société psycho-civilisée qui, grâce à la génétique, expérimente le clonage d’êtres humains, décervelés et domestiquées. C’est en quelque sorte le remake du « procédé Bokanosky » imaginé par Aldous Huxley dans le « Meilleur des mondes ». Le but est, dans l’esprit d’un Francis Fukuyama , par l’intermédiaire des biotechnologies, d’abolir le temps et les concrétudes naturelles, pour mettre un terme à l’histoire et abolir les êtres humains en tant qu’êtres concrets, pour aller au-delà de l’humain. Par les procédés de manipulation mentale on aboutit dans cette société globale à une nouvelle forme d’esclavagisme moderne. En effet, dans le passage au XXIème siècle, les nouvelles technologies, informatiques et images, bouleversent toutes les données de la vie quotidienne tout comme le champ de toutes les investigations scientifiques. L’écran devient fatal et omniprésent, comme du reste le règne du spectacle et du simulacre. C’est de l’intérieur du monde envahissant des images que peut se voir la manipulation vidéographique, se déployer le règne des artifices et des simulations, se mettre en place une sacralisation nouvelle de l’image et de sa présence. La manipulation mentale dont je parle s’apparente à celle qu’exercerait une secte globale. En effet, il y a une parenté flagrante entre la secte, exigeant le consentement intime à un groupe donné et l’adhésion au marché universel , société à la fois globale et fragmentée en cellules consuméristes rendues narcissiques. La société-bulle des cultes sectaires n’est que le plagiat microsociologique de la secte globale planétaire sommant chacun de devenir un « gentil et docile membre de l’humanité » .</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Comme dans les sectes, la société globale qui se propose d’abolir le temps et l’histoire, sécrète en elle une volonté de suicide collectif refoulée, l’autodestruction étant vécue de manière indolore tel un voyage spirituel vers une autre incarnation. Il s’agit bien d’une nouvelle forme de « Karma »moderne. La révolution technologique, le règne du cyberspace, la révolution numérique, le développement des réseaux électroniques d’information provoquent un syndrome de saturation cognitive. Assommés par un flux continus d’informations et d’images, les individus sont de moins en moins en mesure de penser et de décider, donc finalement de travailler ; étant de plus en plus accablés et abrutis.</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">La cyber-crétinisation</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Nous sommes au coeur de la cyber-crétinisation. La manipulation mentale aboutit de même à la colonisation de l’inconscient et de l’imagination, en tant qu’espace intime onirique, symbolique et archétypale. Le capitalisme traditionnel, qui se contentait jadis de la publicité, s’attaque aujourd’hui aux domaines du rêve, de l’imagination, dans les visions du monde les plus intimes. Cette colonisation de l’imagination s’opère par la diffusion de supplétifs telle la science fiction, prêt-à-porter de l’imaginaire s’adressant aux « étages intérieurs » de l’inconscient, un imaginaire standardisé, pauvre, qui se réduit le plus souvent à des formes bâtardes de vulgarisation, nulles aussi bien sur le plan littéraire qu’intellectuel. Le loisir imaginaire contemporain qui vise à instaurer une société de joie permanente se réduit à une incitation collective à l’achat. La production symbolique, autrefois ajustée à l’évolution des siècles, est devenue frénétique. Le but est ici d’aboutir à une perte d’identité et des capacité réactives. Ainsi la société globale est une vaste techno-utopie à propos de laquelle Armand Mattelart écrit « qu’elle se révèle une arme idéologique de premier plan dans les trafics d’influence, en vue de naturaliser la vision libre-échangiste de l’ordre mondial, la théocratie libérale ».</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Une nouvelle forme de “racisme global”</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"> L’Egoité, l’anthropocentrisme et le scientisme, qui font les fondements évolutionnistes du globalisme, sont les matrices d’une nouvelle forme de « racisme global ». En effet, de part sa politique ultralibérale et les discriminations culturelles et économiques qu’il implique, le globalisme tend à accroître le fossé entre le développement psychologique et social des hommes, lequel ne correspond plus à l’évolution de sa dynamique biologique. Les types classiques de cette nouvelle forme de racisme et d’eugénisme global résultent des nouvelles formes de manipulations génétiques et de clonage qui bouleversent le cours naturel et biologique des hommes alors qu’elles augmentent les disparités culturelles et économiques. Une nouvelle forme de darwinisme social postmoderne apparaît sous les traits de l’ultralibéralisme global qui ne laisse aucune chance aux peuples et aux individus. Une nouvelle forme d’hominisation globale de l’être humain apparaît avec le globalisme par la création et la promotion d’un génotype générique, docile consommateur entièrement conditionné par l’idéologie dominante.</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Cette nouvelle hominisation est à l’opposé de la bio-pluralité des peuples et de la terre qui tend de plus en plus à disparaître. Le globalisme véhicule une conception anthropocentrique de la science alors que la science devrait être biocentrique. D’autre part, le globalisme n’est que l’expression de l’américanisation unilatérale du monde entier, l’américanisme comme universalisme, l’américanisme comme mondialisme, l’américanisme comme néocolonialisme moderne. Au lendemain de la révolution d’octobre, Lénine écrivait « l’impérialisme stade suprême du capitalisme ». Au seuil du troisième millénaire, le capital international fait monter la donne : le globalisme américain devient le stade suprême de l’impérialisme moderne. Avec ce globalisme sensé apporter la prospérité à l’échelon planétaire, on a vu émerger des « villes globales », des « cités globales », lesquelles ont généré un processus de paupérisation croissante qu’on peut qualifier de « bidonvillisation » accélérée à l’échelle du globe.</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">La formule des “3D”</span></span></h2> <h2 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Autrement dit , la fondation du village planétaire creuse davantage l’incommensurable fossé entre riches et pauvres. Nouvelle division internationale du travail, nouveaux conflits sociaux, capital spéculatif à 90%, voilà le nouveau visage de l’exploitation capitaliste des grands groupes multinationaux. En réalité ce qu’on entend par “mondialisation”, c’est la généralisation du système capitaliste à tous les Etats de la planète. Le « laisser faire, laisser passer », cher à A. Smith, s’est mué en un nouveau slogan qui charrie le démantèlement des barrières douanières, la suppression de toutes sortes de contraintes au libre déplacement des capitaux tout en exigeant la « non ingérence » des Etats dans la régulation des économies. « Tout ce que l’Etat peut faire, c’est ne rien faire », claironnent les mondialistes. D’où la formule des 3 D qui se trouve consacrée de plus en plus : désintermédiation, déréglementation et décloisonnement. La mondialisation a créé un vaste horizon économique qui reste à peu près vide sur le plan symbolique et qui s’offre dès lors à l’imagination utopique. Néanmoins on assiste paradoxalement au déclin de l’américanité comme utopie, espace de rêve et de remplacement. Plusieurs données supportent un constat d’échecs des grandes utopies américaines : la démocratie radicale, le melting pot, les mythes latino-américains indigénistes de l’hybridation ou du métissage biologique d’où devait résulter une race supérieure, sont tous autant d’utopies qui n’ont pas trouvé de traduction dans le domaine social et économique et auxquelles se sont substitués les modèles de ghettoïsation raciale et ethnique. L’idéologie globaliste est en fait un processus de falsification négative et perfide du monde.</span></span></h2>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-86340840276394288272010-06-21T08:32:00.001+02:002010-06-21T08:33:53.823+02:00Les paganismes de la nouvelle droite<a href="http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/44/26/49/PDF/these_stephane_francois_-_Les_paganismes_de_la_Nouvelle_Droite_-1980-2004-.pdf"><br />http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/44/26/49/PDF/these_stephane_francois_-_Les_paganismes_de_la_Nouvelle_Droite_-1980-2004-.pdf</a>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-8695777963314006092010-06-21T05:15:00.001+02:002010-06-21T05:17:54.977+02:00Un livre fondamental Christian Bouchet<span style="color: rgb(255, 255, 255);">Les éditons Avatar, annoncent la parution proche d’Imperium le maître livre de Francis Parker Yockey (1917-1960), soixante années après sa publication originale. Comme quoi, il faut parfois du temps pour qu’une œuvre politique fondamentale fasse son chemin.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">En 1946, Yockey était arrivé en Allemagne et avait découvert l’œuvre des « libérateurs » : des dizaines de villes allemandes « nettoyées » à coup de bombes au phosphore (six cent trente mille morts civils, selon l’estimation la plus faible), seize millions d’Allemands expulsés de leurs foyers en Europe de l’Est (le plus grand nettoyage ethnique de l’Histoire, jamais égalé, et jamais dénoncé), les exactions commises contre la population civile allemande en 1945-48, les prisonniers de guerre allemands exterminés par la famine, par centaines de milliers, dans les camps américains et français, où la Croix-Rouge n’avait pas le droit d’intervenir. Et le début d’application du sadique plan Morgenthau destiné à transformer l’Allemagne en pays agricole, sans tenir compte des conséquences mortelles pour une grande partie de la population.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Yockey, personnalité sensible, passionnée, idéaliste, romantique, exaltée même, fut marqué pour la vie par ce spectacle terrible et jura de se consacrer corps et âme à la lutte contre l’Amérique et pour la renaissance de l’Europe. Son premier acte important fut de se retirer dans un coin reculé de l’Irlande, et d’écrire en six mois les six cent pages d’Imperium. Le message essentiel du livre est une condamnation définitive de la civilisation libérale marchande, et l’annonce quasi-prophétique d’un futur Imperium européen et d’une régénération de l’Occident selon un modèle autoritaire.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">L’ouvrage ne passa pas inaperçu Julius Evola en fit un commentaire approfondi, et le célèbre historien militaire britannique Liddell Hart en fit une critique favorable. En France Maurice Bardèche l’apprécia tant qu’il en fit une traduction qui ne fut pas publiée mais qu’il fit circuler sous forme ronéotée.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Durant les années suivantes, Yockey développa et affina ses conceptions dans une série de textes, souvent extrêmement radicaux, mais comportant aussi des vues d’une clairvoyance remarquable, et des idées révolutionnaires pour l’extrême-droite de l’époque. L’un des premiers, Yockey prôna l’abandon total des vieux nationalismes du XIXème siècle, et appela à l’unité de l’Europe (« depuis les promontoires de Galway jusqu’à l’Oural ») autour d’un fort noyau germanique, avec la participation éventuelle de la Russie, vue comme un allié potentiel à partir de 1952. L’un des premiers, il comprit que les Etats-Unis et leur modèle de société étaient beaucoup plus dangereux que l’URSS pour l’identité européenne. Ces thèmes furent plus tard brillamment développés par Alain de Benoist et les théoriciens de la Nouvelle droite française (« l’URSS meurtrit les corps, l’Amérique tue les âmes »). Yockey n’hésita pas à établir des contacts avec le Bloc de l’Est, assistant au procès de Prague en 1952 (ce qui lui valut la révocation de son passeport par le Département d’Etat US). Il s’engagea ensuite en faveur du mouvement neutraliste et tiers-mondiste (né à Bandung en 1955), n’hésitant pas à se rendre en Egypte où il rencontra Nasser et Anouar el-Sadate pour lesquels il travailla quelques temps. Dans un activisme forcené, il parcourut le monde, véritable « commis voyageur en subversion », allant finalement jusqu’à Cuba avec l’intention de rencontrer Fidel Castro, bête noire des Etats-Unis à cette époque. Nul doute que le FBI ait été particulièrement irrité par ce dernier épisode, qui s’ajoutait à beaucoup d’autres. Quelques mois après cette visite à Cuba, il fut arrêté avec un faux passeport sur le territoire américain (« Ce n’est pas un petit poisson, c’est un homme qui nous intéresse beaucoup, beaucoup », déclara alors un représentant du FBI), et il se « suicida » dans sa cellule quelques jours plus tard.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Par sa vie passionnée, par sa mort mystérieuse, par son livre prophétique, Yockey est entré dans le mythe. Américain « apostat », il a eu une influence indéniable sur le courant euro-nationaliste, influence qui se retrouve chez le théoricien belge Jean Thiriart, dans la Nouvelle droite française, chez le philosophe russe Alexandre Dougine et sa mouvance « eurasiste » (car Yockey est bien connu en Russie), et dans tout le courant nationaliste révolutionnaire en général. A l’époque où il vivait, les idées de Yockey n’eurent que très peu d’impact et furent mêmes perçues comme une provocation par l’extrême-droite conservatrice, anti-communiste et pro-américaine. Au contraire, aujourd’hui, après la réunification allemande et la chute de l’URSS, avec la montée en puissance du mondialisme et du Nouvel ordre mondial, elles deviennent de plus en plus actuelles. Dans un monde où seules compteront les unités d’au moins trois cent millions d’hommes, l’unité véritable de l’Europe – et non pas l’Union européenne - est de plus en plus nécessaire et urgente (cela est d’ailleurs valable aussi bien pour l’Europe que pour le monde arabe et l’Amérique du Sud). Le rapprochement Europe-Russie devient lui aussi inéluctable et ouvre la voie à un futur grand ensemble continental et impérial (mais pas « impérialiste »). Avec le militarisme US et le pacte d’acier américano-sioniste sur fond de prophétisme biblique, la désignation de l’« ennemi principal » faite par Yockey est plus que jamais valable.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">C’est dans cette perspective qu’il faut placer les écrits de Yockey, et sa prophétie de l’Imperium. Quelles qu’aient été ses outrances – indéniables –, cet Américain a été un grand patriote européen. C’est pour cela qu’il convient de le lire.</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">notes</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Imperium. La philosophie de l’histoire et de la politique</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Prix : €39,00</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Auteur[s] : Francis Parker Yockey</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Éditeur : Avatar Éditions</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Date de Parution : 10/2008</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Pages : 424</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Collection : Heartland</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Dimensions (cm) : 14,85 x 21</span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">ISBN/EAN : 9780955513275</span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Disponible chez librad.com france </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">A lire aussi Le Prophète de l’Imperium, recueil de texte de et sur Yockey. </span>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-85917123840264597212010-06-19T13:53:00.001+02:002010-06-19T13:54:45.388+02:00Alaxandre Douguine et la droite radicale française<strong><span style="color: rgb(255, 0, 0);">Par Stéphane François</span></strong> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Docteur en histoire des sciences et en science politique, Alexandre Douguine est actuellement considéré comme le principal idéologue de la Nouvelle Droite russe (mais à prendre dans un sens très différent de la Nouvelle Droite ouest-européenne), avec Geïdar Djamal, le fondateur du Parti de la renaissance islamique. En effet, Douguine, dès le début des années quatre-vingt-dix, s’est rapproché de la Nouvelle Droite française au point d’être considéré par le spécialiste de la Nouvelle Droite, Pierre-André Taguieff, comme l’« initiateur à Moscou d’un réseau « Nouvelle droite » ». Il s’agit aussi et surtout du principal théoricien du néo-eurasisme, un concept géopolitique en vogue à Moscou<span id="more-964"></span>. Toutefois, son eurasisme diffère « radicalement de celui des penseurs qui lui ont donné son nom »<a name="_ftnref1" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn1">[1]</a>, c’est-à-dire de l’eurasisme pensé dans les années vingt par les intellectuels de l’émigration russe. Douguine est un ancien responsable du parti national-bolchevique de 1994 à 1998. Il animera, après son départ, l’association historico-religieuse Arktogeïa. Au début des années 2000, Douguine s’est rapproché de Vladimir Poutine, avec la création du mouvement Eurasia qui deviendra un parti en avril 2001.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Comme l’a montré Marlène Laruelle<a name="_ftnref2" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn2">[2]</a>, Alexandre Douguine a synthétisé au sein d’une pensée complexe, parfois déroutante, des éléments hétérodoxes allant de l’ésotérisme à la philosophie politique. Des proportions diverses de principes géopolitiques, de références à la notion d’« Empire » et des éléments de métaphysique, en particulier d’ésotérisme, y sont visibles, ainsi que des références plus précises à Karl Haushofer, Ernst Niekisch, Carl Schmitt, Jean Thiriart, Julius Evola, René Guénon ou Jean Parvulesco. Cette synthèse, pour le moins originale, a intéressé dès le début des années 1990 diverses tendances de la droite radicale française. Favorables ou défavorables, ces diverses tendances n’ont jamais été indifférentes aux idées défendues par l’idéologue russe.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>Les Idées politico-ésotériques d’Alexandre Douguine</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">La pensée d’Alexandre Douguine est fortement influencée par les idées slavophiles de l’Église orthodoxe, c’est-à-dire Moscou en tant que « Troisième Rome ». Mais elle est aussi beaucoup influencée par les textes des ésotéristes traditionalistes antimodernes occidentaux comme René Guénon<a name="_ftnref3" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn3">[3]</a> et Julius Evola<a name="_ftnref4" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn4">[4]</a>, malgré le fait qu’Evola méprisait profondément les peuples slaves. Il traduira d’ailleurs en 1982 <em>Impérialisme païen</em> de Julius Evola, publié initialement en 1928<a name="_ftnref5" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn5">[5]</a> qui sera diffusé sous forme de samizdat et qui reste le texte le plus « antislave » de l’Italien. Dans un entretien Douguine dira qu’il a traduit le seul texte d’Evola qu’il connaissait : l’exemplaire d’<em>Impérialisme païen</em> de la bibliothèque Lénine.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Ces auteurs ont théorisé durant la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle l’idée d’une « Tradition », avec un « T » majuscule, qui renvoie à la notion ésotérique de « Tradition primordiale ». Cette expression est apparue sous la plume de René Guénon qui affirma l’existence d’une « Tradition primordiale », dont tous les courants ésotériques, franc-maçonnerie comprise, et traditions religieuses en général ne seraient que des formes dégradées plus ou moins reconnaissables. Ces deux auteurs ont en outre théorisé l’idée d’une origine hyperboréenne de la « tradition », dans un sens racialiste chez Evola. En effet, Julius Evola se passionna durant la Seconde Guerre mondiale pour les études raciales. Mais surtout, Evola serait considéré aujourd’hui, selon Philippe Baillet, l’un des meilleurs connaisseurs de la pensée évolienne, « comme un auteur sinon « négationniste », du moins fortement « révisionniste » »<a name="_ftnref6" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn6">[6]</a>. Toutefois, la « Tradition », selon la pensée traditionnelle, n’est que très secondairement d’ordre politique car elle est essentiellement et fondamentalement d’ordre spirituel et métaphysique.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Alexandre Douguine a donc mêlé ses thèses géopolitiques et son eurasisme non seulement à des références ésotériques, en particulier à des références à Hyperborée<a name="_ftnref7" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn7">[7]</a> et à la doctrine des races de la fondatrice de la Société théosophique, Helena Petrovna Blavatsky, mais aussi à des spéculations ésotérico-politiques, inspirées des spéculations fécondes de l’écrivain français d’origine roumaine Jean Parvulesco<a name="_ftnref8" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn8">[8]</a>. Mais, contrairement aux thèses « classiques » associant Hyperborée et nordicisme, Douguine affirme qu’Hyperborée se situait en fait en Russie septentrionale, adaptant au monde russe les idées des aryosophes allemands et autrichiens du début du XX<sup>e</sup> siècle<a name="_ftnref9" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn9">[9]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Douguine reconnaît d’ailleurs sans aucune difficulté son appartenance à l’école « traditionnelle » : lors de son intervention au XXIV<sup>e</sup> colloque du GRECE, la principale structure de la Nouvelle Droite, que nous définirons ultérieurement, il précise d’entrée de jeu qu’il « fonde [son] appréhension du monde sur les travaux de René Guénon et de Julius Evola »<a name="_ftnref10" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn10">[10]</a>. Mais paradoxalement, il reste ouvert aux idées politiques et philosophiques occidentales, « modernes » dans la logique traditionaliste, qu’il tente d’acclimater à l’environnement politico-culturel russe<a name="_ftnref11" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn11">[11]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Parmi les idées occidentales intéressant au plus au point Alexandre Douguine, nous trouvons celles de la « Révolution Conservatrice » allemande, en particulier le national-bolchevisme d’Ernst Niekisch, ainsi que les thèses développées dans les années 1960 par le théoricien radical belge Jean Thiriart. Succinctement, la « Révolution conservatrice » allemande peut être présentée de la façon suivante : c’était un courant de pensée, avant tout culturel, qui s’était développé en Allemagne entre 1918 et 1933 en opposition à la République de Weimar. Nous pouvons distinguer cinq principaux clivages en son sein : les <em>völkisch</em> ; les « jeunes-conservateurs » ; les « nationaux révolutionnaires » ; <em>Bundichen</em> (les « ligueurs ») et enfin, le « mouvement paysan »<a name="_ftnref12" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn12">[12]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">L’autre grand intérêt de Douguine porte sur les idées de Jean Thiriart. Celui-ci était un militant nationaliste-révolutionnaire paneuropéen. Son ambition était de créer un État européen unifié promouvant un système social appelé le « national-communautarisme », non fondé ethniquement. Il souhaitait créer une « Grande Europe » de Reykjavik à Vladivostok. Très hostile aux États-Unis et à Israël (il se disait antisioniste mais non antisémite), Jean Thiriart était favorable à une alliance entre l’Europe et le monde arabe. Ses thèses ont été développées dans son livre <em>Un empire de quatre cents millions d’hommes : l’Europe</em><a name="_ftnref13" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn13">[13]</a>, publié initialement en 1964. Selon des observateurs issus des rangs de la droite radicale occidentale, les thèses de Jean Thiriart ont manifestement influencé la géopolitique « douguinienne », de fortes analogies existant entre le néo-eurasisme de Douguine et le nationalisme paneuropéen de Thiriart. En effet, Douguine, dans un entretien datant de 1995 affirme que l’Allemagne et la Russie seront les puissances suprêmes d’une Eurasie unie qui s’étendra de « Dublin à Vladivostok », paraphrasant ainsi Thiriart.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Alexandre Douguine a donc, au travers de son discours, fait la synthèse entre le nationalisme paneuropéen de Thiriart et la pensée impériale ésotérique et antimoderne de Julius Evola, autre grande référence de certains courants de la droite radicale occidentale. En effet, Douguine reprend à son compte l’idée évolienne d’« imperium » qu’il transforme en « imperium eurasiatique » : « Sa formule gibeline a été claire : l’Empire contre l’Église, Rome contre le Vatican, la sacralité organique et immanente contre les abstractions dévotionnelles et sentimentales de la foi implicitement dualistes et pharisiennes. [...] Pour le traditionaliste orthodoxe, la séparation catholique entre le Roi et le Pape n’est pas imaginable et relève de l’hérésie, appelée précisément « hérésie latine ». On retrouve dans cette conception russo-orthodoxe l’idéal purement gibelin où l’Empire est tellement respecté théologiquement qu’on ne peut pas imaginer l’Église comme quelque chose d’étranger et isolée de lui. »<a name="_ftnref14" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn14">[14]</a> Selon les observateurs radicaux cette synthèse permet de donner une dimension mystique et spirituelle à un discours qui ne serait autrement qu’une forme de nationalisme. En effet, ces considérations sont absentes chez Thiriart.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Ces idées pour le moins non conventionnelles soulèvent la curiosité de la droite radicale française. Indépendamment des courants analysés ci-dessous<a name="_ftnref15" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn15">[15]</a>, il est fréquent de les voir discutées sur des sites Internet ou des blogs réfléchissant sur les questions ethniques, géopolitiques ou impériales. Ainsi, Alexandre Douguine a donné récemment un entretien au magazine de la droite nationale, <em>Le choc du mois</em><a name="_ftnref16" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn16">[16]</a>, un entretien répercuté sur le site de l’ancien communiste et nouveau frontiste Alain Soral<a name="_ftnref17" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn17">[17]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Cependant, nous devons dire que nous n’avons trouvé qu’un nombre restreint d’articles issus de publications des diverses tendances de la droite radicale française concernant Alexandre Douguine et ses idées. Il y a certes un nombre important d’articles au début des années 1990, dû à la curiosité suscitée par les thèses « douguiniennes ». Ensuite, le nombre diminue considérablement pour augmenter de nouveau au début des années 2000. Nous avons constaté aussi que la majorité des textes publiés sur Internet ne sont en fait que des mises en lignes d’articles précédemment publiés dans d’obscures revues militantes, Internet offrant une meilleure diffusion que la presse écrite et confidentielle des groupes radicaux.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>Le Traditionalisme d’extrême droite</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Le traditionalisme dont nous allons parler est un traditionalisme bien précis, car foncièrement politique. En effet, le traditionalisme possède une tendance minoritaire d’extrême droite dont le discours mélange traditionalisme et corpus doctrinaux d’autres courants de la droite radicale. Comme l’écrit Pierre-André Taguieff, « Ces courants mêlent les influences « traditionnistes » à d’autres (nationalistes, révolutionnaires-conservatrices, néofascistes, « national-bolcheviques », voire néo-nazies). Ils ont leurs théoriciens nationaux, tels Alexandre Douguine en Russie, Derek Holland ou Michael Walker en Grande-Bretagne, Claudio Mutti en Italie<a name="_ftnref18" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn18">[18]</a>. » De fait, selon Bernice Glatzer Rosenthal, l’extrême droite russe contemporaine est très marquée par les références ésotériques<a name="_ftnref19" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn19">[19]</a>, un point indéniable chez Douguine.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Malgré le fait que Douguine soit considéré comme l’un des principaux théoriciens du traditionaliste ésotérique russe, nous n’avons trouvé que très peu de mentions lui étant consacrées dans les milieux traditionalistes d’extrême droite, à l’exception notable de l’entretien accordé au <em>Choc du mois</em> précédemment cité et recueilli par un traditionaliste de la Nouvelle Droite, Arnaud Guyot-Jeannin. Ces milieux partagent pourtant avec lui un certain nombre de références communes, comme l’islamophilie, en fait un intérêt très fort pour le soufisme, héritée de Guénon et que l’on retrouve par exemple chez le traditionaliste nazifiant italien Claudio Mutti, que Douguine rencontra en 1990. En effet, « En Russie, Alexandre Douguine a associé le traditionalisme guénonien à un nouveau regard « eurasiatique » sur les rapports avec les anciennes républiques soviétiques musulmanes. »<a name="_ftnref20" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn20">[20]</a> Effectivement, Douguine s’est très tôt intéressé aux variantes caucasiennes du soufisme, en particulier le soufisme azéri qui fait référence à une tradition hyperboréenne. De plus, Douguine ajoute, aux deux théoriciens de la « Tradition » que sont Guénon et Evola, la référence au Russe Constantin Leontiev pour qui la « Tradition » est soit orthodoxe, soit islamique. Ce dernier a inspiré manifestement l’islamophilie de Douguine. De fait, le mufti suprême de Russie, Talgat Tadzhuddin, figure parmi les cadres dirigeants d’Eurasia. Cette islamophilie doit être souvent mise en parallèle dans ces milieux avec un antisémitisme persistant. Certains traditionalistes d’extrême droite<a name="_ftnref21" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn21">[21]</a>, comme Mutti, avaient des liens, dans les années 1980, avec la Libye, l’Irak ou l’Iran. Ce courant philo-arabe, à la suite du théoricien italien Franco Freda, incitait au Djihad au nom du combat contre le « plouto-judaïsme ». A l’instar de Freda, auquel il se réfère, Douguine plaide pour une convergence des extrêmes afin de détruire le monde moderne.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Selon Marlène Laruelle, Alexandre Douguine est antisémite. Il rentre donc entièrement dans cette catégorie. Toutefois, selon cette dernière « Dougin développe une pensée complexe, affirmant également qu’Israël est le seul pays à avoir réussi à mettre en pratique plusieurs des principes de la révolution conservatrice dont il se réclame. »<a name="_ftnref22" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn22">[22]</a> De plus, il semblerait qu’un rabbin hassidique, Avrom Schmulevitch, fasse partie du comité directeur d’Eurasia<a name="_ftnref23" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn23">[23]</a>. Mais, contrairement à Guénon, qui affirmait le caractère occidental de la tradition juive<a name="_ftnref24" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn24">[24]</a>, Douguine insiste sur le caractère non indo-européen, opposé à la mentalité indo-européenne et inassimilable du judaïsme<a name="_ftnref25" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn25">[25]</a>. Il donne ainsi à la « Tradition » un caractère antisémite inexistant chez Guénon mais très présent chez Evola : « Le monde de la <em>judaïca</em> est un monde qui nous est hostile. »<a name="_ftnref26" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn26">[26]</a></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>Les Identitaires</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">L’islamophilie affichée de Douguine est à l’origine du rejet des thèses douguiniennes par le courant connu en France sous le nom d’« Identitaires », défendant un ethnocentrisme et une mixophobie radicaux. Douguine est parfois cité dans ces milieux, mais avant tout pour rejeter son islamophilie et la présence de Talgat Tadzhuddin au sein d’Eurasia.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">En outre, malgré une proximité sémantique l’« eurasisme » théorisé par Douguine est fondamentalement différent de l’« Eurosibérie » des Identitaires, théorie qui se structure sur l’aire d’implantation historique des Indo-Européens, c’est-à-dire de la « race blanche », comme le montre les différents articles publiés sur l’ancien site de Terre et peuple<a name="_ftnref27" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn27">[27]</a>. Selon le principal animateur de Terre et peuple, Pierre Vial : « Il est apparu au cours des débats que l’Eurasie prônée par Douguine et l’Eurosibérie prônée par Terre et Peuple sont deux grands desseins sensiblement différents : Douguine propose une Eurasie voisinant en bonne harmonie avec l’Europe occidentale, tandis que Terre et Peuple veut une Eurosibérie qui soit un seul bloc ETHNIQUEMENT HOMOGENE. »<a name="_ftnref28" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn28">[28]</a> En effet, les Identitaires défendent enfin l’idée d’une « guerre ethnique » existant entre, d’un côté, les musulmans et les jeunes des banlieues issus de l’immigration afro-maghrébine et de l’autre, les Européens assiégés et manipulés par des élites mondialistes. Les Identitaires sont en effet persuadés que l’immigration est une colonisation de l’aire « raciale blanche », une « africanisation » de l’Europe, et font preuve en conséquence d’une islamophobie radicale. Malgré ces différences, Alexandre Douguine a été publié dans le nº 67 de <em>Renaissance européenne</em>, la revue de Terre et peuple Wallonie dirigée par Georges Hupin, et est invité à des colloques organisés des groupes identitaires européens aux côtés des responsables français de courant de l’extrême droite.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Enfin, le site de Douguine, Arctogaïa, était référencé dans la catégorie « notre clan » de la revue identitaire, néo-païenne et nationaliste-révolutionnaire <em>Réfléchir & agir</em>. La référence a disparu depuis peu. Douguine leur a donné deux entretiens en 2005 (nº 20, été 2005 et 21, automne 2005). Cependant, il faut prendre en compte que l’équipe éditoriale de cette revue a été renouvelée plusieurs fois.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>La Nouvelle Droite</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Les références à Alexandre Douguine et à ses idées sont plus nombreuses en ce qui concerne la « Nouvelle Droite », tous deux partageant une conception impériale de l’Europe. La Nouvelle Droite est l’une des écoles de pensée les plus intéressantes du paysage politique de la droite radicale française, née à l’automne 1967. Du fait de cette longévité, elle a connu plusieurs renouvellements doctrinaux. Composée de plusieurs courants parfois antagonistes, sa principale structure reste le GRECE (Groupement de Recherche et d’Études pour la Civilisation Européenne) qui refuse les valeurs occidentales. Cependant, son anticonformisme pose le problème de sa classification dans le champ de la science politique. Les Nouvelles Droites allemande, italienne et belge sont apparues dans les années 1970 dans le sillage de la Nouvelle Droite française<a name="_ftnref29" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn29">[29]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Les principaux animateurs de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist et Robert Steuckers, ont été invités par Douguine en 1992. Un voyage qui faisait suite à la participation en mars 1991 d’Alexandre Douguine, avec une intervention sur « L’empire soviétique et les nationalismes à l’époque de la perestroïka », au XXIV<sup>e</sup> colloque du GRECE dont le thème était « Nation et empire ».</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Alexandre Douguine est alors présenté dans <em>Éléments</em>, la revue de la Nouvelle Droite, comme le correspondant du GRECE à Moscou, mais fait significatif, il ne figure pas dans la liste des membres du réseau gréciste, publiée en 2000<a name="_ftnref30" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn30">[30]</a>. Il devient aussi un collaborateur régulier de <em>Vouloir </em>et de <em>Nouvelles de Synergies Européennes</em>, revues révolutionnaires-conservatrices de Steuckers<a name="_ftnref31" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn31">[31]</a>, une collaboration qui durera jusqu’en 2005. D’ailleurs, Douguine était invité en novembre 2006 à intervenir à un colloque sur la mondialisation co-organisé par Synergie Européenne de Steuckers et par l’antenne wallonne du groupe identitaire Terre et Peuple, fondée par d’anciens membres de la Nouvelle Droite.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Les années 1990 voient aussi sa participation épisodique à <em>Éléments</em>. Il est alors proche de la Nouvelle Droite. Il lance alors la version russe d’<em>Éléments</em>, <em>Elementy</em>, qui paraîtra de 1992 jusqu’en 1998. Le choix de ce titre est contesté par Alain de Benoist : « J’ai moi-même dit à Alexandre Douguine que je regrettais qu’il ait choisi de donner au journal qu’il a créé le titre d’<em>Elementy</em>, car j’estimais que ce choix ne pouvait que prêter à confusion (comme cela a déjà été le cas en Allemagne). J’ai également demandé que mon nom soit supprimé du comité de rédaction de ce journal, où il avait placé sans ma permission. »<a name="_ftnref32" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn32">[32]</a> Malgré cela, les textes de Douguine sont épisodiquement recensés par Alain de Benoist. Ainsi dans le numéro 122 d’<em>Éléments</em>, Alain de Benoist écrit que Douguine « [...] avance des vues pénétrantes sur la répartition des forces géopolitiques et spirituelles dans le monde d’aujourd’hui. On n’est certes pas obligé de le suivre dans ses extrapolations les plus aventureuses… » <a name="_ftnref33" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn33">[33]</a> Tandis que dans le numéro 130 de cette même revue, Alain de Benoist considère Alexandre Douguine comme le « principal théoricien actuel de l’eurasisme »<a name="_ftnref34" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn34">[34]</a>. En retour, l’intellectuel français sera invité avec force de publicité en novembre 2008 à prononcer une allocution lors de la « Conférence internationale sur la 4<sup>e</sup><sup> </sup>Théorie politique », organisée par Alexandre Douguine et les animateurs du Mouvement eurasiste international et à donner des cours à la faculté de sociologie l’université d’État de Moscou, l’université Lomonosov.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>Les Nationalistes-révolutionnaires</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">L’année 1992 voit aussi le séjour en Russie de nationalistes-révolutionnaires qui rencontrèrent Alexandre Douguine. Alexandre Douguine devient alors le représentant russe du Front européen de libération, un mouvement nationaliste paneuropéen fondé par différents nationalistes-révolutionnaires européens par le Belge Jean Thiriart, le Français Christian Bouchet, disciple français du précédent, et l’Italien Marco Battara.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Ce rapprochement fait qu’Alexandre Douguine est surtout cité par les nationalistes-révolutionnaires de la mouvance de Christian Bouchet<a name="_ftnref35" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn35">[35]</a>, proche de Douguine depuis le début des années 1990, une proximité facilitée par le fait que les deux possèdent des références communes comme Thiriart, Ernst Niekisch, le théoricien allemand du national-bolchevisme et Julius Evola. Ces nationalistes-révolutionnaires mélangent en effet diverses doctrines et idées : national-bolchevisme, nationalisme européiste, et thèses influencées du traditionalisme antimoderne de Julius Evola. Les éditions Avatar, proches de Bouchet, ont publié deux textes de/sur Douguine en 2006 : <em>La grande guerre des continents</em> et <em>Le prophète de l’eurarisme. Alexandre Douguine</em>. Ce dernier livre est une compilation de 340 pages d’articles et de textes d’Alexandre Douguine permettant au lecteur français de se familiariser au grès des parties avec les différents aspects de la pensée de cet auteur (« Textes idéologiques », « Judaïca », « Métapolitique, métahistoire, conspirologie », « Essais philosophiques », « Entretiens » et « Divers »).</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Cet éditeur publie aussi la revue <em>Eurasia</em> dont un des numéros a été consacré à la « Révolution conservatrice russe » (vol. I, nº 2) largement centré sur Douguine. Bouchet a édité sous forme de brochure <em>Evola et la Russie</em><a name="_ftnref36" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn36">[36]</a> de Douguine. Enfin Douguine a été publié entre 2004 et 2006 sur le site voxnr.com, un site animé par Christian Bouchet : « Palestine et Tradition, notre solution » (un article qui soutient la politique du Hamas) ; « Le fascisme immense et rouge » (un article défendant le « fascisme de gauche ») ; « Limonov le vampire » ; « La terre verte – l’Amérique » ; « La métaphysique de l’Eurasisme » et enfin « La maison commune eurasienne ». À cela, il faut ajouter la publication sur ce site d’une petite dizaine d’articles consacrés à la pensée de Douguine.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Récemment, cette mouvance s’est enrichie du transfuge du parti communiste, Alain Soral, qui s’intéresse lui aussi à la pensée « douguinienne » comme le montre la mise en ligne sur le site Internet de Soral de l’entretien accordé au <em>Choc du mois</em> précédemment cité. Cet intérêt a pu être motivé par le fait que Christian Bouchet, Alain Soral et Alexandre Douguine ont participé à un colloque de la mouvance nationaliste radicale, les « II<sup>es</sup> journées de la dissidence », organisé à Madrid les 9, 10 et 11 novembre 2007.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong>Le Rôle stratégique d’Alexandre Douguine</strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Après ce long inventaire, très descriptif mais nécessaire, dû à la nature même du sujet de cet article, nous devons nous poser la question de l’intérêt de la pensée « douguinienne » pour ces différents courants de la droite radicale française. Cet intérêt pour le néo-eurasisme « douguinien » s’inscrit en fait dans un cadre de réflexion des plus précis, celui du nationalisme européen. En effet, toutes les tendances radicales étudiées dans cet article ont conceptualisé, sous l’influence conjointe là encore de Thiriart et d’Evola, une forme de nationalisme paneuropéen : c’est l’ethnopolitique « eurosibérienne » des Identitaires<a name="_ftnref37" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn37">[37]</a>, le nationalisme-révolutionnaire paneuropéen des nationalistes-révolutionnaires, l’Empire européen des traditionalistes et des néo-droitiers. Au-delà de leurs oppositions respectives, leur but commun est de permettre la mise en place d’un État paneuropéen assez fort pour contrer l’hégémonie américaine, un thème largement développé par Douguine.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Les idées « douguiniennes » ont donc un rôle stratégique pour les différentes tendances radicales précédemment citées : issues de sphères culturelles très différentes (à la fois russes, panslavistes, orthodoxes, soviétiques et post-soviétiques), tout en gardant un certain nombre de références communes (ésotériques, nationalistes-révolutionnaires, révolutionnaires-conservatrices, antisémites) avec les courants précités, les thèses « douguiniennes » offrent de nouvelles pistes de réflexions sur l’élaboration de ce nationalisme européen anti-occidentales.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">Douguine lui-même est stratégique : issu de l’extrême droite contre-culturelle et nationaliste, Alexandre Douguine a fait le choix de la respectabilité publique<a name="_ftnref38" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn38">[38]</a>. Il est devenu ainsi le responsable du « Centre d’études conservatrice » de l’université d’Etat de Moscou. Cependant, il continue de partager, ne l’oublions pas, un certain nombre de thèmes avec l’extrême droite ouest-européenne, qui d’ailleurs le reconnaît toujours comme l’un des siens. Alexandre Douguine offre donc d’une part, une respectabilité russe qui fait défaut à l’extrême droite française et de l’autre, du fait de cette respectabilité, une tribune qui là encore fait défaut à la droite radicale française. Douguine est aussi un exemple : il a réussi ou est en voie de réussir, contrairement à la Nouvelle Droite, son « gramscisme », c’est-à-dire « de réorienter une partie importante de l’élite, qu’elle soit culturelle ou politique, de la Russie post-soviétique vers une nouvelle utopie anti-occidentale ».<a name="_ftnref39" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn39">[39]</a></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">De plus, comme nous l’avons vu auparavant avec le courant identitaire, cette confrontation idéologique incite les différentes tendances radicales à une auto-évaluation de leurs propres concepts, forcément supérieurs à ceux des autres. Cette confrontation permet la mise en place, au-delà des différences et des oppositions, de synergies géopolitiques, au travers l’échange d’idées et le débat. En effet, même si ces différents courants s’opposent violemment entre eux, ils ne cessent pas pour autant de débattre sur la validité respective de leurs idées lors de rencontres internationales, comme celles mentionnées dans cet article. Enfin, malgré les tendances endogamiques à la division, les différents groupuscules de la droite radicale française tentent de nouer des liens avec d’autres structures afin d’affirmer leurs positions. Depuis la chute des régimes communistes, la droite radicale ouest-européenne, et donc française, essaient de se rapprocher de leurs homologues russes. Cela est particulièrement le cas chez les Identitaires et chez les nationalistes-révolutionnaires. Ces derniers sont en effet liés au Parti national-bolchevik dont Douguine était l’un des responsables<a name="_ftnref40" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn40">[40]</a>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);">De cet inventaire, nous pouvons constater plusieurs points. Premièrement, parmi le panorama brossé dans cet article, les plus hostiles aux thèses « douguiniennes » sont logiquement les identitaires en raison de leur islamophobie et les plus favorables sont, tout aussi logiquement, les milieux nationalistes-révolutionnaires dont les idées sont très proches de celles de Douguine. Deuxièmement, les mentions à la pensée de Douguine, sont surtout confinées dans un milieu précis malgré l’aspect d’éclatement. En effet, toutes les catégories citées sont issues de l’une des mouvances de la Nouvelle Droite, en particulier les trois premières de la critériologie établie par Pierre-André Taguieff. Celui-ci a distingué quatre grandes tendances aux rapports conflictuels ayant dominé le GRECE durant les années quatre-vingt : le traditionalisme « évolo-guénonien » ; le néo-conservatisme « moderniste » de ceux qui se réclamaient de la « Révolution Conservatrice » allemande ; le communautarisme ethniste, qui donnera naissance dans les années 1990 aux identitaires ; et enfin le positivisme, voire le scientisme, « où l’on rencontre une exaltation récurrente des « exploits » de la science et de la technique modernes, érigées en méthode de salut<a name="_ftnref41" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftn41">[41]</a> ». La réception des idées d’Alexandre Douguine reste donc encore confidentielle en France et confinée à un milieu précis.</p> <hr style="color: rgb(255, 255, 255);" size="1"> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn1" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref1">[1]</a> M. Gabowitsch, « Combattre, tolérer ou soutenir ? », in M. Laruelle (dir.), <em>Le rouge et le noir. Extrême droite et nationalisme en Russie</em>, Paris, CNRS Éditions, 2007, pp. 94-95.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn2" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref2">[2]</a> Cf. M. Laruelle, « Alexandre Dugin : esquisse d’un eurasisme d’extrême droite en Russie postsoviétique », Revue d’études comparatives Est-Ouest, nº 3, 2001, pp. 59-78, <em>Le rouge et le noir</em>, op. cit., et <em>La quête d’une identité impériale. Le néo-eurasisme dans la Russie contemporaine</em>, Paris, Pétra 2007.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn3" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref3">[3]</a> René Guénon (1886-1951) est une figure importante de l’ésotérisme contemporain. Enseignant, membre de diverses structures occultistes et franc-maçon, il s’en détacha au début du XX<sup>e</sup> siècle pour énoncer son propre système fondé sur le concept de « Tradition primordiale ». Contrairement à ses contemporains, il ne chercha pas à être un chef d’école. Dès ses premiers livres, il rejeta la modernité et le positivisme. Déçu par l’accueil fait à ses travaux dans les milieux catholiques, il partit en voyage en 1930. Il devait gagner l’Inde mais s’installa en Égypte où converti à l’islam, il devint Abdel Wahid Yahia et épousa la fille d’un Cheikh soufi. Il mourut en Égypte en 1951. Il eut une influence considérable à la fois sur les milieux traditionalistes et maçonniques et sur les milieux artistiques et littéraires.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn4" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref4">[4]</a> Aristocrate, artiste, philosophe et historien des religions d’extrême droite italien né à Rome en 1898 et mort en 1974. Evola est un penseur complexe et inclassable. Sa pensée est construite en réaction à l’aristocratie catholique, la tradition chrétienne et le « monde moderne ». Politiquement, Evola se plaçait dans une optique fascisante et européiste. Ses modèles politiques étaient les anciens ordres de chevalerie teutoniques dont il voyait les incarnations modernes dans la légion de l’Archange Michel, du roumain Corneliu Codreanu, dans la Phalange de José Antonio Primo de Rivera ou dans les SS. Julius Evola réarma moralement, dès la fin de la guerre, l’extrême droite italienne, puis la Nouvelle Droite européenne. Il fut même arrêté en 1951 pour avoir impulsé une organisation clandestine, « les faisceaux d’action révolutionnaire ». Par la suite, il se consacrera de plus en plus à la contemplation délaissant l’action. Mais, jusqu’à sa mort, il affinera et radicalisera son discours.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn5" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref5">[5]</a> J. Evola, <em>Impérialisme païen </em>avec un<em> Appendice polémique sur les attaques du parti guelfe</em>, Puiseaux, Pardès, 1993.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn6" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref6">[6]</a> P. Baillet, « Julius Evola face à l’Allemagne et à l’Autriche (1928-1945) : volontarisme, esthétisme et anti-historicisme », H. T. Hansen,<em> Julius Evola et la « révolution conservatrice » allemande</em>, Montreuil-sous-bois, Association « Les Deux Étendards », 2002, p. 17.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn7" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref7">[7]</a> Hyperborée est un continent mythique, de type Atlantide, qui aurait existé au niveau du cercle circumpolaire arctique. Dans la mythologie grecque, le terme « hyperboréen » renvoyait à un peuple, mythique, vivant aux confins septentrionaux du monde connu. Ce mythe était très présent dans la littérature antique et chez des auteurs comme Goethe, chez qui il se confond avec l’Atlantide. À l’aube du XX<sup>e</sup> siècle, certains ésotéristes racistes ont fait de ce continent mythique le lieu de naissance de la race blanche et de la « tradition primordiale », une supposée connaissance transcendantale.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn8" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref8">[8]</a> Sur les idées de Jean Parvulesco, cf. J. Godwin, <em>Arktos. Le mythe du Pôle dans les sciences</em>, <em>le symbolisme et l’idéologie nazie</em>, Milan, Archè, 2000.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn9" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref9">[9]</a> Cf. V. Shnirelman, « Les nouveaux Aryens et l’antisémitisme. D’un faux manuscrit au racisme aryaniste », in M. Laruelle (dir.), <em>Le rouge et le noir</em>, op. cit., pp. 189-224.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn10" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref10">[10]</a> Actes du XXIV<sup>e</sup> colloque du GRECE, <em>Nation et empire. Histoire et concept</em>, Paris, GRECE, p. 27.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn11" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref11">[11]</a> Cf. M. Laruelle, <em>La quête d’une identité impériale. Le néo-eurasisme dans la Russie contemporaine</em>, Paris, Petra, 2007.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn12" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref12">[12]</a> Cf. L. Dupeux (dir.) <em>La Révolution conservatrice dans l’Allemagne de Weimar</em>, Paris, Kimé, 1992 et A. Mohler, <em>La révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932)</em>, Puiseaux, Pardès, 1993.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn13" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref13">[13]</a> J. Thiriart, <em>Un Empire de quatre cents millions d’hommes, l’Europe</em>, Paris, Avatar, 2007.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn14" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref14">[14]</a> A. Douguine, <em>Evola et la Russie</em>, Ars Magna, Nantes, 2006, pp. 5-6.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn15" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref15">[15]</a> Il est utile de préciser que ces courants sont réels mais arbitraires : des personnes peuvent évoluer au sein de plusieurs courants sans se contredire.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn16" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref16">[16]</a> Nº 19, janvier 2008.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn17" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref17">[17]</a> egalité&reconciliation.fr.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn18" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref18">[18]</a> P.-A. Taguieff, <em>La Foire aux illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme</em>, Paris, Mille et une nuits 2005, pp. 264-265.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn19" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref19">[19]</a> Cf. B. G. Rosenthal (ed.),<em> The Occult in Russian and Soviet Culture</em>, New York, Cornell University Press, Ithaca, 1997.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn20" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref20">[20]</a> J.-P. Laurant, http://www.cesnur.org/2007/bord_laurant.htm</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn21" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref21">[21]</a> Il existe un fort courant traditionaliste, « guénonien », qui refuse l’antisémitisme et le racisme et qui combat les traditionalistes d’extrême droite de plusieurs façons (analyses/déconstructions des discours, refus de publier ces personnes, etc.).</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn22" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref22">[22]</a> M. Laruelle « Définir l’objet « nationalisme russe » et sa place dans la Russie contemporaine », in M. Laruelle (dir.), <em>Le rouge et le noir</em>, op. cit., pp. 55-56.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn23" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref23">[23]</a> Non signé (« le traducteur »), « Avant-propos », A. Douguine, <em>Le prophète de l’eurasisme</em>, Paris, Avatar Éditions, 2006, p. 17.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn24" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref24">[24]</a> Pierre-André Taguieff a montré que Guénon avait théorisé un traditionalisme à orientation universaliste dépourvu d’antisémitisme mais pas d’un certain racisme vis-à-vis des cultures sans écritures, en particulier africaines.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn25" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref25">[25]</a> A. Douguine, « Comprendre c’est vaincre », <em>Le prophète de l’eurasisme</em>, op. cit., p. 73.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn26" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref26">[26]</a> Ibid., p. 77.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn27" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref27">[27]</a> Sur Terre et peuple, voir notre article : « L’extrême droite »folkiste » et l’antisémitisme », <em>Le Banquet</em>, CERAP, nº 24, pp. 255-269.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn28" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref28">[28]</a> http://be.altermedia.info/politique/alexandre-douguine-leurasie-et-nous_4593.html.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn29" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref29">[29]</a> Sur la Nouvelle Droite, <em>cf</em>. P.-A. Taguieff, <em>Sur la Nouvelle droite</em>, Paris, Descartes et Cie, 1994, J.-Y. Camus, « La Nouvelle Droite : bilan provisoire d’une école de pensée », <em>La Pensée</em>, nº 345, janvier-mars 2006, pp. 23-33. et S. François, <em>Les néo-paganismes et la Nouvelle Droite (1980-2006). Pour une autre approche</em>, Milan, Archè, 2008.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn30" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref30">[30]</a> GRECE, <em>Manifeste pour une renaissance européenne. À la découverte du GRECE. Son histoire, ses idées, son organisation</em>, Paris, GRECE, 2000, p. 113.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn31" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref31">[31]</a> Le germaniste belge Robert Steuckers, a été le théoricien de la tendance nationale-révolutionnaire de la Nouvelle Droite après le départ de Guillaume Faye. Il quitte le GRECE en 1993, suite à de violents désaccords avec Alain de Benoist, pour créer le groupuscule Nouvelles Synergies Européennes où il défend les thèses d’un nationalisme anticapitaliste paneuropéen teinté de pensée <em>völkisch</em>.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn32" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref32">[32]</a> Cité in P.-A. Taguieff, <em>Sur la Nouvelle droite</em>, op. cit., pp. 311-312.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn33" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref33">[33]</a> A. de Benoist, « L’Eurasie annoncée Par Douguine », <em>Éléments</em>, n° 122, automne 2006, p. 12.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn34" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref34">[34]</a> A. de Benoist, <em>Éléments</em>, n° 130, hiver 2009, p. 17.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn35" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref35">[35]</a> Christian Bouchet est la figure la plus connue du courant nationaliste-révolutionnaire au sein de l’extrême droite française. Docteur en ethnologie, enseignant, spécialiste des nouveaux mouvements religieux, directeur de plusieurs journaux plus ou moins confidentiels et animateur de sites Internet, il est aussi l’éditeur sous différentes enseignes (Ars Magna, Avatar et Éditions du Chaos) de brochures et de livres consacrés aux diverses versions du nationalisme-révolutionnaire mondial, ainsi qu’au traditionalisme évolienne et à l’ésotérisme. Militant depuis le début des années 1970, il a appartenu à toutes les organisations nationalistes-révolutionnaires depuis cette époque, en devenant un dirigeant au milieu des années 1980. Il fut le secrétaire général d’Unité radicale avant d’en partir peu de temps avant la tentative d’assassinat de Maxime Brunerie sur Jacques Chirac en 2002. Adhérent du GRECE de 1982 à 1988, il en est toujours considéré comme un « compagnon de route ».</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn36" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref36">[36]</a> A. Douguine, <em>Evola et la Russie</em>, op. cit.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn37" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref37">[37]</a> S. François « Géopolitique des Identitaires », à paraître.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn38" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref38">[38]</a> A. Umland, « Vers une société incivile », in M. Laruelle (dir.), <em>Le rouge et le noir</em>, op. cit., pp. 165-169.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn39" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref39">[39]</a> Ibid., p. 169.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn40" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref40">[40]</a> M. Mathyl, « Nationalisme et contre-culture jeune dans la Russie de l’après-perestroïka? », in M. Laruelle (dir.), <em>Le rouge et le noir</em>, op. cit., pp. 128-137.</p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a name="_ftn41" href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/blank.htm#_ftnref41">[41]</a> P.-A. Taguieff, <em>Sur la Nouvelle droite</em>, op. cit., pp. 283-284.</p><p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><br /></p><p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><br /></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-60940034474389983882010-06-19T13:31:00.000+02:002010-06-19T13:32:00.347+02:00<span style="font-size: 10pt; font-family: Arial;"><div style="text-align: center;"> <a href="http://francejeunessecivitas.hautetfort.com/media/02/00/124515634.jpg" target="_blank"><img src="http://sn118w.snt118.mail.live.com/mail/SafeRedirect.aspx?hm__tg=http://65.55.81.87/att/GetAttachment.aspx&hm__qs=file%3d145e952e-f8b9-49bd-905e-da4ab8b8a4c0.jpg%26ct%3daW1hZ2UvanBlZw_3d_3d%26name%3dODc5NjEwODYuanBn%26inline%3d1%26rfc%3d0%26empty%3dFalse%26imgsrc%3dcid%253a87961086&oneredir=1&ip=10.13.34.8&d=d686&mf=0&a=01_43c310c2535402fffd94191782dfb7b2d6c1c6a98570d66168ad9087269ba773" title="87961086.jpg" style="border: 0px none rgb(0, 0, 0); width: 420px; height: 595px;" alt="87961086.jpg" height="595" width="420" /></a> </div></span>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-56097174158259182602010-06-19T13:29:00.002+02:002010-06-19T13:30:34.374+02:00Civitas<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhscnJ2Odo2zcmBdFTb4k34_dlocJ_Jzqr7kPXFJ_4wm5mWwHKVK7zI7Z6D5Was-MKvzNY5fNO28eCbzkEZOieVXbUnLTHTrD5zjPyh2yjuei5mFQ0BuWGPtnACgUNTvWb5nNNxqR6jeE4/s1600/544374239.jpg"><img style="display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: center; cursor: pointer; width: 282px; height: 400px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhscnJ2Odo2zcmBdFTb4k34_dlocJ_Jzqr7kPXFJ_4wm5mWwHKVK7zI7Z6D5Was-MKvzNY5fNO28eCbzkEZOieVXbUnLTHTrD5zjPyh2yjuei5mFQ0BuWGPtnACgUNTvWb5nNNxqR6jeE4/s400/544374239.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5484445549094507858" border="0" /></a>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-10954773819151461862010-06-19T11:48:00.001+02:002010-06-19T11:49:58.558+02:00Tradition et réaction: la figure de Julius Evola (boutin)<a href="http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_1146-1225_1991_num_9_1_1039">http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_1146-1225_1991_num_9_1_1039</a>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-60235043594059115072010-06-18T17:55:00.000+02:002010-06-18T17:57:09.802+02:00Oeuvre française<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOLtzUqhWDrliGOAInEiwIZhcocDbX3KklV5vvZbeTQpJFnNXJ-eI0KHeHWLD4QhQMDmUGhREuJNsYjbUMXdF5URIPj_VTNVNkeb8iO-iB66zlyKZMBJwcUvacCnbyodlGEASBQfErXEc/s1600/images.jpeg"><img style="display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: center; cursor: pointer; width: 124px; height: 124px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOLtzUqhWDrliGOAInEiwIZhcocDbX3KklV5vvZbeTQpJFnNXJ-eI0KHeHWLD4QhQMDmUGhREuJNsYjbUMXdF5URIPj_VTNVNkeb8iO-iB66zlyKZMBJwcUvacCnbyodlGEASBQfErXEc/s400/images.jpeg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5484143201159254690" border="0" /></a>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-90901912483026339732010-06-18T17:15:00.001+02:002010-06-18T17:16:36.415+02:00La menace culturelle américaine<div style="text-align: center;"><b style=""><span style="font-size: 18pt; font-family: Police157;" lang="FR" lang="FR"><img src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/1504610313.jpg" alt="mickey_minnie_disneyland_small.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.7em 0pt;" id="media-2513030" /></span></b></div> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><b style=""><span style="font-size: 18pt; font-family: Police157;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Robert Steuckers:</span></span></span></span></span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: x-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><b style=""><span style="" lang="FR" lang="FR">La menace</span></b> <b style=""><span style="" lang="FR" lang="FR">culturelle américaine</span></b></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><em><b style=""><span style="" lang="FR" lang="FR">Discours prononcé à l'Université de Louvain,</span></b> <b style=""><span style="" lang="FR" lang="FR">le 16 janvier 1990</span></b></em></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"> </span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Lorsque nous examinons l'histoire de ces deux derniers siècles, nous devons bien constater qu'il y a, malgré les discours apaisants et lénifiants, une opposition radicale, portant sur les principes fondamentaux du politique, entre l'Europe et l'Amérique. Dès le début de l'histoire américaine, de l'histoire des Etats-Unis en tant qu'Etat indépendant, il y a eu confrontation avec le vieux continent. Quand les treize colonies nord-américaines ont voulu se détacher de l'Angleterre, elles ont voulu simultanément se détacher de l'Europe, rompre avec le passé, la mémoire, la source matricielle que celle-ci représente pour tous les peuples de souche européenne. Mais cette volonté de rupture était déjà inscrite dans la société coloniale américaine de 1776, dont la culture était marquée profondément par la pensée utopique. Les pélerins du Mayflower, pères fondateurs de la nation américaine, étaient des dissidents religieux anglais, des groupes humains qui voulaient réaliser l'utopie sur terre en faisant table rase des institutions nées du passé. S'opposant aux diverses strates de l'établissement britannique ainsi qu'aux modes de vie ancestraux des peuples germaniques et celtiques des Iles Britanniques (la «merry old England»), les «dissidents» (Levellers, Diggers, Fifth Monarchists, Seekers, Ranters, Baptists, Quakers, Muggletonians, etc.) n'eurent plus d'autre solution que d'émigrer en Amérique, de s'installer sur des terres vierges où ils pouvaient créer de toutes pièces la société idéale de leurs vœux (Cfr. Christopher Hill, <i style="">The World Turned Upside Down. Radical Ideas during the English Revolution,</i><span style=""> </span> Penguin, Harmondsworth, 1975-76). Ces expérimentations socio-politiques de nature religieuse et sectaire ont fait de l'Amérique l'espace de la nouveauté pour la nouveauté, de l'éternel nouveau, l'espace où se réaliserait concrètement la fin de l'histoire, où la marche de l'histoire arrive à son terminus, où les hommes poussent un grand ouf de soulagement parce qu'ils ne devront plus combattre un destin sournois, toujours acharné, qui ne leur laisse aucun repos, parce qu'ils ne devront plus admettre de compromissions conciliantes et mâtiner ainsi la pureté utopique de leurs rêves religieux. Bref, l'Amérique, c'est le paradis des insatisfaits de l'Europe.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En 1823, Monroe proclame sa célèbre doctrine («L'Amérique aux Américains»), derrière laquelle se dissimule, à peine voilée, la volonté déjà ancienne de rompre définitivement avec le Vieux Continent. Dans l'optique des Américains de l'époque de Monroe, le Nouveau Monde est le réceptacle de la liberté, tandis que le Vieux Monde, qui venait de sortir de la tourmente napoléonienne et se débattait dans le carcan de la Restauration, est le foyer de tous les obscurantismes. Ce clivage, qu'induit la Doctrine de Monroe, constitue en fait une déclaration de guerre éternelle à l'Europe, à l'histoire en tant que tissu de vicissitudes tragiques incontournables, à la mémoire en tant qu'arsenal de stratégies pour faire front à ces vicissitudes, à tout ce qui n'est pas utopique-américain, soit produit d'une déclaration de principes désincarnés et d'une spontanéité sentimentale sans racines ni passé.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Devant cette arrogance utopique-américaine, il y a eu peu de réaction en Europe. Les vieilles nations de notre continent n'ont pas relevé le défi de cette nation coloniale endettée, éloignée, que personne ne prenait fort au sérieux à l'époque. Un diplomate a toutefois réagi d'une manière étonnamment moderne; c'était Johann Georg Hülsemann, un Hannovrien au service de l'Autriche. A la Doctrine de Monroe, il entendait opposer un principe de même nature, soit «l'Europe aux Européens». Dans son esprit, cela signifiait qu'Américains, d'une part, Européens, d'autre part, devaient forger et appliquer des principes de droit et d'organisation économique distincts, assis sur des bases philosophiques et factuelles différentes, hermétiques les unes par rapport aux autres. La réalité américaine, soit l'installation de personnes déracinées sur un territoire vierge (comme tous les Européens de l'époque, Hülsemann ne tenait absolument pas compte du facteur qu'est l'autochtonité amérindienne), permettait l'éclosion plus aisée d'un libéralisme utopique et pur, tandis que la réalité européenne, tissu hypercomplexe légué par une histoire mouvementée, qui a laissé derrière elle un enchevêtrement multiple de strates socio-démographiques souvent antagonistes, doit élaborer une stratégie d'organisation conservante, conciliante, faite de compromis multiples et rétive à toute schématisation sectaire.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Quand éclate la Guerre civile américaine, qui s'étendra de 1861 à 1865, l'Europe rate sa dernière chance de briser définitivement l'unité territoriale et étatique des Etats-Unis, avant que ceux-ci ne deviennent une grande puissance, riche en ressources diverses, capable de concurrencer dangereusement toutes les puissances européennes réunies. La France et l'Angleterre soutiennent le Sud; la Prusse et la Russie soutiennent le Nord: on constate donc qu'il n'y a pas eu de cohésion européenne. Il aurait fallu soutenir le plus faible contre le plus fort, exactement comme l'Angleterre avait soutenu les Etats les plus faibles d'Europe contre Napoléon. Le territoire actuel des Etats-Unis aurait sans doute été divisé en trois ou quatre Etats (un au Nord, un au Sud, un à l'Ouest et un Alaska demeuré russe) plus ou moins antagonistes et le Canada ainsi que le Mexique auraient acquis plus de poids. Le continent nord-américain aurait été «balkanisé» et n'aurait pas pu intervenir avec autant de poids dans les guerres européennes du XXième siècle.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Cette dernière chance, l'Europe ne l'a pas saisie au vol et, deux ans après la guerre de Sécession, les Etats-Unis, définitivement unifiés, amorcent leur processus d'expansion: en 1867, la Russie tsariste vend l'Alaska pour financer ses guerres en Asie Centrale. En 1898, avec la guerre hispano-américaine, les Etats-Unis vainqueurs acquièrent non seulement les îles des Caraïbes (Cuba, Puerto-Rico) mais aussi Guam, les Hawaï et les Philippines, soit autant de tremplins pacifiques vers les immensités asiatiques. 1898 marque véritablement le début de l'«impérialisme américain».</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Quand éclate la première guerre mondiale, les Etats-Unis restent d'abord neutres et optent pour une position attentiste. D'aucuns prétendront qu'agit là le poids des éléments démographiques germano- et irlando-américains, hostiles à toute alliance anglaise. Mais cet isolationisme, conforme aux interprétations pacifistes de la Doctrine de Monroe, va s'avérer pure chimère quand l'Angleterre jouera son meilleur atout et pratiquera sa stratégie du blocus. Celle-ci a un effet immédiat: seuls les belligérants riverains de l'Atlantique peuvent encore commercer avec les Etats-Unis, soit la France et la Grande-Bretagne. Devant la puissance continentale allemande, ces deux puissances occidentales puiseront à pleines mains dans l'arsenal américain. Elles s'y ruineront et dilapideront leurs réserves monétaires et leurs réserves d'or pour acheter vivres, matériels de toutes sortes, tissus, etc. aux marchands d'Outre-Atlantique. Avant le conflit, les Etats-Unis étaient débiteurs partout en Europe. En 1918, ses créanciers deviennent ses débiteurs. L'Allemagne, pour sa part, perd la guerre mais n'a pratiquement pas de dettes à l'égard des Etats-Unis. La République de Weimar s'endettera auprès des banques américaines pour pouvoir payer ses dettes de guerre à la France, qui tente de la sorte de se reconstituer un trésor. Mais la IIIième République n'agira pas sagement: elle n'investira pas dans l'industrie métropolitaine, financera des projets grandioses dans ses colonies et investira dans les nouveaux pays d'Europe de l'Est afin de consolider un hypothétique «cordon sanitaire» contre l'Allemagne et la Russie. Toutes politiques qui connaîtront la faillite. Quelques exemples que nous rappelle Anton Zischka dans son livre consacré à l'Europe de l'Est <i style="">(C'est aussi l'Europe,</i><span style=""> </span> Laffont, Paris, 1962): le Plan Tardieu d'une confédération danubienne sous l'égide de la France, couplé à l'alliance polonaise, conduisit à un déséquilibre inimaginable des budgets nationaux polonais et roumain, avec, respectivement, 37% et 25% de ceux-ci consacrés aux dépenses militaires, destinées à contrer l'Allemagne et la Russie. En 1938, ce déséquilibre est encore accentué: 51% en Roumanie, 44% en Tchécoslovaquie, 63% en Pologne! La France elle-même subit la saignée: la majeure partie de ses capitaux passaient dans la consolidation de ce cordon sanitaire, au détriment des investissements dans l'agriculture et l'industrie françaises. La Roumanie, acculée, n'eut plus d'autre choix que de conclure des traités commerciaux avec l'Allemagne, comme venaient de le faire la Hongrie, la Yougoslavie et la Bulgarie. Sans or et sans devises, mais armée d'un système de troc très avantageux pour ses clients et fournisseurs, l'Allemagne exsangue battait la France sur le plan économique dans les Balkans et encerclait, par le Sud, les deux derniers alliés de Paris: la Pologne et la Tchécoslovaquie, petites puissances affaiblies par le poids excessif de leurs budgets militaires.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La période de 1919 à 1939, soit l'entre-deux-guerres, est aussi l'époque où l'Europe, déséquilibrée par les principes fumeux de Clémenceau et de Wilson, subit le premier assaut de la sous-culture américaine. Modes, spectacles, mentalités, musiques, films concourent à américaniser lentement mais sûrement quelques strates sociales en Europe, notamment des éléments aisés, désœuvrés et urbanisés. Cette intrusion de la sous-culture américaine, sans racines et sans mémoire, suscite quelques réactions parmi l'intelligentsia européenne; en Allemagne, le philosophe Keyserling et l'essayiste Adolf Halfeld mettent l'accent sur la «primitivité» américaine. Qu'entendent-ils par là? D'abord, il s'agit d'un mélange de spontanéité, de sentimentalité, de goût pour les slogans simplistes, d'émotivité creuse qui réagit avec une immédiateté naïve à tout ce qui se passe. Ce cocktail est rarement sympathique, comme on tente de nous le faire accroire, et trop souvent lassant, ennuyeux et inconsistant. Ensuite, cette spontanéité permet toutes les formes de manipulation, prête le flanc à l'action délétère de toutes les propagandes. Plus aucune profondeur de pensée n'est possible dans une civilisation qui se place sous cette enseigne. L'intelligentsia y devient soit purement pragmatique et quantitativiste soit ridiculement moralisante et, en même temps, manipulatrice et histrionique. Enfin, dans un tel contexte, il s'avère progressivement impossible de replacer les événements dans une perspective historique, d'en connaître les tenants et aboutissants ultimes et de soumettre nos spontanéités au jugement correcteur d'un relativisme historique sainement compris.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En relisant Keyserling et Halfeld aujourd'hui, nous constatons que l'américanisation des années 20 constitue bel et bien la source de la manipulation médiatique contemporaine. Nos radios et télévisions reflètent l'absence d'historicité et la sentimentalité manipulatoire de leurs consœurs américaines, même si, apparemment, c'est dans une moindre mesure. Dans la presse écrite et dans l'édition, la déliquescence américanomorphe s'observe également; avant guerre, quand on évoquait des faits historiques en Belgique, on mentionnait une quantité de source; aujourd'hui, les histoires du royaume proposées au grand public, surtout dans la partie francophone du pays, sont pauvres en sources. Ces lacunes au niveau des sources permettent aux gros poncifs idéologiques, astucieusement rabotés par la soft-idéologie ambiante, de s'insinuer plus aisément dans les têtes.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En France, les réactions à l'américanisation des mœurs et des esprits s'est moins exprimée dans le domaine de la philosophie que dans celui de la littérature. Paul Morand, par exemple, nous décrit la ville de New York comme un réceptacle de force, mais d'une force qui dévore toutes les énergies positives qui jaillissent et germent dans l'espace de la ville et finit par toutes les détruire. La beauté sculpturale des femmes du cinéma américain, l'allure sportive des acteurs et des soldats, sont solipsistiques: elles ne reflètent aucune richesse intérieure. Duhamel observe, quant à lui, la ville de Chicago qui s'étale comme un cancer, comme une tache d'huile et grignote inéxorablement la campagne environnante. L'urbanisation outrancière, qu'il compare à un cancer, suscite également la nécessité d'organiser la vitesse, la systématisation, le productivisme de plein rendement: l'exemple concret que choisit Duhamel pour dénoncer cet état de choses délétère, ce sont les abattoirs de Chicago, qui débitent un bœuf en quelques dizaines de secondes, vision que Hergé croquera dans <i style="">Tintin en Amérique.</i><span style=""> </span> Qu'on me permette une petite digression: l'aspect cancéromorphe de l'expansion urbaine, quand elle est anarchique et désordonnée, signale précisément qu'un pays (ou une région) souffre dangereusement, que les sources vives de son identité se sont taries, que sa culture proprement tellurique a cédé le pas devant les chimères idéologiques fumeuses du cosmopolitisme sans humus. C'est précisément une involution dramatique de ce type que l'on observe à Bruxelles depuis un siècle. Un cancer utilitariste a miné, grignoté, dissous le tissu urbain naturel, si bien que le jargon professionnel des architectes a forgé le terme de «bruxelliser» pour désigner l'éradication d'une ville au nom du profit, travesti et camouflé derrière les discours déracinants et universalistes. Ceaucescu envisageait de raser les villages roumains et, à la suite d'un tremblement de terre, il avait parachevé le travail du séisme dans les vieux quartiers de Bucarest. Le monde lui en a tenu rigueur. Mais pourquoi ne tient-il pas rigueur aux édiles bruxelloises responsables du trou béant du quartier nord, responsables des milliers de crimes de lèse-esthétique qui défigurent notre ville? Je vous laisse méditer cette comparaison entre le Chicago décrit par Duhamel, les projets de Ceaucescu et la bruxellisation de Bruxelles... Et je reviens à mon sujet. Pour citer une phrase de Claudel, écrite pendant l'entre-deux-guerres: «Que l'Asie est rafraichissante quand on arrive de New York! Quel bain d'humanité intacte!». Cette citation parle pour elle-même.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Bien sûr, l'écrasement de l'Amérique sous la logique du profit, de la publicité, du commerce et du productivisme outrancier, a suscité des réactions aux Etats-Unis aussi. Je me bornerai à vous rappeler ici l'œuvre d'un Ezra Pound ou d'un T.S. Eliot, qui n'ont jamais cessé de lutter contre l'usure et les résultats catastrophiques qu'elle provoquait au sein des sociétés. N'oublions pas non plus Sinclair Lewis qui caricaturera avec férocité l'arrivisme petit-bourgeois des Américains dans son roman de 1922, <i style="">Babbitt,</i><span style=""> </span> avant de recevoir, en tant que premier Américain, le Prix Nobel de Littérature en 1930. Chez un Hemingway, derrière les poses et les exagérations, nous percevons néanmoins une irrésistible attraction pour l'Europe et en particulier pour l'Espagne, ses différences, ses archaïsmes et ses combats de taureaux, lesquels avaient aussi fasciné Roy D. Campbell, Sud-Africain anglophone. Sur un plan directement politique, saluons au passage les isolationnistes américains qui ont déployé tant d'énergies pour que leur pays reste en dehors de la guerre, pour qu'il respecte vraiment la Doctrine de Monroe («L'Amérique aux Américains») et qu'il invente à son usage un système socio-économique propre au continent nord-américain, impossible à exporter car trop ancré dans son «contexte». C'était là une position radicalement contraire à celle des messianistes interventionnistes, regroupés autour de Roosevelt et qui croyaient pouvoir donner au monde entier un unique système, calqué sur le modèle américain ou, plus exactement, sur le modèle hypergaspilleur de la <i style="">High Society</i> <span style=""> </span>des beaux quartiers de New York.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Pour Monroe en 1823, le Vieux Monde et le Nouveau Monde devaient, chacun pour eux-mêmes, se donner des principes de fonctionnement, des constitutions, des modèles sociaux propres et non transférables dans d'autres continents. Les Européens, soucieux de préserver à tous niveaux un sens de la continuité historique, ne pouvaient qu'acquiescer. Hülsemann, que j'ai évoqué au début de mon exposé, était d'ailleurs d'accord avec cette volonté de promouvoir un développement séparé des deux continents. Son souci, c'était que les principes du Nouveau Monde ne soient pas instrumentalisés au bénéfice d'une politique de subversion radicale en Europe. La manie de faire de tout passé table rase, observable chez les dissidents britanniques fondateurs de la nation américaine et en particulier chez les Levellers, aurait disloqué tout les tissus sociaux d'Europe et provoquer une guerre civile interminable. Mais avec Wilson et l'intervention des troupes du Général Pershing en 1917 sur le front occidental, avec Roosevelt et son mondialisme américanocentré, les principes éradicateurs de l'idéologie des Levellers, que craignait tant un Hülsemann, font brusquement irruption en Europe. Vers le milieu des années 40, Carl Schmitt et quelques autres mettent clairement en exergue l'intention des Etats-Unis et de l'Administration Roosevelt: forcer le monde entier, et surtout l'Europe et le Japon, à adopter une politique de «portes ouvertes» sur tous les marchés du monde, c'est-à-dire à renoncer à toutes les politiques d'auto-centrage économique et à tous les «marchés protégés» coloniaux (l'Angleterre sera la principale victime de cette volonté rooseveltienne). Cette ouverture globale devait valoir non seulement pour toutes les marchandises de la machine industrielle américaine, qui, avec les deux guerres mondiales, avait reçu une solide injection de conjoncture, mais aussi et surtout pour tous les produits culturels américains, notamment ceux de l'industrie cinématographique.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Carl Schmitt nous démontre que l'Empire britannique a été un «retardateur de l'histoire», en empêchant les continents, les unités civilisationnelles, de s'unir et de se fédérer en des grands espaces cohérents, au sein desquels aurait régné une paix civile. L'Angleterre, en effet, a protégé les «hommes malades», comme la Turquie ottomane à la fin du XIXième siècle. Cette politique a été poursuivie après 1918 et après 1945, quand la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui, en ce domaine, prenaient le relais de Londres, remirent en selle et protégèrent des régimes caducs, sclérosés, obsolètes, inutiles, pesants, ridicules, corrompus. C'est non seulement vrai en Amérique latine et en Asie (le régime sud-vietnamien est l'exemple d'école) mais aussi en Europe où les clowneries de la politique belge ont pu se poursuivre, de même que les corruptions insensées de l'Italie, les bouffonneries de la IVième République en France, etc. La politique «retardatrice» anglo-américaine interdit aux nouvelles formes de socialité de s'exprimer, de se déployer et puis de s'asseoir dans les tissus sociaux. Plus d'alternatives, de nouvelles expériences visant à rendre les sociétés plus justes, plus conformes à la circulation réelle des élites, ne sont possibles dans un tel monde. Interdits aussi les nouveaux regroupements d'Etats dans le monde: panafricanisme, paneuropéisme, panarabisme nassérien...</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Dans l'optique de ses protagonistes, cette politique retardatrice-réactionnaire doit être consolidée par un impérialisme culturel en mesure de contrôler les peuples dans la douceur. L'Union Soviétique, elle, a contrôlé l'Europe centrale et orientale par le biais de ses armées, de son idéologie marxiste-léniniste, du COMECON, etc., tous instruments grossiers qui n'ont donné que de très piètres résultats ou ont connu carrément l'échec. Les événements récents ont prouvé que les méthodes soviétiques de contrôle n'ont pas réussi à éradiquer les sentiments d'appartenance collective ni les consciences nationales ou religieuses pré-soviétiques. A l'Ouest, en revanche, la stratégie de contrôle américaine s'est montré plus efficace et plus subtile. Le cinéma de variété américain a tué les âmes des peuples plus sûrement que les obus de char de l'armée rouge ou les ukases des apparatchniks communistes. En disant cela, je ne dis pas qu'il n'y a pas de bons films américains, que les cinéastes d'Outre-Atlantique n'ont pas réalisé de chefs-d'œuvre. Indubitablement, dans ce flot de productions, il y a des œuvres géniales que nous reverrons sans doute avec plaisir et admiration dans quelques décennies. Mais, indépendamment du caractère génial de telle ou telle œuvre, la politique de l'impérialisme culturel a été de greffer sur le corps fortement historicisé de l'Europe l'idéologie du nivellement des <i style="">Founding Fathers,</i><span style=""> </span> avec son cortège grimaçant de phénomènes connexes: la sentimentalité débridée, le manichéisme simplet et hystérique, le novisme pathologique haineux à l'égard de tout recours aux racines, la haine camouflée derrière le carton-pâte des bons sentiments, etc. Bref, un cortège qui aurait suscité la verve d'un Jérôme Bosch. Car l'invasion de ces affects méprisables a pour conséquence de diluer toutes les cohésions identitaires.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Aujourd'hui même, ce 16 janvier 1990, Dimitri Balachoff a déclaré au micro de la RTBF que les films américains sont universels. Caractéristique qu'il trouve éminemment positive. Mais pourquoi universels? Parce que, explique Balachoff, les Etats-Unis sont un <i style="">melting pot</i><span style=""> </span> et qu'en conséquence, tout produit culturel doit être compris par des Irlandais et des Anglais, des Espagnols et des <i style="">Hispanics,</i><span style=""> </span> des Noirs et des Indiens, des Italiens, des Juifs et des Français... Comment le film américain s'est-il débrouillé pour devenir cette sorte de <i style="">koiné</i><span style=""> </span> moderne de l'image? Balachoff nous donne sa réponse: par une simplification des dialogues, du contenu intellectuel et de l'intrigue. Mais comment peut-on mesurer concrètement cette simplification? Eh bien, parce que, dixit Balachoff, un film américain reste parfaitement compréhensible sans son pendant quinze minutes. Au contraire, un film italien, privé de son, ne se comprendra que pendant trois minutes. Un film tchèque, dans la ligne des Kafka, Kundera et Havel, ne serait sans doute compréhensible que pendant trente secondes, si on coupe le son.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La tendance générale de l'impérialisme culturel américain est donc d'abaisser le niveau d'une production cinématographique en-deçà même du niveau linguistique le plus élémentaire, parce toute langue est l'expression d'une identité, donc d'une manière d'être, d'une spécificité parfois difficile à comprendre mais d'autant plus intéressante et enrichissante. C'est cette volonté d'abaisser, de simplifier, que nous critiquons dans l'américanisme culturel contemporain. Cet appauvrissement de la langue et de l'intrigue, voilà ce que Claude Autant-Lara a voulu crier haut et fort dans l'hémicycle strasbourgeois. Il s'est heurté à l'incompréhension que l'on sait. Il a causé le scandale. Non pas tant à cause de quelques dérapages antisémites mais précisément parce qu'il critiquait cette simplification américaine si dangereuse pour nos créations artistiques. Des témoins oculaires, membres d'aucun parti, ont pu voir, après le départ théâtral des socialistes et des communistes, les visages consternés, interrogateurs et béotiens des députés conservateurs, libéraux et démocrates-chrétiens. L'un d'eux a même chuchoté: «Mais il est fou, il attaque l'Amérique!». Ce pauvre homme n'a rien compris... Ce pauvre homme n'a manifestement pas de lettres, pas de sens de l'esthétique, ce malheureux n'a pas saisi le sens de son siècle que l'on a pourtant nommé le «siècle américain».</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Mais, à ce stade final de mon exposé, il me paraît utile de brosser un historique de l'américanisation culturelle de l'Europe depuis 1918. Après la Grande Guerre, les Etats-Unis détiennent un quasi monopole de l'industrie cinématographique. Quelques chiffres: de 1918 à 1927, 98% des films projetés en Grande-Bretagne sont américains! En 1928, une réaction survient à Westminster et une décision gouvernementale tombe: 15% au moins des films projetés dans les salles du Royaume-Uni doivent être britanniques. En Allemagne, en 1945, les autorités alliées imposent, sur pression américaine, l'interdiction de tout <i style="">Kartell.</i><span style=""> </span> Dès que la zone occidentale récupère des bribes de souveraineté avec la proclamation de la RFA, le parlement, encore étroitement contrôlé par les autorités d'occupation, vote le 30 juillet 1950 une loi interdisant toute concentration dans l'industrie cinématographique allemande. Mais le cas français est de loin le plus intéressant et le plus instructif. En 1928, Herriot fait voter une loi pour protéger l'industrie française du cinéma, afin, dit-il, «de protéger les mœurs de la nation contre l'influence étrangère». En 1936, sous le Front Populaire, la France baisse la garde: sur 188 films projetés, 150 sont américains. En 1945, 3000 films américains inondent l'Europe qui ne les avait jamais encore vus. André Bazin dira que, dans cette masse, il y a cent films intéressants et cinq à six chefs-d'œuvre. En 1946, Léon Blum, figure issue de ce Front Populaire qui avait déjà baissé la garde, accepte, devant la pression américaine, le déferlement. En quoi cette pression américaine consistait-elle? En un ultimatum à la France ruinée: les Etats-Unis ne donneraient aucun crédit dans le cadre du Plan Marshall si les Français refusaient d'ouvrir leurs frontières aux productions cinématographiques américaines!! La France a capitulé et, quelques décennies plus tard, le linguiste et angliciste Henri Gobard en tirait les justes conclusions: la France, minée par une idéologie laïque de la table rase, débilitée par son modèle universaliste de pensée politique, devait tout logiquement aboutir à cette capitulation inconditionnelle. Elle avait arasé les cultures régionales patoisantes; elle tombe victime d'un universalisme araseur plus puissant, biblique cette fois.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Dans les années 50, la situation est catastrophique dans toute l'Europe: le pourcentage des films américains dans l'ensemble des films projetés en salle est écrasant. 85% en Irlande; 80% en Suisse; 75% en Belgique et au Danemark; 70% aux Pays-Bas, en Finlande, en Grande-Bretagne et en Grèce; 65% en Italie; 60% en Suède. Les choses ont certainement changé mais le poids de l'industrie cinématographique américaine reste lourd, y compris dans le monde de la télévision; il étouffe la créativité de milliers de petits cinéastes ou d'amateurs géniaux qui ne peuvent plus vendre leur travail devant la concurrence des gros consortiums et devant les onéreuses campagnes publicitaires que ces derniers peuvent financer. De surcroît, il répend toujours l'idéologie délétère américaine sans racines donc sans responsabilité. Les lois anglaises de 1928 doivent donc être à nouveau soumises à discussion. L'esprit qui a présidé à leur élaboration devrait nous servir de source vive, de jurisprudence, pour légiférer une nouvelle fois dans le même sens.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Quelle est la signification de cette politique? Quels en sont les objectifs? Résumons-les en trois catégories. 1: Les peuples d'Europe et d'ailleurs doivent être amenés à percevoir leurs propres cultures comme inférieures, provinciales, obscurantistes, «ringardes», non éclairées. 2: Les peuples européens, africains, arabes et asiatiques doivent dès lors accepter les critères américains, seuls critères modernes, éclairés et moraux. Il faut qu'ils laissent pénétrer goutte à goutte dans leur âme les principes de cet américanisme jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus réagir de manière spécifique et indépendante. 3: L'Etat ou le système qui deviennent maîtres de la culture ou, pour être plus précis, de la culture des loisirs, deviennent maîtres des réflexes sociaux. Une application subtile de la théorie pavlovienne... Cette politique, sciemment menée depuis 1945, recèle bien des dangers pour l'humanité: si elle parvient à pousser sa logique jusqu'au bout, plus aucune forme de pluralité ne pourra subsister, le kaléidoscope que constituent les peuples de la planète sera transformé en une panade insipide d'«humain trop humain», sans possibilité de choisir entre diverses alternatives, sans pouvoir expérimenter des possibles multiples, sans pouvoir laisser germer, dans des âmes et des espaces différents, des virtualités alternatives. Bref, nous aurions là un monde gris, condamné au sur place, sans diversité de réflexes politiques. Pour le chanteur breton Alan Stivell, chaque culture exprime une facette spécifique de la réalité. Effacer une culture, la houspiller, c'est voiler une part du réel, c'est s'interdire de découvrir la clef qui donne accès à cette part du réel. Dans cette perspective, l'universalisme est une volonté d'ignorance qui rate précisément ce qu'il prétend attendre, soit l'universel.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L'exemple des Pays Baltes est bien intéressant. Les peuples baltes regroupent cinq à six millions de personnes, très conscientes de leur identité, des ressorts de leur histoire, de leurs droits et de l'importance de leur langue. Après avoir croupi pendant quarante ans sous la férule soviétique, cette conscience populaire est restée vivante. A l'Ouest, il n'y a rien de semblable. L'expérience des écoles bretonnes doit se saborder. Au Pays Basque, la basquisation de certaines chaînes de télévision a fait que l'on a traduit en basque les épisodes du feuilleton Dallas!</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Que convient-il alors de faire pour redresser la barre, dresser un barrage contre cet américanisme qui constitue, pour parler en un langage moins polémique et plus philosophique, une volonté d'extirper toutes identités et racines, de biffer tous contextes pour laisser le champ libre à une et une seule expérimentation et pour interdire à jamais à d'autres virtualités de passer de la puissance à l'acte? Il faut engager un <i style="">Kulturkampf</i><span style=""> </span> radical dans tous les domaines de l'esprit et de la société et pas seulement dans le cinéma. Nous devons nous rendre pleinement indépendants de Washington tant dans le domaine alimentaire (nous importons trop de blé et de soja; avant l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE, nous dependions à 100% des Etats-Unis pour notre consommation de soja, produit de base dans l'alimentation du bétail) que dans les domaines militaire et technologique. Partout il nous faudra entreprendre une quête de nos valeurs profondes: en théologie et en philosophie, en littérature et en art, en sociologie et en politologie, en économie, etc. Le <i style="">Kulturkampf</i><span style=""> </span> que nous envisageons oppose la pluralité kaléidoscopique des contextes et des identités à la grise panade du mélange que l'on nous propose, où le monde se réduira à un misérable collage de brics et de brocs coupés de leur humus.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le <i style="">Kulturkampf</i><span style=""> </span> demande des efforts, de la participation, de l'intiative: publiez, traduisez, écrivez, parlez, organisez conférences et fêtes, faites usage de vos caméras vidéo, lisez sans trêve. La fin de l'histoire qu'annoncent les triomphalistes du camp d'en face n'aura pas lieu. De la confrontation des différences, de la joie des fraternités et du tragique des conflits naissent synthèses et nouveautés. Il faut que ce jaillissement ne cesse jamais.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> </strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 14pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Robert STEUCKERS.</strong></span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Bruxelles et Louvain, 15 et 16 janvier 1990.</strong></span></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><br /><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong></strong></span></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt;" lang="FR" lang="FR"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><br /></strong></span></span></span></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-57271900913090208442010-06-18T17:12:00.000+02:002010-06-18T17:13:54.377+02:00Maurice Allais flingue le néo-libéralisme<div style="color: rgb(255, 255, 255);" class="post-headline"> <h1><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Maurice Allais flingue le néo-libéralisme dans une revue financée par Bercy</span></span></span></span></h1> <h1><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Ex:</span></span> <a href="http://fortune.fdesouche.com/"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">http://fortune.fdesouche.com/</span></span></a></span></span></h1> </div> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><img src="http://www.annuel-idees.fr/local/cache-vignettes/L250xH311/allais-a49b8.jpg" align="left" border="0" hspace="8" width="170" /></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><strong><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Pour fêter ses 99 ans, le seul Nobel français d’économie s’est livré dans la très confidentielle revue de l’École des Mines à une critique féroce du « <em>libre-échangisme</em>« . Il alerte sur la destruction de l’agriculture et de l’industrie, sources profondes du chômage français, et en appelle à des solidarités régionales.</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>« <em>Le libéralisme ne saurait être un laisser faire,</em> » insiste Maurice Allais, 99 ans depuis mai dernier et seul Français Nobel d’économie (1988). Dans la livraison de mai de Réalités Industrielles, publiée avec le soutien de Bercy, l’économiste ouvre le bal d’un dossier consacré au diagnostic de la crise, avec un petit article décapant sur « <em>Les causes véritables du chômage.</em>« </strong></span></span></p> <blockquote style="color: rgb(255, 255, 255);"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Pour Maurice Allais, le chômage n’est pas essentiellement dû à des questions monétaires, même si celles-ci devraient « <em>continuer de jouer un rôle néfaste grandissant</em>, » mais il pointe en premier lieu, les responsabilités d’un système global, celui né de » <em>la conséquence de la libéralisation inconsidérée du commerce international.</em>« </strong></span></span></p> </blockquote> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><span id="more-19908"></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La profonde ignorance des économistes</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Professeur honoraire à l’École nationale supérieure des Mines de Paris, il rappelle à ses anciens disciples quelques vérités pas très politiquement correctes et s’en prend à l’idéologie <em>mainstream</em> actuelle des économistes. Farouchement anti-échangiste comme il fut exactement le contraire, reaganien invétéré jusqu’en 1994, il estime que « <em>nous avons été conduits à l’abîme par des affirmations économiques constamment répétées, mais non prouvées. Par un matraquage incessant, nous étions mis face à des vérités établies, des tabous indiscutés, des préjugés admis sans discussion. Cette doctrine affirmait comme une vérité scientifique un lien entre l’absence de régulation et une allocation optimale des ressources. Au lieu de vérité il y a eu, au contraire, dans tout ceci, une profonde ignorance et une idéologie simplificatrice.</em>« </strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le doyen des économistes français perçoit dans la crise financière actuelle, un poison majeur : « <em>L’enjeu capital actuel est le risque d’une destruction de l’agriculture et de l’industrie françaises. Ce danger est réel et j’emploie le mot destruction car il est représentatif de la réalité. Un tel risque provient du mouvement incessant des délocalisations, elles-même dues aux différences de salaires entre, d’une part, des pays développés tels que ceux de l’</em><em>Amérique du Nord</em> <em>ou d’Europe de l’Ouest, et, d’autre part, ceux d’Asie ou d’Europe orientale, par exemple la Roumanie ou la Pologne,</em> » accuse t-il. Démonstration : « <em>Un écart de salaire élevé, aussi extrême qu’un rapport de un à six par exemple, n’est pas supportable sur le long terme par les entreprises des pays où le revenu est plus élevé.</em>« </strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Tous victimes</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Mais le quasi-centenaire met en garde également ceux qui voudraient attiser les haines xénophobes de cette situation. « <em>Cela ne veut pas dire que j’oppose entre elles ces différentes régions, qui me semblent toutes des victimes actuelles ou à venir du libre-échangisme voulu par l’OMC, le FMI et par Bruxelles en ce qui concerne l’Europe.</em> » En 2005 déjà, le Nobel d’économie estimait que l’abandon de la préférence communautaire, décidé en 1974 par Bruxelles, avait entraîné une réduction du taux de croissance du PIB réel par habitant de chaque pays du traité de Rome de l’ordre de 30 à 50%.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En 2010, Maurice Allais propose une réforme rétablissant les préférences régionales au sein du commerce international. « <em>Un point essentiel tient à la définition de ces espaces régionaux, qui ne devront pas être trop vastes et devront rechercher une homogénéité interne, ce que je définis comme « des ensembles régionaux groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis à vis des autres.</em> » Visée : ne pas supprimer la concurrence, mais enrayer les distorsions de concurrence, telles que celles engendrées par ces écarts trop importants de coûts salariaux.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>On pourra toujours objecter à l’auguste économiste qu’il cultiva comme un forcené l’idéologie reaganiene, ou que ses théories ont été vampirisées par le Front National, Maurice Allais quant à lui se considère définitivement comme un libéral socialiste : « <em>C’est-à-dire socialiste quant aux objectifs, et libéral quant aux moyens. Les deux ne me semblent, ainsi, plus opposables de manière antagoniste, mais deviennent complémentaires.</em>« </strong></span></span></p> <p style="color: rgb(255, 255, 255);"><a href="http://www.annuel-idees.fr/Maurice-Allais-flingue-le-neo.html"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Annuel-Idées</strong></span></span></a></p> <blockquote style="color: rgb(255, 255, 255);"> <p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Repères :</strong></span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>- BIO-EXPRESS. Né le 31 mai 1911. 1947 : Participe avec les économistes libéraux (Hayek, Friedman, Mises) à la création de la Société du Mont-Pelerin (anti-étatisme). 1988 : Nobel d’économie pour sa théorie des marchés et l’utilisation efficace des ressources. 1994 : abandon des théories reaganiennes et combat contre le « <em>libre échangisme</em>« .</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>- Réalités industrielles, édition de mai, Editions Eska avec le soutien du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, 23 euros.</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong></strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><br /></strong></span></span></p> </blockquote>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-10919064763769659272010-06-14T14:16:00.000+02:002010-06-14T14:17:17.796+02:00Questions à Robert Steuckers<div class="posttext-decorator2" align="justify"> <p align="center"><span style="color: rgb(169, 24, 33);"><span style="font-family: georgia,palatino;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Questions à Robert Steuckers :<br /><br /><span style="font-size: large;">Pour préciser les positions de « Synergies Européennes »</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-right: 2.2pt; text-align: justify;"><br /> <a href="http://c.wrzuta.pl/wa6840/85bd617c0019b4bd4b26cb2d/0/moondog%20-%20bird%27s%20lament.mp3"><img src="http://static.hautetfort.com/backend/blogs/images/extras/podcast.jpg" alt="podcast" border="0" /></a><object type="application/x-shockwave-flash" data="http://static.hautetfort.com/backend/blogs/images/extras/dewplayer.swf?son=http://c.wrzuta.pl/wa6840/85bd617c0019b4bd4b26cb2d/0/moondog%20-%20bird%27s%20lament.mp3" height="20" width="200"><param name="movie" value="http://static.hautetfort.com/backend/blogs/images/extras/dewplayer.swf?son=http://c.wrzuta.pl/wa6840/85bd617c0019b4bd4b26cb2d/0/moondog%20-%20bird%27s%20lament.mp3"><param name="pluginspage" value="http://www.macromedia.com/go/getflashplayer"><param name="wmode" value="transparent"></object></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><i><img src="http://i66.servimg.com/u/f66/11/16/57/47/wicker10.jpg" alt="wicker10.jpg" style="border-width: 0pt; float: right; margin: 0.2em 0pt 1.4em 0.7em;" /><span style="color: rgb(145, 27, 46);">• Dans quelle mesure le "national-bolchevisme" s'insère-t-il dans la "troisième voie", entre libéralisme et marxisme ?</span></i></span></b></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le national-bolchevisme ne fait pas référence à une théorie économique ou à un projet de société : on l'oublie trop souvent. Ce vocable composé a été utilisé pour désigner l'alliance, toute temporaire d'ailleurs, entre les cadres traditionnels de la diplomatie allemande, soucieux de dégager le Reich vaincu en 1918 de l'emprise occidentale, et les éléments de pointe du communisme allemand, soucieux d'avoir un allié de poids à l'Ouest pour la nouvelle URSS. Avec <a target="_blank" href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/03/01/niekisch.html"><span style="color: rgb(128, 0, 128);">Niekisch</span></a>, ancien cadre de la République des Conseils de Munich, écrasée par les Corps Francs nationalistes mais mandatés par le pouvoir social-démocrate de Noske, le national-bolchevisme prend une coloration plus politique, mais s'auto-désigne, dans la plupart des cas par l'étiquette de "nationale-révolutionnaire". Le concept de national-bolchevisme est devenu un concept polémique, utilisé par les journalistes pour désigner l'alliance de 2 extrêmes dans l'échiquier politique. Niekisch, à l'époque où il était considéré comme l'une des figures de proue du national-bolchevisme, n'avait plus d'activités politiques proprement dites ; il éditait des journaux appelant à la fusion des extrêmes nationales et communistes (les extrêmes du "fer à cheval" politique disait Jean-Pierre Faye, auteur du livre <i>Les langages totalitaires).</i> <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">La notion de "Troisième Voie" est apparue dans cette littérature. Elle a connu des avatars divers, mêlant effectivement le nationalisme au communisme, voire certains éléments libertaires du nationalisme des jeunes du <i>Wandervogel</i> à certaines options communautaires élaborées à gauche, comme, par ex., chez Gustav Landauer.</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus, de Thierry Mudry : cf. 1) "Le “socialisme allemand” : analyse du télescopage entre nationalisme et socialisme de 1900 à 1933 en Allemagne", in : <i>Orientations</i> n°7, 1986 ; 2) "L'itinéraire d'Ernst Niekisch", in : <i>Orientations</i> n°7, 1986]</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Ces mixages idéologiques ont d'abord été élaborés dans le débat interne aux factions nationales-révolutionnaires de l'époque ; ensuite, après 1945, où on espérait qu'une troisième voie deviendrait celle de l'Allemagne déchirée entre l'Est et l'Ouest, où cette Allemagne n'aurait plus été le lieu de la césure européenne, mais au contraire le pont entre les 2 mondes, géré par un modèle politique alliant les meilleurs atouts des 2 systèmes, garantissant tout à la fois la liberté et la justice sociale.</span> À un autre niveau, on a parfois appelé "troisième voie", les méthodes de gestion économique allemandes qui, au sein même du libéralisme de marché, se différenciaient des méthodes anglo-saxonnes. Celles-ci sont considérées comme trop spéculatives dans leurs démarches, trop peu soucieuses des continuités sociales structurées par les secteurs non marchands (médecine & sécurité sociale, enseignement & université). Le libéralisme de marché doit donc être consolidé, dans cette optique allemande des années 50 et 60, par un respect et un entretien des "ordres concrets" de la société, pour devenir un "ordo-libéralisme". Son fonctionnement sera optimal si les secteurs de la sécurité sociale et de l'enseignement ne battent pas de l'aile, ne génèrent pas dans la société des dysfonctionnements dus à une négligence de ces secteurs non marchands par un pouvoir politique qui serait trop inféodé aux circuits bancaires et financiers.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">L'économiste français Michel Albert, dans un ouvrage célèbre, rapidement traduit dans toutes les langues, intitulé <i>Capitalisme contre capitalisme,</i> oppose en fait cet ordo-libéralisme au néo-libéralisme, en vogue depuis l'accession au pouvoir de Thatcher en Grande-Bretagne et de Reagan aux États-Unis. Albert appelle l'ordo-libéralisme le "modèle rhénan", qu'il définit comme un modèle rétif à la spéculation boursière en tant que mode de maximisation du profit sans investissements structurels, et comme un modèle soucieux de conserver des "structures" éducatives et un appareil de sécurité sociale, soutenu par un réseau hospitalier solide. Albert, ordo-libéral à la mode allemande, revalorise les secteurs non marchands, battus en brèche depuis l'avènement du néo-libéralisme. La nouvelle droite française, qui travaille davantage dans l'onirique, camouflé derrière l'adjectif "culturel", n'a pas pris acte de cette distinction fondamentale opérée par Albert, dans un livre qui a pourtant connu une diffusion gigantesque dans tous les pays d'Europe. Si elle avait dû opter pour une stratégie économique, elle aurait embrayé sur la défense des structures existantes (qui sont aussi des acquis culturels), de concert avec les gaullistes, les socialistes et les écologistes qui souhaitaient une défense de celles-ci, et critiqué les politiques qui laissaient la bride sur le cou aux tendances à la spéculation, à la façon néo-libérale (et anglo-saxonne). Le néo-libéralisme déstructure les acquis non marchands, acquis culturels pratiques, et toute nouvelle droite, préconisant le primat de la culture, devrait se poser en défenderesse de ces secteurs non marchands. Vu la médiocrité du personnel dirigeant de la ND parisienne, ce travail n'a pas été entrepris.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus : 1) R. STEUCKERS, "Repères pour une histoire alternative de l'économie", in: <i>Orientations</i> n°5, 1984 ; 2) Thierry MUDRY, "Friedrich List : une alternative au libéralisme", in : <i>Orientations</i> n°5, 1984 ; 3) R. STEUCKERS, "Orientations générales pour une histoire alternative de la pensée économique", in : <i>Vouloir</i> n°83/86, 1991 ; 4) Guillaume d'EREBE, "L'École de la Régulation : une hétérodoxie féconde ?", in : <i>Vouloir</i> n°83/86, 1991 ; 5) R. STEUCKERS, <i>L'ennemi américain,</i> Synergies, Forest, 1996/2ème éd. (avec des réflexions sur les idées de Michel Albert) ; 6) R. STEUCKERS, "Tony Blair et sa “Troisième Voie” répressive et thérapeutique", in : <i>Nouvelles de Synergies européennes</i> n°44, 2000 ; 7) Aldo DI LELLO, "La “Troisième Voie” de Tony Blair : une impase idéologique. Ou de l'impossibilité de repenser le “Welfare State” tout en revenant au libéralisme", in : <i>Nouvelles de Synergies eruopéennes</i> n°44, 2000].</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);">Perroux, Veblen, Schumpeter et les hétérodoxes</span></span> <i><br /><br /></i></span> <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Par ailleurs, la science économique en France opère, avec Albertini, Silem et Perroux, une distinction entre "orthodoxie" et "hétérodoxie".</span> Par orthodoxies, au pluriel, elle entend les méthodes économiques appliquées par les pouvoirs en Europe :</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">• 1) l'économie planifiée marxiste de facture soviétique,</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">• 2) l'économie libre de marché, sans freins, à la mode anglo-saxonne (libéralisme pur, ou libéralisme classique, dérivé d'Adam Smith et dont le néo-libéralisme actuel est un avatar),</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">• 3) l'économie visant un certain mixte entre les 2 premiers modes, économie qui a été théorisée par Keynes au début du XXe siècle et adoptée par la plupart des gouvernements sociaux-démocrates (travaillistes britanniques, SPD allemande, SPÖ autrichienne, socialistes scandinaves). Par hétérodoxie, la science politique française entend toutes les théories économiques ne dérivant pas de principes purs, c'est-à-dire d'une rationalité désincarnée, mais, au contraire, dérivent d'histoires politiques particulières, réelles et concrètes. Les hétérodoxies, dans cette optique, sont les héritières de la fameuse "école historique" allemande du XIXe siècle, de l'institutionnalisme de Thorstein Veblen et des doctrines de Schumpeter. Les hétérodoxies ne croient pas aux modèles universels, contrairement aux 3 formes d'orthodoxie dominantes. Elles pensent qu'il y a autant d'économies, de systèmes économiques, qu'il y a d'histoires nationales ou locales. Avec Perroux, les hétérodoxes, au-delà de leurs diversités et divergences particulières, pensent que l'historicité des structures doit être respectée en tant que telle et que les problèmes économiques doivent être résolus en respectant la dynamique propre de ces structures.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Plus récemment, la notion de "Troisième Voie" est revenue à l'ordre du jour avec l'accession de Tony Blair au pouvoir en Grande-Bretagne, après une vingtaine d'années de néo-libéralisme thatchérien. En apparence, dans les principes, Blair se rapproche des troisièmes voies à l'allemande, mais, en réalité, tente de faire accepter les acquis du néo-libéralisme à la classe ouvrière britannique. Sa "troisième voie" est un placebo, un ensemble de mesures et d'expédients pour gommer les effets sociaux désagréables du néo-libéralisme, mais ne va pas au fond des choses : elle est simplement un glissement timide vers quelques positions keynésiennes, c'est-à-dire vers une autre orthodoxie, auparavant pratiquée par les travaillistes mais proposée à l'électorat avec un langage jadis plus ouvriériste et musclé. Blair aurait effectivement lancé une troisième voie s'il avait axé sa politique vers une défense plus en profondeur des secteurs non marchands de la société britanniques et vers des formes de protectionnisme (qu'un keynésianisme plus musclé avait favorisées jadis, un keynésianisme à tendances ordo-libérales voire ordo-socialistes ou ordo-travaillistes).</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">[Pour en savoir plus : G. Faye, "À la découverte de Thorstein Veblen", in <i>Orientations</i> n°6, 1985]</span></b></span></span></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: rgb(145, 27, 46);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><i>• Quel est le poids du marxisme, ou du bolchevisme, dans cet ensemble ?</i></b></span></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le marxisme de facture soviétique a fait faillite partout, son poids est désormais nul, même dans les pays qui ont connu l'économie planifiée. La seule nostalgie qui reste, et qui apparaît au grand jour dans chaque discussion avec des ressortissants de ces pays, c'est celle de l'excellence du système d'enseignement, capable de communiquer un corpus classique, et les écoles de danse et de musique, expressions locales du Bolchoï, que l'on retrouvait jusque dans les plus modestes villages. L'idéal serait de coupler un tel réseau d'enseignement, imperméable à l'esprit de 68, à un système hétérodoxe d'économie, laissant libre cours à une variété culturelle, sans le contrôle d'une idéologie rigide, empêchant l'éclosion de la nouveauté, tant sur le plan culturel que sur le plan économique.</span></b></span></span></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: rgb(145, 27, 46);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><i>• Synergon abandonne-t-elle dès lors le solidarisme organique ou non ?</i></b></span></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Non. Car justement les hétérodoxies, plurielles parce que répondant aux impératifs de contextes autonomes, représentent <i>ipso facto</i> des réflexes organiques. Les théories et les pratiques hétérodoxes jaillissent d'un humus organique au contraire des orthodoxies élaborées en vase clos, en chambre, hors de tout contexte. Par sa défense des structures dynamiques générées par les peuples et leurs institutions propres, et par sa défense des secteurs non marchands et de la sécurité sociale, les hétérodoxies impliquent d'office la solidarité entre les membres d'une communauté politique. La troisième voie portée par les doctrines hétérodoxes est forcément une troisième voie organique et solidariste. Le problème que vous semblez vouloir soulever ici, c'est que bon nombre de groupes ou de groupuscules de droite ont utilisé à tort et à travers les termes d'"organique" et de "solidariste", voire de "communauté" sans jamais faire référence aux corpus complexes de la science économique hétérodoxe. Pour la critique marxiste, par ex., il était aisé de traiter les militants de ces mouvements de farceurs ou d'escrocs, maniant des mots creux sans significations réelle et concrète.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><b>Participation et intéressement au temps de De Gaulle</b></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">L'exemple concret et actuel auquel la nouvelle droite aurait pu se référer était l'ensemble des tentatives de réforme dans la France de De Gaulle au cours des années 60, avec la "participation" ouvrière dans les entreprises et l'"intéressement" de ceux-ci aux bénéfices engrangés. <a target="_blank" href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/02/19/participation.html"><span style="color: rgb(128, 0, 128);">Participation</span></a> et intéressement sont les 2 piliers de la réforme gaullienne de l'économie libérale de marché. Cette réforme ne va pas dans le sens d'une planification rigide de type soviétique, bien qu'elle ait prévu un Bureau du Plan, mais dans le sens d'un ancrage de l'économie au sein d'une population donnée, en l'occurrence la nation française. Parallèlement, cette orientation de l'économie française vers la participation et l'intéressement se double d'une réforme du système de représentation, où l'assemblée nationale – i. e. le parlement français – devait être flanquée à terme d'un Sénat où auraient siégé non seulement les représentants élus des partis politiques mais aussi les représentants élus des associations professionnelles et les représentants des régions, élus directement par la population sans le truchement de partis. De Gaulle parlait en ce sens de “Sénat des professions et des régions”.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Pour la petite histoire, cette réforme de De Gaulle n'a guère été prise en compte par les droites françaises et par la nouvelle droite qui en est partiellement issue, car ces droites s'étaient retrouvées dans le camp des partisans de l'Algérie française et ont rejeté ensuite, de manière irrationnelle, toutes les émanations du pouvoir gaullien. C'est sans nul doute ce qui explique l'absence totale de réflexion sur ces projets sociaux gaulliens dans la littérature néo-droitiste.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus : Ange SAMPIERU, "La participation : une idée neuve ?", in : <i>Orientations</i> n°12, 1990-91]</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><i><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">• Les visions économiques des révolutionnaires conservateurs me semblent assez imprécises et n'ont apparemment qu'un seul dénominateur commun, le rejet du libéralisme...</span></i></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Les idées économiques en général, et les manuels d'introduction à l'histoire des doctrines économiques, laissent peu de place aux filons hétérodoxes.</span> Ces manuels, que l'on impose aux étudiants dans leurs premières années et qui sont destinés à leur donner une sorte de fil d'Ariane pour s'y retrouver dans la succession des idées économiques, n'abordent quasiment plus les théories de l'école historique allemande et leurs nombreux avatars en Allemagne et ailleurs (en Belgique : Émile de Laveleye, à la fin du XIXe siècle, exposant et vulgarisateur génial des thèses de l'école historique allemande). À la notable exception des manuels d'Albertini et Silem, déjà cités. Une prise en compte des chapitres consacrés aux hétérodoxies vous apporterait la précision que vous réclamez dans votre question. De Sismondi à List, et de Rodbertus à Schumpeter, une autre vision de l'économie se dégage, qui met l'accent sur le contexte et accepte la variété infinie des modes de pratiquer l'économie politique. Ces doctrines ne rejettent pas tant le libéralisme, puisque certains de ces exposants se qualifient eux-mêmes de "libéraux", que le refus de prendre acte des différences contextuelles et circonstancielles où l'économie politique est appelée à se concrétiser.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le "libéralisme" pur, rejeté par les révolutionnaires conservateurs, est un universalisme. Il croit qu'il peut s'appliquer partout dans le monde sans tenir compte des facteurs variables du climat, de la population, de l'histoire de cette population, des types de culture qui y sont traditionnellement pratiqués, etc. Cette illusion universaliste est partagée par les 2 autres piliers (marxiste-soviétique et keynésien-social-démocrate) de l'orthodoxie économique. Les illusions universalistes de l'orthodoxie ont not. conduit à la négligence des cultures vivrières dans le tiers monde, à la multiplication des monocultures (qui épuisent les sols et ne couvrent pas l'ensemble des besoins alimentaires et vitaux d'une population) et, <i>ipso facto</i>, aux famines, dont celles du Sahel et de l'Éthiopie restent ancrées dans les mémoires.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Dans le corpus de la ND, l'intérêt pour le contexte en économie s'est traduit par une série d'études sur les travaux du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales), dont les figures de proue, étiquetées de "gauche", ont exploré un éventail de problématiques intéressantes, approfondit la notion de "don" (c'est-à-dire des formes d'économie traditionnelle non basée sur l'axiomatique de l'intérêt et du profit). <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Les moteurs de cet institut sont not. Serge Latouche et Alain Caillé.</span> Dans le cadre de la ND, ce sera surtout Charles Champetier qui s'occupera de ces thématiques. Avec un incontestable brio. Cependant, à rebours de ces félicitations qu'on doit lui accorder pour son travail d'exploration, il faut dire qu'une transposition pure et simple du corpus du MAUSS dans celui de la ND était impossible dans la mesure, justement, où la ND n'avait rien préparé de bien précis sur les approches contextualistes en économie, tant celles des doctrines classées à droite que celles classées à gauche. Notamment aucune étude documentaire, visant à réinjecter dans le débat les démarches historiques (donc contextualistes), n'a été faite sur les écoles historiques allemandes et leurs avatars, véritable volet économique d'une <i>Révolution conservatrice</i>, qui ne se limite pas, évidemment, à l'espace-temps qui va de 1918 à 1932 (auquel Armin Mohler, pour ne pas sombrer dans une exhaustivité non maîtrisable, avait dû se limiter).</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Les racines de la <i>Révolution conservatrice</i> remontent au romantisme allemand, dans la mesure où il fut une réaction contre le "géométrisme" universaliste des Lumières et de la Révolution française : elle englobe par ailleurs tous les travaux des philologues du XIXe siècle qui ont approfondi nos connaissances sur l'antiquité et les mondes dits "barbares" (soit la périphérie persane, germanique, dace et maure de l'empire romain chez un Franz Altheim), l'école historique en économie et les sociologies qui y sont apparentées, la révolution esthétique amorcée par les pré-raphaëlites anglais, par John Ruskin, par le mouvement Arts & Crafts en Angleterre, par les travaux de Pernerstorfer en Autriche, par l'architecture de Horta et les mobiliers de Van de Velde en Belgique, etc. L'erreur des journalistes parisiens qui ont parlé à tort et à travers de la "Révolution conservatrice", sans avoir de culture germanique véritable, sans partager véritablement les ressorts de l'âme nord-européenne (ni d'ailleurs ceux de l'âme ibérique ou italienne), est d'avoir réduit cette révolution aux expressions qu'elle a prises uniquement en Allemagne dans les années tragiques, dures et éprouvantes d'après 1918. En ce sens la ND a manqué de profondeur culturelle et temporelle, n'a pas eu l'épaisseur suffisante pour s'imposer magistralement à l'inculture dominante.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">[Pour en savoir plus : Charles CHAMPETIER, "Alain Caillé et le MAUSS : critique de la raison utilitaire", in : <i>Vouloir,</i> n°65/67, 1990]</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Pour revenir plus directement aux questions économiques, disons qu'une <i>révolution conservatrice</i>, est révolutionnaire dans la mesure où elle vise à abattre les modèles universalistes calqués sur le géométrisme révolutionnaire (selon l'expression de Gusdorf), et conservatrice dans la mesure où elle vise un retour aux contextes, à l'histoire qui les a fait émerger et les a dynamisés. De même dans le domaine de l'urbanisme, toute <i>révolution conservatrice</i> vise à gommer les laideurs de l'industrialisme (projet des pré-raphaëlites anglais et de leurs élèves autrichiens autour de Pernerstorfer) ou du modernisme géométrique, pour renouer avec des traditions du passé (Arts & Crafts) ou pour faire éclore de nouvelles formes inédites (MacIntosh, Horta, Van de Velde).</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le contexte, où se déploie une économie, n'est pas un contexte exclusivement déterminé par l'économie, mais par une quantité d'autres facteurs. D'où la critique néo-droitiste de l'économisme, ou du "tout-économique". Cette critique n'a malheureusement pas souligné la parenté philosophique des démarches non économiques (artistiques, culturelles, littéraires) avec la démarche économique de l'école historique.</span></b></span></span></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: rgb(145, 27, 46);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><i><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">• Est-il exact de dire que Synergon, contrairement au GRECE, accorde moins d'attention au travail purement culturel et davantage aux événements politiques concrets ?</span></i></b></span></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Nous n'accordons pas moins d'attention au travail culturel. Nous en accordons tout autant. Mais nous accordons effectivement, comme vous l'avez remarqué, une attention plus soutenue aux événements du monde. Deux semaines avant de mourir, le leader spirituel des indépendantistes bretons, Olier Mordrel, qui suivait nos travaux, m'a téléphoné, sachant que sa mort était proche, pour faire le point, pour entendre une dernière fois la voix de ceux dont il se sentait proche intellectuellement, mais sans souffler le moindre mot sur son état de santé, car, pour lui, il n'était pas de mise de se plaindre ou de se faire plaindre. Il m'a dit : "Ce qui rend vos revues indispensables, c'est le recours constant au vécu". J'ai été très flatté de cet hommage d'un aîné, qui était pourtant bien avare de louanges et de flatteries.</span> Votre question indique que vous avez sans doute perçu, à 16 ans de distance et par les lectures relatives au thème de votre mémoire, le même état de choses qu'Olier Mordrel, à la veille de son trépas. Le jugement d'Olier Mordrel me paraît d'autant plus intéressant, rétrospectivement, qu'il est un témoin privilégié : revenu de son long exil argentin et espagnol, il apprend à connaître assez tôt la nouvelle droite, juste avant qu'elle ne soit placée sous les feux de rampe des médias. Il vit ensuite son apogée et le début de son déclin. Et il attribuait ce déclin à une incapacité d'appréhender le réel, le vivant et les dynamiques à l'oeuvre dans nos sociétés et dans l'histoire.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><b>Le recours à Heidegger</b></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Cette volonté de l'appréhender, ou, pour parler comme <a target="_blank" href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2007/07/05/mh1.html"><span style="color: rgb(128, 0, 128);">Heidegger</span></a>, de l'arraisonner pour opérer le dévoilement de l'Être et sortir ainsi du nihilisme (de l'oubli de l'Être), implique toute à la fois de recenser inlassablement les faits de monde présents et passés (mais qui, potentiellement, en dépit de leur sommeil momentané, peuvent toujours revenir à l'avant-plan), mais aussi de les solliciter de mille et une manières nouvelles pour faire éclore de nouvelles constellations idéologiques et politiques, et de les mobiliser et de les instrumentaliser pour détruire et effacer les pesanteurs issues des géométrismes institutionnalisés. Notre démarche procède clairement d'une volonté de concrétiser les visions philosophiques de Heidegger, dont la langue, trop complexe, n'a pas encore généré d'idéologie et de praxis révolutionnaires (et conservatrices !).</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus : R. STEUCKERS, "La philosophie de l'argent et la philosophie de la Vie chez Georg Simmel (1858-1918)", in <i>Vouloir</i> n°11, 1999]</span></span></b></span></span></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: rgb(145, 27, 46);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><i><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">• Est-il exact d'affirmer que Synergies Européennes constituent l'avatar actuel du corpus doctrinal national-révolutionnaire (dont le national-bolchevisme est une forme) ?</span></i></b></span></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Je perçois dans votre question une vision un peu trop mécanique de la trajectoire idéologique qui va de la <i>Révolution conservatrice</i> et de ses filons nationaux-révolutionnaires (du temps de Weimar) à l'actuelle démarche de "Synergies Européennes". Vous semblez percevoir dans notre mouvance une transposition pure et simple du corpus national-révolutionnaire de Weimar dans notre époque. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Une telle transposition serait un anachronisme, donc une sottise. Toutefois, dans ce corpus, les idées de Niekisch sont intéressantes à analyser, de même que son itinéraire personnel et ses mémoires. Cependant, le texte le plus intéressant de cette mouvance reste celui co-signé par les frères Jünger, Ernst et surtout Friedrich-Georg, et intitulé <i>Aufstieg des Nationalismus.</i></span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Pour les frères Jünger, dans cet ouvrage et dans d'autres articles ou courriers importants de l'époque, le "nationalisme" est synonyme de "particularité" ou d'"originalité", particularité et originalité qui doivent rester telles, ne pas se laisser oblitérer par un schéma universaliste ou par une phraséologie creuse que ses utilisateurs prétendent progressiste ou supérieure, valable en tout temps et en tout lieu, discours destiné à remplacer toutes les langues et toutes les poésies, toutes les épopées et toutes les histoires. Poète, Friedrich-Georg Jünger, dans ce texte-manifeste des nationaux-révolutionnaires des années de Weimar, oppose les traits rectilignes, les géométries rigides, propres de la phraséologie libérale-positiviste, aux sinuosités, aux méandres, aux labyrinthes et aux tracés serpentants du donné naturel, organique.</span> En ce sens, il préfigure la pensée d'un Gilles Deleuze, avec son rhizome s'insinuant partout dans le plan territorial, dans l'espace, qu'est la Terre. De même, l'hostilité du "nationalisme", tel que le concevaient les frères Jünger, aux formes mortes et pétrifiées de la société libérale et industrielle ne peut se comprendre que parallèlement aux critiques analogues de Heidegger et de Simmel.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Dans la plupart des cas, les cercles actuels, dits nationaux-révolutionnaires, souvent dirigés par de faux savants (très prétentieux), de grandes gueules insipides ou des frustrés qui cherchent une manière inhabituelle de se faire valoir, se sont effectivement borné à reproduire, comme des chromos, les phraséologies de l'ère de Weimar. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">C'est à la fois une insuffisance et une pitrerie. Ce discours doit être instrumentalisé, utilisé comme matériau, mais de concert avec des matériaux philosophiques ou sociologiques plus scientifiques, plus communément admis dans les institutions scientifiques, et confrontés évidemment avec la réalité mouvante, avec l'actualité en marche.</span> Les petites cliques de faux savants et de frustrés atteints de führerite aigüe ont évidemment été incapables de parfaire un tel travail.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><b>Au-delà de “Aufstieg des Nationalismus”</b></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Ensuite, il me semble impossible, aujourd'hui, de renouer de manière acritique avec les idées contenues dans <i>Aufstieg des Nationalismus</i> et dans les multiples revues du temps de la République de Weimar <i>(Die Kommenden, Widerstand</i> d'Ernst Niekisch<i>, Der Aufbruch, Die Standarte, Arminius, Der Vormarsch, Der Anmarsch, Die deutsche Freiheit, Der deutsche Sozialist, Entscheidung</i> de Niekisch, <i>Der Firn,</i> également de Niekisch, <i>Junge Politik, Politische Post, Das Reich</i> de Friedrich Hielscher, <i>Die sozialistische Nation</i> de Karl Otto Paetel, <i>Der Vorkämpfer, Der Wehrwolf,</i> etc.). Quand je dis "a-critique", je ne veux pas dire qu'il faut soumettre ce corpus doctrinal à une critique dissolvante, qu'il faut le rejeter irrationnellement comme immoral ou anachronique, comme le font ceux qui tentent de virer leur cuti ou de se dédouaner. Je veux dire qu'il faut le relire attentivement mais en tenant bien compte des diverses évolutions ultérieures de leurs auteurs et des dynamiques qu'ils ont suscitées dans d'autres champs que celui, réduit, du nationalisme révolutionnaire.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Exemple : Friedrich Georg Jünger édite en 1949 la version finale de son ouvrage <i>Die Perfektion der</i> <i>Technik,</i> qui jette les fondements de toute la pensée écologique allemande de notre après-guerre, du moins dans ses aspects non politiciens qui, en tant que tels, et par là-même, sont galvaudés et stupidement caricaturaux. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Plus tard, il lance une revue de réflexion écologique, <i>Scheidewege,</i> qui continue à paraître après sa mort, survenue en 1977. Il faut donc relire <i>Aufstieg des</i> <i>Nationalismus</i> à la lumière de ces publications ultérieures et coupler le message national-révolutionnaire et soldatique des années 20, où pointaient déjà des intuitions écologiques, aux corpus biologisants, écologiques, organiques commentés en long et en large dans les colonnes de <i>Scheidewege.</i></span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">En 1958, <a target="_blank" href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2007/05/26/3dej.html"><span style="color: rgb(128, 0, 128);">Ernst Jünger</span></a> fonde avec Mircea Eliade et avec le concours de Julius Evola et du traditionaliste allemand Leopold Ziegler la revue <i>Antaios,</i> dont l'objectif est d'immerger ses lecteurs dans les grandes traditions religieuses du monde. Ensuite, Martin Meyer a étudié l'œuvre d'Ernst Jünger dans tous ses aspects et montré clairement les liens qui unissent cette pensée, qui couvre un siècle tout entier, à quantité d'autres mondes intellectuels, tels le surréalisme, toujours oublié par les nationaux-révolutionnaires de Nantes ou d'ailleurs et par les néo-droitistes parisiens qui se prennent pour des oracles infaillibles, mais qui ne savent finalement pas grand chose, quand on prend la peine de gratter un peu...</span> Par coquetterie parisienne, on tente de se donner un look allemand, un look "casque à boulons", qui sied à tous ces zigomars comme un chapeau melon londonien à un Orang-Outan... <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Meyer rappelle ainsi l'œuvre picturale de Kubin, le rapport étroit entre Jünger et Walter Benjamin, la distance esthétique et la désinvolture qui lient Jünger aux dandies, aux esthètes et à bon nombre de romantiques, l'influence de Léon Bloy sur cet écrivain allemand mort à 102 ans, l'apport de <a target="_blank" href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2009/11/05/schmitt.html"><span style="color: rgb(128, 0, 128);">Carl Schmitt</span></a> dans ses démarches, le dialogue capital avec Heidegger amorcé dans le deuxième après-guerre, l'impact de la philosophie de la nature de Gustav Theodor Fechner, etc.</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">En France, les nationaux-révolutionnaires et les néo-droitistes anachroniques et caricaturaux devraient tout de même se rappeler la proximité de Drieu La Rochelle avec les surréalistes de Breton, not. quand Drieu participait au fameux "Procès Barrès" mis en scène à Paris pendant la Première Guerre mondiale. La transposition acritique du discours national-révolutionnaire allemand des années 20 dans la réalité d'aujourd'hui est un expédiant maladroit, souvent ridicule, qui ignore délibérément l'ampleur incalculable de la trajectoire post-nationale-révolutionnaire des frères Jünger, des mondes qu'ils ont abordés, travaillés, intériorisés. La même remarque vaut not. pour la mauvaise réception de Julius Evola, sollicité de manière tout aussi maladroite et caricaturale par ces nervis pseudo-activistes, ces sectataires du satano-sodomisme saturnaliste basé à l'embouchure de la Loire ou ces métapolitologues pataphysiques et porno-vidéomanes, qui ne débouchent généralement que dans le solipsisme, la pantalonnade ou la parodie.<br /></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus, de R. Steuckers : 1) "L'itinéraire philosophique et poétique de Friedrich-Georg Jünger", in : <i>Vouloir,</i> n°45/46, 1988 ; 2) "Friedrich-Georg Jünger"<i>,</i> Synergies, Forest, 1996].</span></span></b></span></span></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: rgb(145, 27, 46);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span lang="EN-GB" lang="EN-GB"><i>• Pourquoi Synergies accorde-t-elle tant d'attention à la Russie, outre le fait que ce pays fasse partie de l'ensemble eurasien ?</i></span></b></span></span></span></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">L'attention que nous portons à la Russie procède d'une analyse géopolitique de l'histoire européenne. La première intuition qui a mobilisé nos efforts depuis près d'un quart de siècle, c'est que l'Europe, dans laquelle nous étions nés, celle de la division sanctionnée par les conférences de Téhéran, Yalta et Postdam, était invivable, condamnait nos peuples à sortir de l'histoire, à vivre une stagnation historique, économique et politique, ce qui, à terme, signifie la mort. Bloquer l'Europe à hauteur de la frontière entre l'Autriche et la Hongrie, couper l'Elbe à hauteur de Wittenberge et priver Hambourg de son <i>hinterland</i> brandebourgeois, saxon et bohémien, sont autant de stratégies d'étranglement.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le Rideau de Fer coupait l'Europe industrielle de territoires complémentaires et de cette Russie, qui, à la fin du XIXe siècle, devenait le fournisseur de matières premières de l'Europe, la prolongation vers le Pacifique de son territoire, le glacis indispensable verrouillant le territoire de l'Europe contre les assauts des peuples de la steppe qu'elle avait subis jusqu'au XVIe siècle. La propagande anglaise décrivait le Tsar comme un monstre en 1905 lors de la guerre russo-japonaise, favorisait les menées séditieuses en Russie, afin de freiner cette synergie euro-russe d'avant le communisme. Le communisme, financé par des banquiers new-yorkais, tout comme la flotte japonaise en 1905, a servi à créer le chaos en Russie et à empêcher des relations économiques optimales entre l'Europe et l'espace russo-sibérien.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Exactement comme la Révolution française, appuyé par Londres (cf. Olivier Blanc, <i>Les hommes de Londres,</i> Albin Michel), a ruiné la France, a annihilé tous ses efforts pour se constituer une flotte atlantique et se tourner vers le large plutôt que vers nos propres territoires, a fait des masses de conscrits français (et nord-africains) une chaire à canon pour la <i>City</i>, pendant la guerre de Crimée, en 1914-1918 et en 1940-45. Une France tournée vers le large, comme le voulait d'ailleurs Louis XVI, aurait engrangé d'immenses bénéfices, aurait assuré une présence solide dans le Nouveau Monde et en Afrique dès le XVIIIe siècle, n'aurait probablement pas perdu ses comptoirs indiens. Une France tournée vers la ligne bleue des Vosges a provoqué sa propre implosion démographique, s'est suicidée biologiquement.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le ver était dans le fruit : après la perte du Canada en 1763, une maîtresse hissée au rang de marquise a dit : "Bah ! Que nous importent ces quelques arpents de neige" et "après nous, le déluge". Grande clairvoyance politique ! Qu'on peut comparer à celle d'un métapolitologue du XIe arrondissement, qui prend de haut les quelques réflexions de Guillaume Faye sur l'“Eurosibérie” ! En même temps, cette monarchie française sur le déclin s'accrochait à notre Lorraine impériale, l'arrachait à sa famille impériale naturelle, scandale auquel le gouverneur des Pays-Bas autrichiens, Charles de Lorraine n'a pas eu le temps de remédier ; Grand Maître de l'Ordre Teutonique, il voulait financer sa reconquête en payant de sa propre cassette une armée bien entraînée et bien équipée de 70.000 hommes, triés sur le volet. Sa mort a mis un terme à ce projet. Cela a empêché les armées européennes de disposer du glacis lorrain pour venir mettre un terme, quelques années plus tard, à la comédie révolutionnaire qui ensanglantait Paris et allait commettre le génocide vendéen. Pour le grand bénéfice des services de Pitt !</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Dans l'état actuel de nos recherches, nous constatons d'abord que le projet de reforger une alliance euro-russe indéfectible n'est pas une anomalie, une lubie ou une idée originale. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">C'est tout le contraire ! C'est le souci impérial récurrent depuis Charlemagne et Othon I ! Quarante ans de Guerre Froide, de division Est-Ouest et d'abrutissement médiatique téléguidé depuis les États-Unis ont fait oublier à 2 ou 3 générations d'Européens les ressorts de leur histoire.</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><b><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Le <i>limes</i> romain sur le Danube</span></b></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Ensuite, nos lectures nous ont amenés à constater que l'Europe, dès l'époque carolingienne, s'est voulue l'héritière de l'Empire romain et a aspiré à restituer celui-ci tout le long de l'ancien <i>limes</i> danubien.</span> Rome avait contrôlé le Danube de sa source à son embouchure dans la Mer Noire, en déployant une flotte fluviale importante, rigoureusement organisée, en construisant des ouvrages d'art, dont des ponts de dimensions colossales pour l'époque (avec piliers de 45 m de hauteur dans le lit du fleuve), en améliorant la technique des ponts de bateaux pour les traversées offensives de ses légions, en concentrant dans la trouée de Pannonie plusieurs légions fort aguerries et disposant d'un matériel de pointe, de même que dans la province de Scythie, correspondant à la Dobroudja au sud du delta du Danube. L'objectif était de contenir les invasions venues des steppes surtout au niveau des 2 points de passage sans relief important que sont justement la plaine hongroise (la "puszta") et cette Dobroudja, à la charnière de la Roumanie et de la Bulgarie actuelles.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Un empire ne pouvait éclore en Europe, dans l'antiquité et au haut Moyen Âge, si ces points de passage n'étaient pas verrouillés pour les peuples non européens de la steppe. Ensuite, dans le cadre de la Sainte-Alliance du Prince Eugène (cf. <i>infra</i>), il fallait les dégager de l'emprise turque ottomane, irruption étrangère à l'européité, venue du Sud-Est. Après les études de l'Américain Edward Luttwak sur la stratégie militaire de l'Empire romain, on constate que celui-ci n'était pas seulement un empire circum-méditerranéen, centré autour de la <i>Mare Nostrum</i>, mais aussi un empire danubien, voire rhéno-danubien, avec un fleuve traversant toute l'Europe, où sillonnait non seulement une flotte militaire, mais aussi une flotte civile et marchande, permettant les échanges avec les tribus germaniques, daces ou slaves du Nord de l'Europe. L'arrivée des Huns dans la trouée de Pannonie bouleverse cet ordre du monde antique. L'étrangeté des Huns ne permet pas de les transformer en <i>Foederati</i> comme les peuples germaniques ou daces.</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Les Carolingiens voudront restaurer la libre circulation sur le Danube en avançant leurs pions en direction de la Pannonie occupée par les Avars, puis par les Magyars. Charlemagne commence à faire creuser le canal Rhin-Danube que l'on nommera la <i>Fossa Carolina.</i> On pense qu'elle a été utilisée, pendant un très bref laps de temps, pour acheminer troupes et matériels vers le Noricum et la Pannonie. Charlemagne, en dépit de ses liens privilégiés avec la Papauté romaine, souhaitait ardemment la reconnaissance du Basileus byzantin et envisageait même de lui donner la main d'une de ses filles. Aix-la-Chapelle, capitale de l'Empire germanique, est construite comme un calque de Byzance, titulaire légitime de la dignité impériale. Le projet de mariage échoue, sans raison apparente autre que l'attachement personnel de Charlemagne à ses filles, qu'il désirait garder près de lui, en en faisant les maîtresses des grands abbés carolingiens, sans la moindre pudibonderie. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Cet attachement paternel n'a donc pas permis de sceller une alliance dynastique entre l'Empire germanique d'Occident et l'Empire romain d'Orient. L'ère carolingienne s'est finalement soldée par un échec, à cause d'une constellation de puissances qui lui a été néfaste : les rois francs, puis les Carolingiens (et avant eux, les Pippinides), se feront les alliés, parfois inconditionnels, du Pape romain, ennemis du christianisme irlando-écossais, qui missionne l'Allemagne du Sud danubienne, et de Byzance, héritière légale de l'impérialité romaine.</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);">La papauté va vouloir utiliser les énergies germaniques et franques contre Byzance, sans autre but que d'asseoir sa seule suprématie. Alors qu'il aurait fallu continuer l'oeuvre de pénétration pacifique des Irlando-Ecossais vers l'Est danubien, à partir de Bregenz et de Salzbourg, favoriser la transition pacifique du paganisme au christianisme irlandais au lieu d'accorder un blanc seing à des zélotes à la solde de Rome comme Boniface, parce que la variante irlando-écossaise du christianisme ne s'opposait pas à l'orthodoxie byzantine et qu'un modus vivendi aurait pu s'établir ainsi de l'Irlande au Caucase. Cette synthèse aurait permis une organisation optimale du continent européen, qui aurait rendu impossible le retour des peuples mongols et les invasions turques des Xe et XIe siècles. Ensuite, la <i>reconquista</i> de l'Espagne aurait été avancée de six siècles !</span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><b>[Pour en savoir plus : R. STEUCKERS, "Mystères pontiques et panthéisme celtique à la source de la spiritualité européenne", in</b> <b><i>NdSE</i> n°39, 1999].</b></span><br /><br /></span></span> <span style="font-size: medium;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Après Lechfeld en 955, l'organisation de la trouée pannonienne</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Ces réflexions sur l'échec des Carolingiens, exemplifié par la bigoterie stérile et criminelle de son descendant Louis le Pieux, démontre qu'il n'y a pas de bloc civilisationnel européen cohérent sans une maîtrise et une organisation du territoire de l'embouchure du Rhin à la Mer Noire. D'ailleurs, fait absolument significatif, Othon I reçoit la dignité impériale après la bataille de Lechfeld en 955, qui permet de reprendre pied en Pannonie, après l'élimination des partisans du khan magyar Horka Bulcsu, et l'avènement des Arpads, qui promettent de verrouiller la trouée pannonienne comme l'avaient fait les légions romaines au temps de la gloire de l'Urbs. Grâce à l'armée germanique de l'Empereur Othon I et la fidélité des Hongrois à la promesse des Arpads, le Danube redevient soit germano-romain soit byzantin (à l'Est des "cataractes" de la Porte de Fer). Si la Pannonie n'est plus une voie de passage pour les nomades d'Asie qui peuvent disloquer toute organisation politique continentale en Europe, <i>ipso facto</i>, l'impérialité est géographiquement restaurée.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Othon I, époux d'Adelaïde, héritière du royaume lombard d'Italie, entend réorganiser l'Empire en assurant sa mainmise sur la péninsule italique et en négociant avec les Byzantins, en dépit des réticences papales. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">En 967, 12 ans après Lechfeld, 5 ans après son couronnement, Othon reçoit une ambassade du Basileus byzantin Nicéphore Phocas et propose une alliance conjointe contre les Sarrasins. Elle se réalisera tacitement avec le successeur de Nicéphore Phocas, plus souple et plus clairvoyant, Ioannes Tzimisces, qui autorise la Princesse byzantine Théophane à épouser le fils d'Othon I, le futur Othon II en 972.</span> Othon II ne sera pas à la hauteur, essuyant une défaite terrible en Calabre en 983 face aux Sarrasins. Othon III, fils de Théophane, qui devient régente en attendant sa majorité, ne parviendra pas à consolider son double héritage, germanique et byzantin.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le règne ultérieur d'un Konrad II sera exemplaire à ce titre. Cet empereur salien vit en bonne intelligence avec Byzance, dont les territoires à l'Est de l'Anatolie commencent à être dangereusement harcelés par les raids seldjoukides et les rezzou arabes. L'héritage othonien en Pannonie et en Italie ainsi que la paix avec Byzance permettent une véritable renaissance en Europe, confortée par un essor économique remarquable. Grâce à la victoire d'Othon I et à l'inclusion de la Pannonie des Arpad dans la dynamique impériale européenne, l'économie de notre continent entre dans une phase d'essor, la croissance démographique se poursuit (de l'an 1000 à 1150 la population augmente de 40%), le défrichage des forêts bat son plein, l'Europe s'affirme progressivement sur les rives septentrionales de la Méditerranée et les cités italiennes amorcent leur formidable processus d'épanouissement, les villes rhénanes deviennent des métropoles importantes (Cologne, Mayence, Worms avec sa superbe cathédrale romane).</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Cet essor et le règne paisible mais fort de Konrad II démontrent que l'Europe ne peut connaître la prospérité économique et l'épanouissement culturel que si l'espace entre la Moravie et l'Adriatique est sécurisé. Dans tous les cas contraires, c'est le déclin et le marasme. Leçon historique cardinale qu'ont retenue les fossoyeurs de l'Europe : à Versailles en 1919, ils veulent morceler le cours du Danube en autant d'États antagonistes que possible ; en 1945, ils veulent établir une césure sur le Danube à hauteur de l'antique frontière entre le Noricum et la Pannonie ; entre 1989 et 2000, ils veulent installer une zone de troubles permanents dans le Sud-Est européen afin d'éviter la soudure Est-Ouest et inventent l'idée d'un fossé civilisationnel insurmontable entre un Occident protestant-catholique et un Orient orthodoxe-byzantin (cf. les thèses de Samuel Huntington).</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Au Moyen Âge, c'est la Rome papale qui va torpiller cet essor en contestant le pouvoir temporel des Empereurs germaniques et en affaiblissant de la sorte l'édifice européen tout entier, privé d'un bras séculier puissant et bien articulé. Le souhait des empereurs était de coopérer dans l'harmonie et la réciprocité avec Byzance, pour restaurer l'unité stratégique de l'Empire romain avant la césure Occident/Orient. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Mais Rome est l'ennemie de Byzance, avant même d'être l'ennemie des Musulmans. À l'alliance tacite, mais très mal articulée, entre l'Empereur germanique et le Basileus byzantin, la Papauté opposera l'alliance entre le Saint-Siège, le royaume normand de Sicile et les rois de France, alliance qui appuie aussi tous les mouvements séditieux et les intérêts sectoriels et bassement matériels en Europe, pourvu qu'ils sabotent les projets impériaux.</span></span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Le rêve italien des Empereurs germaniques</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le rêve italien des Empereurs, d'Othon III à Frédéric II de Hohenstaufen, vise à unir sous une même autorité suprême les 2 grandes voies de communication aquatiques en Europe : le Danube au centre des terres et la Méditerranée, à la charnière des 3 continents. À rebours des interprétations nationales-socialistes ou folcistes ("völkisch") de Kurt Breysig et d'Adolf Hitler lui-même, qui n'ont eu de cesse de critiquer l'orientation italienne des Empereurs germaniques du Haut Moyen Âge, force est de constater que l'espace entre Budapest (l'antique Aquincum des Romains) et Trieste sur l'Adriatique, avec, pour prolongement, la péninsule italienne et la Sicile, permettent, si ces territoires sont unis par une même volonté politique, de maîtriser le continent et de faire face à toutes les invasions extérieures : celles des nomades de la steppe et du désert arabique. Les Papes contesteront aux Empereurs le droit de gérer pour le bien commun du continent les affaires italiennes et siciliennes, qu'ils considéraient comme des apanages personnels, soustraits à toute logique continentale, politique et stratégique : en agissant de la sorte, et avec le concours des Normands de Sicile, ils ont affaibli leur ennemie, Byzance, mais, en même temps, l'Europe toute entière, qui n'a pas pu reprendre pied en Afrique du Nord, ni libérer la péninsule ibérique plus tôt, ni défendre l'Anatolie contre les Seldjoukides, ni aider la Russie qui faisait face aux invasions mongoles. La situation exigeait la fédération de toutes les forces dans un projet commun.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Par les menées séditieuses des Papes, des rois de France, des émeutiers lombards, des féodaux sans scrupules, notre continent n'a pas pu être "membré" de la Baltique à l'Adriatique, du Danemark à la Sicile (comme l'avait également voulu un autre esprit clairvoyant du XIIIe siècle, le Roi de Bohème Ottokar II Premysl). L'Europe était dès lors incapable de parfaire de grands desseins en Méditerranée (d'où la lenteur de la <i>reconquista</i>, laissée aux seuls peuples hispaniques, et l'échec des croisades). Elle était fragilisée sur son flanc oriental et a failli, après les désastres de Liegnitz et de Mohi en 1241, être complètement conquise par les Mongols. Cette fragilité, qui aurait pu lui être fatale, est le résultat de l'affaiblissement de l'institution impériale à cause des manigances papales.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);">De la nécessaire alliance des deux impérialités européennes</span></span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">En 1389, les Serbes s'effondrent devant les Turcs lors de la fameuse bataille du Champs des Merles, prélude dramatique à la chute définitive de Constantinople en 1453. L'Europe est alors acculée, le dos à l'Atlantique et à l'Arctique. La seule réaction sur le continent vient de Russie, pays qui hérite ainsi <i>ipso facto</i> de l'impérialité byzantine à partir du moment où celle-ci cesse d'exister. Moscou devient donc la "Troisième Rome"; elle hérite de Byzance la titulature de l'impérialité orientale. Il y avait 2 empires en Europe, l'Empire romain d'Occident et l'Empire romain d'Orient ; il y en a toujours 2 malgré la chute de Constantinople : le Saint-Empire romain germanique et l'Empire russe. Ce dernier passe directement à l'offensive, grignote les terres conquises par les Mongols, détruit les royaumes tatars de la Volga, pousse vers la Caspienne. Par conséquent, tradition et géopolitique obligent : l'alliance voulue par les empereurs germaniques depuis Charlemagne entre Aix-la-Chapelle et Byzance, doit être poursuivie mais, dorénavant, par une alliance impériale germano-russe. L'Empereur d'Occident (germanique) et l'Empereur d'Orient (russe) doivent agir de concert pour repousser les ennemis de l'Europe (espace stratégique à 2 têtes comme l'est l'aigle bicéphale) et dégager nos terres de l'encerclement ottoman et musulman, avec l'appui des rois locaux : rois d'Espagne, de Hongrie, etc. Telle est la raison historique, métaphysique et géopolitique de toute alliance germano-russe.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Cette alliance fonctionnera, en dépit de la trahison française. La France était hostile à Byzance pour le compte des Papes anti-impériaux de Rome. Elle participera à la destruction des glacis de l'Empire à l'Ouest et s'alliera aux Turcs contre le reste de l'Europe. D'où les contradictions insolubles des "nationalistes" français : simultanément, ils se réclament de Charles Martel (un Austrasien de nos pays d'entre Meuse et Rhin, appelé au secours d'une Neustrie et d'une Aquitaine mal organisées, décadentes et en proie à toutes sortes de dissensions, qui n'avaient pas su faire face à l'invasion arabe) mais ces mêmes nationalistes français avalisent les crimes de trahison des rois, cardinaux et ministres félons : François I, Henri II, Richelieu, Louis XIV, Turenne, voire des séides de la Révolution, comme si, justement, Charles Martel l'Austrasien n'avait jamais existé !</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">L'Alliance austro-russe fonctionne avec la Sainte-Alliance mise sur pied par Eugène de Savoie à la fin du XVIIe siècle, qui repousse les Ottomans sur toutes les frontières, de la Bosnie au Caucase. L'intention géopolitique est de consolider la trouée pannonienne, de maître en service une flotte fluviale danubienne, d'organiser une défense en profondeur de la frontière par des unités de paysans-soldats croates, serbes, roumains, appuyés par des colons allemands et lorrains, de libérer les Balkans et, en Russie, de reprendre la Crimée et de contrôler les côtes septentrionales de la Mer Noire, afin d'élargir l'espace européen à son territoire pontique au complet. Au XVIIIe siècle, Leibniz réitère cette nécessité d'inclure la Russie dans une grande alliance européenne contre la poussée ottomane. Plus tard, la Sainte-Alliance de 1815 et la Pentarchie du début du XIXe siècle prolongeront cette même logique. L'alliance des 3 empereurs de Bismarck et la politique de concertation avec Saint-Pétersbourg, qu'il n'a cessé de pratiquer, sont des applications modernes du voeu de Charlemagne (non réalisé) et d'Othon I, véritable fondateur de l'Europe. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Dès que ces alliances n'ont plus fonctionné, l'Europe est entrée dans une nouvelle phase de déclin, au profit, notamment, des États-Unis.</span></span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le Traité de Versailles de 1919 vise la neutralisation de l'Allemagne et son pendant, le Traité du Trianon, sanctionne le morcellement de la Hongrie, privée de son extension dans les Tatras (la Slovaquie) et de son union avec la Croatie créée par le roi Tomislav, union instaurée plus tard par la <i>Pacta Conventa</i> en 1102, sous la direction du roi hongrois Koloman Könyves ("Celui qui aimait les livres jusqu'à la folie"). Versailles détruit ce que les Romains avaient uni, restaure ce que les troubles des siècles sombres avaient imposé au continent, détruit l'oeuvre de la Couronne de Saint-Etienne qui avait harmonieusement restauré l'ordre romain tout en respectant la spécificité croate et dalmate.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Versailles a surtout été un crime contre l'Europe parce que cette nécessaire harmonie hungaro-croate en cette zone géographique clef a été détruite et a précipité à nouveau l'Europe dans une période de troubles inutiles, à laquelle un nouvel empereur devra nécessairement, un jour, mettre un terme. Wilson, Clemenceau et Poincaré, la France et les États-Unis, portent la responsabilité de ce crime devant l'histoire, de même que les tenants écervelés de cette éthique de la conviction (et, partant, de l'irresponsabilité) portée par le laïcisme de mouture franco-révolutionnaire. Derrière l'hostilité de façade à la religion catholique qu'elle professe, cette idéologie pernicieuse a agi exactement comme les papes simoniaques du Moyen Âge : elle a détruit les principes d'organisation optimaux de notre Europe, ses adeptes étant aveuglés par des principes fumeux et des intérêts sordides, sans profondeur historique et temporelle. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Principes et intérêts totalement inaptes à fournir les assises d'une organisation politique, pour ne même pas parler d'un empire.</span></span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Face à ce désastre, Arthur Moeller van den Bruck, figure de proue de la <i>Révolution conservatrice</i>, lance l'idée d'une nouvelle alliance avec la Russie en dépit de l'installation au pouvoir du bolchevisme léniniste, car le principe de l'alliance des 2 Empires doit demeurer envers et contre la désacralisation, l'horizontalisation et la profanation de la politique. Le Comte von Brockdorff-Rantzau appliquera cette diplomatie, ce qui conduira à l'anti-Versailles germano-soviétique : les accords de Rapallo signés entre Rathenau et Tchitcherine en 1922.</span> De là, nous revenons à la problématique du "national-bolchevisme" que j'ai évoquée par ailleurs dans cet entretien.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Dans les années 80, quand l'évolution des stratégies militaires, des armements et surtout des missiles balistiques inter-continentaux, amène au constat qu'aucune guerre nucléaire n'est possible en Europe sans la destruction totale des pays engagés, il apparaît nécessaire de sortir de l'impasse et de négocier pour réimpliquer la Russie dans le concert européen. Après la <i>perestroïka</i>, amorcée en 1985 par Gorbatchev, le dégel s'annonce, l'espoir reprend : il sera vite déçu. La succession des conflits inter-yougoslaves va à nouveau bloquer l'Europe entre la trouée pannonienne et l'Adriatique, tandis que les officines de propagande médiatique, CNN en tête, inventent mille et une raisons pour approfondir le fossé entre Européens et Russes.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Blocage des dynamiques européennes entre Bratislava et Trieste</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Ces explications d'ordre historique doivent nous amener à comprendre que les soi-disant défenseurs d'un Occident sans la Russie (ou contre la Russie) sont en réalité les fossoyeurs papistes ou maçonniques de l'Europe et que leurs agissements condamnent notre continent à la stagnation, au déclin et à la mort, comme il avait stagné, décliné et dépéri entre les invasions hunniques et la <i>restauratio imperii</i> d'Othon I, à la suite de la bataille de Lechfeld en 955. Dès la réorganisation de la plaine hongroise et son inclusion dans l'orbe européenne, l'essor économique et démographique de l'Europe ne s'est pas fait attendre. C'est une renaissance analogue que l'on a voulu éviter après le dégel qui a suivi la <i>perestroïka</i> de Gorbatchev, car cette règle géopolitique garantissant la prospérité est toujours valable (par ex., l'économie autrichienne avait triplé son chiffre d'affaire en l'espace de quelques années après le démantèlement du Rideau de fer le long de la frontière austro-hongroise en 1989).</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Nos adversaires connaissent bien les ressorts de l'histoire européenne. Mieux que notre propre personnel politique pusillanime et décadent. <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Ils savent que c'est toujours là, entre Bratislava et Trieste, qu'il faut nous frapper, nous bloquer, nous étrangler.</span> Pour éviter une nouvelle union des 2 Empires et une nouvelle période de paix et de prospérité, qui ferait rayonner l'Europe de mille feux et condamnerait ses concurrents à des rôles de seconde zone, tout simplement parce qu'ils ne possèdent pas la vaste éventail de nos potentialités, fruits de nos différences et de nos spécificités.</span></span></span></b></p> <h6 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><i><span style="color: rgb(145, 27, 46);">• Quelles sont les positions concrètes de Synergies Européennes sur des institutions comme le Parlement, la représentation populaire, etc. ?</span><br /></i></span></span></span></b></h6> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><b>La vision de "Synergies Européennes" est démocratique mais hostile à toutes les formes de partitocratie, car celle-ci, qui se prétend “démocratique”, est en fait un parfait déni de démocratie. Sur le plan théorique, "Synergies Européennes" se réclame d'un libéral russe du début du siècle, militant du Parti des Cadets : Moshe Ostrogovski. L'analyse que ce libéral russe d'avant la révolution bolchevique nous a laissée repose sur un constat évident : toute démocratie devrait être un système calqué sur la mouvance des choses dans la Cité. Les mécanismes électoraux visent logiquement à faire représenter les effervescences à l'œuvre dans la société, au jour le jour, sans pour autant bouleverser l'ordre immuable du politique. Par conséquent, les instruments de la représentation, c'est-à-dire les partis politiques, doivent, eux aussi, être transitoires, représenter les effervescences passagères et ne jamais viser à la pérennité. Les dysfonctionnements de la démocratie parlementaire découlent du fait que les partis deviennent des permanences rigides au sein des sociétés, cooptant en leur sein des individus de plus en plus médiocres.</b></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><b>Pour pallier à cet inconvénient, Ostrogovski suggère une démocratie reposant sur des partis "ad hoc", réclamant ponctuellement des réformes urgentes ou des amendements précis, puis proclamant leur propre dissolution pour libérer leur personnel, qui peut alors forger de nouveaux mouvements pétitionnaires, ce qui permet de redistribuer les cartes et de répartir les militants dans de nouvelles formations, qui seront tout aussi provisoires. Les parlements accueilleraient ainsi des citoyens qui ne s'encroûteraient jamais dans le professionnalisme politicien. Les périodes de législature seraient plus courtes ou, comme au début de l'histoire de Belgique ou dans le Royaume-Uni des Pays-Bas de 1815 à 1830, le tiers de l'assemblée serait renouvelé à chaque tiers du temps de la législation, permettant une circulation plus accélérée du personnel politique et une élimination par la sanction des urnes de tous ceux qui s'avèrent incompétents ; cette circulation n'existe plus aujourd'hui, ce qui, au-delà du problème du vote censitaire, nous donne aujourd'hui une démocratie moins parfaite qu'à l'époque. Le problème est d'éviter des carrières politiciennes chez des individus qui finiraient par ne plus rien connaître de la vie civile réelle.</b><br /></span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: medium;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;">Weber & Minghetti : pour le maintien de la séparation des trois pouvoirs</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Max Weber aussi avait fait des observations pertinentes : il constatait que les partis socialistes et démocrates-chrétiens (le <i>Zentrum</i> allemand) installaient des personnages sans compétence à des postes clef, qui prenaient des décisions en dépit du bon sens, étaient animés par des éthiques de la conviction et non plus de la responsabilité et exigeaient la répartition des postes politiques ou des postes de fonctionnaires au pro rata des voix sans qu'il ne leur soit réclamé des compétences réelles pour l'exercice de leur fonction. Le ministre libéral italien du XIXe siècle, Minghetti, a perçu très tôt que ce système mettrait vite un terme à la séparation des 3 pouvoirs, les partis et leurs militants, armés de leur éthique de la conviction, source de toutes les démagogies, voulant contrôler et manipuler la justice et faire sauter tous les cloisonnements entre législatif et exécutif. L'équilibre démocratique entre les 3 pouvoirs, posés au départ comme étanches pour garantir la liberté des citoyens, ainsi que l'envisageait Montesquieu, ne peut plus ni fonctionner ni exister, dans un tel contexte d'hystérie et de démagogie. Nous en sommes là aujourd'hui.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">“Synergies Européennes” ne critique donc pas l'institution parlementaire en soi, mais marque nettement son hostilité à tout dysfonctionnement, à toute intervention privée (les partis sont des associations privées, dans les faits et comme le rappelle Ostrogovski) dans le recrutement de personnel politique, de fonctionnaire, etc., à tout népotisme (cooptation de membres de la famille d'un politicien ou d'un fonctionnaire à un poste politique ou administratif). <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Seuls les examens réussis devant un jury complètement neutre doivent permettre l'accession à une charge. Tout autre mode de recrutement devrait constituer un délit très grave.</span></span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Nous pensons également que les parlements ne devraient pas être uniquement des chambres de représentation où ne siègeraient que des élus issus de partis politiques (donc d'associations privées exigeant une discipline n'autorisant aucun droit de tendance ou aucune initiative personnelle du député).</span> Tous les citoyens ne sont pas membres de partis et, de fait, la majorité d'entre eux ne possède pas de carte ou d'affiliation. Par conséquent, les partis ne représentent généralement que 8 à 10% de la population et 100% du parlement ! <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Le poids exagéré des partis doit être corrigé par une représentation issue des associations professionnelles et des syndicats, comme l'envisageait De Gaulle et son équipe quand ils parlaient de “sénat des professions et des régions”. Pour le Professeur Bernard Willms (1931-1991), le modèle constitutionnel qu'il appelait de ses vœux repose sur une assemblée tricamérale (Parlement, Sénat, Chambre économique). Le Parlement se recruterait pour moitié parmi les candidats désignés par des partis et élus personnellement (pas de vote de liste) ; l'autre moitié étant constituée de représentants des conseils corporatifs et professionnels.</span> Le Sénat serait essentiellement un organe de représentation régionale (comme le <i>Bundesrat</i> allemand ou autrichien). La Chambre économique, également organisée sur base des régions, représenterait les corps sociaux, parmi lesquels les syndicats.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Le problème est de consolider une démocratie appuyée sur les "corps concrets" de la société et non pas seulement sur des associations privées de nature idéologique et arbitraire comme les partis. Cette idée rejoint la définition donnée par Carl Schmitt des “corps concrets”. Par ailleurs, toute entité politique repose sur un patrimoine culturel, dont il doit être tenu compte, selon l'analyse faite par un disciple de Carl Schmitt, Ernst Rudolf Huber. Pour Huber, l'État cohérent est toujours un <i>Kulturstaat</i> et l'appareil étatique a le devoir de maintenir cette culture, expression d'une <i>Sittlichkeit,</i> dépassant les simples limites de l'éthique pour englober un vaste de champs de productions artistiques, culturelles, structurelles, agricoles, industrielles, etc., dont il faut maintenir la fécondité. Une représentation plus diversifiée, et étendue au-delà des 8 à 10 % d'affiliés aux partis, permet justement de mieux garantir cette fécondité, répartie dans l'ensemble du corps social de la nation.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">La défense des "corps concrets", postule la trilogie “communauté, solidarité, subsidiarité”, réponse conservatrice, dès le XVIIe siècle, au projet de Bodin, visant à détruire les “corps intermédiaires” de la société, donc les “corps concrets”, pour ne laisser que le citoyen-individu isolé face au Léviathan étatique. Les idées de Bodin ont été réalisées par la Révolution française et son fantasme de géométrisation de la société, qui a justement commencé par l'éradication des associations professionnelles par la Loi Le Chapelier de 1791. Aujourd'hui, le recours actualisé à la trilogie “communauté, solidarité, subsidiarité” postule de donner un maximum de représentativité aux associations professionnelles, aux masses non encartées, et de diminuer l'arbitraire des partis et des fonctionnaires. De même, le Professeur Erwin Scheuch (Cologne) propose aujourd'hui une série de mesures concrètes pour dégager la démocratie parlementaire de tous les dysfonctionnements et corruptions qui l'étouffent.</span></span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">[Pour en savoir plus : 1) Ange SAMPIERU, "Démocratie et représentation", in <i>Orientations</i> n°10, 1988 ; • De R. Steuckers :</span> <span lang="EN-GB" lang="EN-GB">2) "Fondements de la démocratie organique", in <i>Orientations</i> n°10, 1988 ; 3) <i>Bernard Willms (1931-1991) : Hobbes, la nation allemande, l'idéalisme, la critique politique des “Lumières”,</i> Synergies, Forest, 1996 ; 4) "Du déclin des µours politiques", in <i>NdSE</i> n°25, 1997 (sur les thèses du Prof. Erwin Scheuch) ; 5) "Propositions pour un renouveau politique", in <i>NdSE</i> n°33, 1998 (en fin d'article, sur les thèses d'Ernst Rudolf Huber) ; 6) "Des effets pervers de la partitocratie", in <i>NdSE</i> n°41, 1999].</span></span></b></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><span style="font-family: Arial;" lang="FR" lang="FR">Propos recueillis par Pieter Van Damme, dans le cadre d'un mémoire de fin d'études</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span style="font-size: 14pt; font-family: "Times New Roman";" lang="EN-GB" lang="EN-GB"><span style="color: rgb(0, 0, 128);"><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;">◘ Bibliographie :</span></span></b></span><br /></span></span></p> <ul><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Jean-Pierre CUVILLIER, <i>L'Allemagne médiévale,</i> deux tomes, Payot, t. 1, 1979, t. 2, 1984.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Karin FEUERSTEIN-PRASSER, <i>Europas Urahnen. Vom Untergang des Weströmischen Reiches bis zu Karl dem Grossen,</i> F. Pustet, Regensburg, 1993.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Karl Richard GANZER, <i>Het Rijk als Europeesche Ordeningsmacht,</i> Die Poorten, Antwerpen, 1942.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Wilhelm von GIESEBRECHT, <i>Deutsches Kaisertum im Mittelalter,</i> Verlag Reimar Hobbing, Berlin, s.d.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Eberhard HORST, <i>Friedrich II. Der Staufer. Kaiser - Feldherr - Dichter,</i> W. Heyne, München, 1975-77.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Ricarda HUCH, <i>Römischer Reich Deutscher Nation,</i> Siebenstern, München/Hamburg, 1964.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);">Edward LUTTWAK, <i>La grande stratégie de l'Empire romain,</i> Economica, 1987.</span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Michael W. WEITHMANN, <i>Die Donau. Ein europäischer Fluss und seine 3000-jährige Geschichte,</i> F. Pustet/Styria, Regensburg, 2000.</span></span></span></span></b></li><li><b><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span lang="EN-GB" lang="EN-GB">Philippe WOLFF, <i>The Awakening of Europe,</i> Penguin, Harmondsworth, 1968.</span></span></span></span></b></li></ul><br /></div>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-31637242667575760652010-06-13T14:19:00.000+02:002010-06-14T14:21:22.429+02:00De Bonald<span style="color: rgb(255, 255, 255);">Les présomptueux se présentent, les hommes d'un vrai mérite aiment à être requis.</span>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-81124408682434738402010-06-11T07:47:00.000+02:002010-06-10T09:45:20.758+02:00Du pentecôtisme<h3 style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size:large;"><span style="font-family:arial black,avant garde;">Le pentecôtisme, bras armé de l'impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?</span></span></span></span></h3> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><em><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Le pentecôtisme, courant de l’évangélisme issu des États-Unis et connu pour ses manifestations liturgiques de masse très démonstratives, mais également ses méthodes fortement matérialistes, connaît un fort développement en Afrique Noire, comme dans le reste du monde.</strong></span></span></em></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Associé à l’image de Simone Gbagbo ou à une certaine extrême droite américaine (proche de l’ancien président George W. Bush), il est souvent vu comme un instrument de l’impérialisme US, chargé de propager à coup de prosélytisme leurs valeurs et leur vision du monde. Cependant, sur le terrain, le pentecôtisme africain obéit à des dynamiques un peu plus complexes que cette vue manichéenne ne pourrait le laisser penser.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Une implantation centenaire</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Le pentecôtisme naît au début du XXe siècle aux États-Unis (en 1901 dans une église blanche du Kansas et en 1906 dans une église noire de Los Angeles) et au Royaume-Uni, d’une dissidence au sein d’églises réformées. Son dogme est fondé sur une interprétation littérale de la Bible, mais ce qui le différencie des autres mouvements protestants est l’importance accordée au « baptême par le Saint-Esprit », manifesté par les charismes (ou dons de Dieu aux croyants) et le lien direct et intime entre Dieu et le croyant.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Très vite, des missionnaires pentecôtistes arrivent en Afrique anglophone, par le biais de la colonisation britannique, notamment en Afrique du Sud, au Liberia et au Burkina Faso. Ceci est facilité par la création, dès 1914, des Assemblées de Dieu, fédération de communautés pentecôtistes américaines, disposant d’une puissante branche missionnaire qui fait de l’Afrique de l’Ouest son terrain privilégié d’évangélisation. Des Assemblées équivalentes apparaissent en Europe de l’Ouest et du Nord au milieu du XXe et vont envoyer des missions en Afrique Centrale. Ceci va résulter en la création d’églises nationales africaines autonomes, qui elles mêmes vont évangéliser les pays voisins. En parallèle, vont apparaître des églises totalement indépendantes et de taille très variable, comptant parfois quelques fidèles autour d’un pasteur.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Après une période d’ « institutionnalisation », un renouveau pentecôtiste est perceptible dès les années 1970, suivant celui observé en Amérique du Sud, d’abord marqué au sein des pays anglophones (Nigeria, Ghana) puis francophones (les deux Congo). Enfin, plus récemment, et avec moins de succès, le pentecôtisme tente de pénétrer les pays musulmans comme le Sénégal et le Maghreb.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Aujourd’hui répandu à travers tout le continent, principalement dans les zones urbaines, il n’est cependant majoritaire nulle part, et sa répartition reste très inégale. Malgré la difficulté à obtenir des chiffres, de par la disparité même du mouvement, sa porosité avec les autres croyances évangéliques et protestantes et l’absence d’autorité centrale, certains estiment qu’il y a plus de 100 millions de pentecôtistes en Afrique Noire. Le Nigeria étant, derrière le Brésil, la Corée du Sud et les États-Unis, le pays comptant le plus d’adeptes. Au niveau mondial, il s’agit de la branche de la chrétienté connaissant aujourd’hui la plus forte croissance (prosélytisme oblige), et en serait, derrière le catholicisme, la seconde plus grande dénomination.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Une certaine adéquation au moule anglo-saxon</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Dans nombre de ses caractéristiques, le pentecôtisme promeut des valeurs en rupture avec la tradition africaine et compatibles avec la vision anglo-saxonne du monde.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>L’image la plus connue est celle de manifestations de masse dans des mega-churches ou des stades remplis de fidèles en transe, galvanisés par un prêcheur « télévangéliste », qui pratique en direct des guérisons miraculeuses, véritables batailles contre le Malin. De vrais «shows à l’américaine » dans lesquels la « machine narrative » tourne à plein. Ces « délivrances », extrêmement spectaculaires et violentes, consistent à extraire du corps du pauvre sujet les forces diaboliques, sources de tous ses problèmes. La puissance de conviction de tels actes fait que de plus en plus d’églises pentecôtistes, même initialement réticentes, l’intègrent à leurs rituels… Il ne s’agit là qu’un des exemples de la forte dimension « marketing » du mouvement, par ailleurs passé maître dans l’utilisation des médias, marqué également par des dérives mercantiles de la part de nombreux pasteurs, plus hommes d’affaires qu’hommes de Dieu, qui confondent le denier du culte et leur compte en banque, qui roulent en 4x4, portent des montres en or et collectionnent les costumes sur mesure.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Plus fondamentalement, le pentecôtisme (ou du moins une grande partie des églises s’en réclamant) promeut la réussite financière et matérielle et l’initiative personnelle. C’est ce que l’on appelle la « théologie de la prospérité » teintée de libéralisme et issue, sans surprise, des États-Unis. La situation favorable d’un individu y est vue comme résultant des grâces divines, ce qui rencontre à la fois un écho favorable auprès des populations pauvres aspirant à une vie meilleure et des plus riches, qui y trouvent là une justification bien pratique de l’ordre social établi, voire de l’augmentation des inégalités. En poussant plus loin, cela justifie également l’enrichissement personnel du pasteur que nous évoquions il y a quelques lignes. Certains en concluent que le pentecôtisme est un « supermarché de la foi ».</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Elisabeth Dorie-Aprill et Robert Ziavoula, dans leur article « La diffusion de la culture évangélique en Afrique Centrale », citent ainsi un pasteur aux accents néo-wébériens :</strong></span></span></p> <ul style="color: rgb(255, 255, 255);"><li><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong><em>Dieu ne parle que de vous enrichir, c’est ce qu’il a dit à Abraham : “enrichissez-vous!” Mais comment on peut s’enrichir en restant comme ça là ? (…) Quand vous lisez la Bible de A à Z ce n’est que l’idée de la construction.[...] D’ailleurs les pays anglo-saxons qui sont protestants, ils ont mis l’accent sur le travail.</em></strong></span></span></li></ul> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Cette promotion des valeurs entrepreneuriales est finalement très en accord avec les messages que des institutions comme la Banque Mondiale ou le FMI peuvent véhiculer. D’ailleurs, les Assemblées de Dieu font directement référence, dans leurs brochures, à la mauvaise santé économique de l’Afrique, dont les causes sont bien connues :</strong></span></span></p> <ul style="color: rgb(255, 255, 255);"><li style="text-align: justify;"><em><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>guerres fratricides…, mauvaise gestion de certains dirigeants…, aspects négatifs du colonialisme et du marxisme, dette extérieure toujours croissante à cause des importations de produits manufacturés, agriculture souvent rudimentaire.</strong></span></span></em></li></ul> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Au niveau social et sociétal, en promouvant un lien intime entre Dieu et le croyant, le pentecôtisme met en avant l’individualisation et l’individualisme au détriment des traditions locales. Sont introduites de nouvelles logiques de solidarités entre les individus, détachées descontraintes familiales et de la communauté existante. La famille, quant à elle, est resserrée à son acception nucléaire. En ce sens, le pentecôtisme (finalement comme toute religion prosélyte) implique une acculturation du croyant qui rejoint ses rangs, en l’enjoignant de rompre avec le passé pour conjurer les maux qui le rongent.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Une montée en puissance politique<br /></strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Jusqu’à très récemment, les églises pentecôtistes africaines ne se souciaient pas de politique. Cependant, souvent par intérêt (pour convertir, moraliser ou pour assouvir une ambition personnelle du pasteur), cet état de fait a changé dès les années 1990. Ainsi le pentecôtisme s’est rapproché des cercles du pouvoir. L’exemple de la Côte d’Ivoire est particulièrement parlant. Il a longuement été commenté dans la presse francophone, notamment pour l’impact supposé que les conseillers religieux du couple présidentiel auraient eu dans la relation avec la France.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>La conclusion du dernier discours sur l’état de la nation de l’ancien président béninois, Mathieu Kérékou, en décembre 2005, est particulièrement éloquente :</strong></span></span></p> <ul style="color: rgb(255, 255, 255);"><li><em><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>En ce moment crucial où la tendance est aux invectives, aux provocations, aux appels à peinvoilés à la violence, j’exhorte tous nos compatriotes a plus de retenue, car ceux qui pactisent avec le diable ne seront sûrement pas capables d’éteindre le feu de la haine qu’ils auront inconsciemment allumé. Quant à mon Gouvernement, les générations montantes et futures retiendront que la mission est accomplie et bien accomplie. C’est sur ces mots de foi et d’espérance en l’avenir radieux pour notre cher et beau pays, le Bénin, que je termine mon message sur l’état de la Nation devant la Représentation Nationale. Que Dieu bénisse le Peuple béninois et ses Dirigeants !</strong></span></span></em></li></ul> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>L’action dans le champ politique se fait, comme l’explique Cédric Mayrargue (Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique subsaharienne), à la fois :</strong></span></span></p> <ul style="color: rgb(255, 255, 255);"><li style="text-align: justify;"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>par le haut : conversion des élites (à titre d’exemple, Thomas Yayi Boni, successeur de Kérékou, est un pentecôtiste converti d’origine musulmane), fidèles nommés à des postes clés, postes de conseillers pour les pasteurs, etc;</strong></span></span></li><li style="text-align: justify;"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong> par le bas : ouverture d’écoles, de cliniques, de centres sociaux, création d’ONG, autant de nouveaux outils de prosélytisme.</strong></span></span></li></ul> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Cet investissement, sans surprise, permet de peser sur les politiques publiques. Cédric Mayrargue donne l’exemple de l’abandon de la campagne « Abstain, Be Faithful, Use Condoms » en Ouganda grâce à l’appui de l’épouse « born again » du président, Janet Museveni. On peut également citer la stigmatisation des « non-chrétiens » et des « nordistes » en Côte d’Ivoire. Ou la participation de l’ancien président de Zambie, Frederick Chiluba, à des « croisades » et conventions pentecôtistes.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Des influences extérieures</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>La diffusion des valeurs pentecôtistes, au-delà de la période initiale décrite plus haut, est accompagnée de l’extérieur. Ainsi les Assemblées de Dieu américaines, ainsi que d’autres, fournissent des moyens financiers à certaines églises locales. De même, elles alimentent les pasteurs en matériel : brochures, vidéos…Les best-sellers des télévangélistes américains sont disponibles dans toutes les « bonnes » librairies, tout comme des programmes TV made in USA tournent en boucle sur certaines chaînes de télévision. Certains prêcheurs américains, tels des stars du rock, effectuent de véritables tournées en Afrique, remplissant les stades et écoulant leurs produits dérivés.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Les Assemblées de Dieu comptent, comme d’autres institutions évangéliques et pentecôtistes, aujourd’hui encore plusieurs centaines de missionnaires qui font en permanence le tour du monde dans le but d’apporter la bonne parole. De même, les églises anglo-saxonnes ont mis sur pied de nombreuses ONG à vocation humanitaire, comme Samaritan’s Purse, qui travaillent sur le terrain africain avec les pentecôtistes locaux.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Origine américaine, promotion de valeurs anglo-saxonnes, intégration du politique, investissement du champ social, soutiens extérieurs, évangélisme offensif, prosélytisme auprès de populations musulmanes (et parfois conflits interconfessionnels ouverts, comme au Nigéria) : il n’en faut pas plus pour que surgisse le spectre d’infiltration à des fins géopolitiques. Et cela va plus loin qu’une simple « américanisation » de la chrétienté africaine.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Il faut dire que les évangélistes américains, associés aux néo-conservateurs, promeuvent un christianisme radical, ultraconservateur et très offensif allant de pair avec une vision simpliste du « bien » et du « mal », et n’ont pas hésité à parler de « croisade » dans le cadre de la guerre d’Irak. Il convient également de rajouter que, notamment en Afrique du Sud, le pentecôtisme a frayé avec l’extrême-droite, qui a alimenté son fond théologique (voir Paul Gifford, The Complex Provenance of Some Elements of African Pentecostal Theology). Et si l’on inclut les Églises sionistes (présentes en Afrique du Sud depuis la fin du XIXème) à l’équation, on a de quoi alimenter le feu conspirationniste pendant des décennies.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>D’autant que certaines rumeurs concernant des opérations montées par les services secrets américains vont bon train. Même s’il est avéré que des initiatives de recensement d’églises dans plusieurs pays africains sont lancées et financées depuis les États-Unis, il n’y a cependant pas, comme pour l’Amérique du Sud, de théories très structurées relatives à l’appui direct de sectes évangéliques visant à contrer des influences néfastes, communistes ou autres. On se souvient que, dans les années 1980, Ronald Reagan avait très peur de l’infiltration marxiste et de la théologie de la libération au sein de l’Eglise catholique en Amérique Latine. Et donc, naturellement, Washington voyait d’un bon œil le développement de concurrents moins rouges. Cependant, comme le montrent David Stoll (Is Latin America Turning Protestant? The Politics of Evangelical Growth) et David Martin (Tongues of Fire: The Explosion of Protestantism in Latin America), il n’y a pas eu de soutien direct de la part des États-Unis.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Nous allons le voir, il faut relativiser l’influence nord-américaine dans la propagation du pentecôtisme africain, largement marqué par des dynamiques propres au Continent Noir.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Le pentecôtisme autochtone, entre culture populaire et mondialisation</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Nous l’avons déjà évoqué, il y a en Afrique un nombre incalculable d’églises pentecôtistes. Certaines rassemblant des millions de fidèles, d’autres quelques uns à peine. Certaines sont issues des missions occidentales, mais de plus en plus sont celles qui ont éclos de façon locale. Certaines existent depuis près de cent ans, d’autres apparaissent et disparaissent en un clin d’œil. Et dans leur immense majorité, elles sont indépendantes, à la fois les unes des autres, mais également de leurs homologues nord-américaines, brésiliennes ou européennes, même si des liens (surtout moraux et confessionnels) peuvent exister. L’absence d’autorité centrale renforce la mobilité théologique des différents mouvements.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>La mobilité concerne également l’allégeance des fidèles. La fragilité de la plupart des églises, l’absence d’exclusivisme (contrairement à d’autres sectes) et la porosité entre les mouvements y sont pour beaucoup. De même que la très forte concurrence qui existe en Afrique subsaharienne : le paysage religieux y est marqué par une extrême complexité, entre le catholicisme, les nombreuses sectes protestantes (évangéliques ou non), l’islam et les cultes locaux toujours actifs, sans oublier les syncrétismes occidentalo-africains, comme le kimbanguisme au Congo, qui compte entre 3 et 4 millions de fidèles. Cette double mobilité est un sérieux frein à toute tentative de mainmise extérieure globale. Le développement actuel du pentecôtisme en Afrique est dû, plus qu’aux influences extérieures, au terreau propice (difficultés économiques, aspiration au développement) et à l’établissement de ce que l’on peut appeler une culture populaire. Où quand l’expérience et la pratique passent avant le fond théologique.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Comme le souligne Cédric Mayrargue, les églises pentecôtistes les plus dynamiques aujourd’hui sont autochtones et sont menées par des pasteurs locaux, comme la Redeemed Christian Church of God (dont le pasteur, Enoch Adejare Adeboye, a été nommé homme le plus puissant d’Afrique par Newsweek) ou la Deeper Life Bible Church nigérianes, le Christian Action Faith Ministries ou l’International Central Gospel Church ghanéens, la Family of God zimbabwéenne. Ces églises ont su traverser les frontières et se doter d’une ambition universelle, drainant chaque semaine des milliers de fidèles lors de « croisades » dans des stades ou sur des places publiques.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>Leur présence dépasse aujourd’hui les frontières africaines. La Church of Pentecost ghanéenne est ainsi implantée au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis, en Ukraine et en Inde. Les flux ne sont plus simplement dirigés dans le sens Nord-Sud mais s’orientent désormais selon un axe Sud-Sud et même Sud-Nord, notamment grâce aux diasporas. Cela ne concerne pas uniquement les transferts d’argent, mais aussi et surtout le fond théologique : l’Afrique participe activement à la production idéologique et théologique du pentecôtisme. Où le Continent Noir n’est plus seulement importateur mais aussi exportateur d’influence, une marque de plus de son intégration à la mondialisation actuelle.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong>JGP</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(0, 0, 0);"><a href="http://www.alliancegeostrategique.org/2010/05/10/le-pentecotisme-bras-arme-de-l%E2%80%99imperialisme-americain-en-afrique-subsaharienne/"><span style="font-size:small;"><span style="font-family:trebuchet ms,geneva;"><strong><br /></strong></span></span></a></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-89033691321323509912010-06-10T09:39:00.000+02:002010-06-10T09:40:46.596+02:00CETTE DROITE SCHIZOPHRÈNE<div id="entryMeta"> <h2 style="text-align: left;" class="singlePageTitle"><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: xx-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><br /></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Ex:</span></span></span></span> <a href="http://www.emediat.fr/"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">http://www.emediat.fr/</span></span></span></span></a></p> </div> <div style="color: rgb(255, 255, 255);" id="innerContent"> <div class="post"> <p><strong><a href="http://www.emediat.fr/wp-content/uploads/2010/04/raegan_thatcher.jpg"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><img src="http://www.emediat.fr/wp-content/uploads/2010/04/raegan_thatcher.jpg" style="float: right;" title="raegan_thatcher" class="alignleft size-full wp-image-7510" height="201" width="238" /></span></span></span></span></a><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Chronique de Paul-Alexandre Martin</span></span></span></span></strong></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Après la diffusion sur TF1 d’un reportage au sein des musulmans salafistes de Marseille, j’entends dire ici et là que le temps des modérés est révolu, qu’une nouvelle ère se doit de débuter, et que nos gouvernants doivent faire preuve de courage face à la menace des minarets qui commenceraient à percer le sol sous nos pieds. Cependant, je ne peux m’empêcher de sourire au vu des commentaires des uns et des autres, tous se disent « réacs’ », « très à droite », « ultraconservateurs », une vraie génération de camelots du Roy à les entendre. Et quand il s’agit de leur demander d’expliciter leurs « croyances » politiques, ceux-ci me répondent alors : « libéral-conservateur », ou « capitaliste-traditionaliste ». Tous affirment cela avec arrogance, et un air de gentil provocateur, se pensant encore plus subversif qu’un gay qui ferait son coming-out aujourd’hui. Leurs idoles ? Ils tiennent en un couple : Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Aucun d’eux n’est français, mais peu importe ils vous expliqueront là aussi que plus patriotes qu’eux : « y’a pas ! ».</strong></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Revenons-en au sujet initial, et aux réactions suscitées par la diffusion d’un tel reportage. N’est-il pas déjà risible de voir TF1, aller enquêter sur les méfaits des replis identitaires religieux, conséquence directe du communautarisme, et de l’abandon de l’assimilation ? TF1, chaîne détenue par Martin Bouygues, fils de Francis Bouygues, qui nous expliquait dans les années 70, que la main d’œuvre étrangère avait toutes les vertus du monde et qu’il fallait la faire venir sur notre sol, crachant ainsi à la figure des ouvriers français, « trop chers » – salauds de pauvres ! Bref, un Francis Bouygues d’ores et déjà converti au libéralisme anglo-saxon, dont le seul appât du gain s’est substitué à l’éthique entreupreunariale, et qui a du applaudir des deux mains lorsque Ronald & Margaret ont été portés au pouvoir outre-Atlantique, et outre-Manche.<span id="more-7509"></span></strong></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Des grands patrons qui se sont appuyés sur des politiques adeptes du libéralisme pour pouvoir toujours plus déréglementer et obtenir ainsi satisfaction. Des politiques qui pensaient toujours que la solution se trouvait là où la croissance était « la plus forte », qu’importent les dégâts occasionnés dans certains secteurs, comme en Angleterre qui propose désormais un magnifique éventail de professions allant du « Mac job », au trader de la City…les usines ont entre temps disparu du paysage, elles. Nos bons lobbys ont ainsi obtenu gain de cause de nos dirigeants, sans trop d’encombres, pour que le regroupement familial voit le jour. Adieu l’immigration régulée, et assimilée ! Désormais, on met aussi de côté la tradition française de l’assimilation pour embrasser la seule intégration sur le marché du travail.</strong></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Une conversion au libéralisme, et une volonté de construire un marché toujours plus grand, débordant du cadre national, puis continental, à qui l’on doit des banlieues surpeuplées, une France désindustrialisée, une précarité de l’emploi, une immigration incontrôlée…Ces constats là, que la plupart des gens censés, et qui gardent les pieds sur terre, font, ces jeunes dont je vous parlais plus haut sont incapables d’en tirer des conclusions. L’instabilité chronique de nos sociétés, qui font face à une communautarisation sauvage, débouchant sur des replis identitaires et religieux, où des déracinés s’enferment dans ce qui faisait leur identité originelle, doit être résorbée certes, afin de garantir une unité nationale menacée. Sauver aussi une France, en décomposition, en voie de devenir à terme un tas de décombres, sur lequel ne doivent pas prospérer ceux qui nous ont mené à cette situation.</strong></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Il faut surtout, et avant toute chose, sortir la droite de son carcan schizophrène, qui lui fait dire des choses aussi absurdes, que grotesques. Cette dite « droite » qui pense que capital et tradition ne font qu’un, que l’ordre marchand est l’allié des valeurs ancestrales, et du conservatisme social. La droite dominante, et qui nous gouverne – s’il nous reste un tantinet de pouvoir à Paris – sombre aujourd’hui dans un état de déliquescence car sa spiritualité a disparu, ses valeurs originelles ayant été troquées pour celle d’un libéralisme issu de 68…et si cette fameuse dichotomie libérale ne faisait en réalité qu’un, messieurs les « droitiers » ?</strong></span></span></p><p style="text-align: left;"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong></strong></span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><br /></strong></span></span></p> </div> </div>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-81856361356740987632010-06-09T09:47:00.000+02:002010-06-09T09:48:51.649+02:00Fascism’s Ideological Mastermind<h3 style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="post-title entry-title"><a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/05/mussolinis-significant-other.html"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: x-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Mussolini’s ‘Significant Other’</span></span></span></span></a></h3> <div style="text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);" class="post-header"> </div> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-weight: bold;" class="Apple-style-span"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: x-large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Giovanni Gentile:<br /></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"> </p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-weight: bold;" class="Apple-style-span"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Ex:</span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">http://magnagrece.blogspot.com/</span></span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <span style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><img name="BLOGGER_PHOTO_ID_5477197592342813650" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6umFd9te9jwso7hENd3pNqReYGoCl93ivJU8GibeD36SSUvtiVFO6pS-JKXtEZFPDPUWt6eEHXCMrvUu2Ze3HqUy2VLhQLHBYirD9WxH71UkRFVB3UXTL80oaXpEz9jCD0qlGjPjKPXw/s320/Giovanni+Gentile.jpg" style="float: left; margin: 0px 10px 10px 0px; width: 222px; height: 320px;" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5477197592342813650" border="0" /></span></span></span> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><b><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: x-small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><em>Professore Giovanni Gentile: the “Philosopher of Fascism.”</em></span></span></span></span></b></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">“Philosophy triumphs easily over past, and over future evils, but present evils triumph over philosophy.” – François de La Rochefoucauld:</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Maxims</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, 1665</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">In writing the history of a country or of an</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">ethnos</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, all too often even the most well-meaning people are tempted out of patriotism to embellish the truth by either building up the good or omitting certain ‘unsavory’ facts about the past. On an emotional level this is understandable. After all, in a certain sense an ethnic group is a vastly extended family. The country, on the other hand, can be considered a sizable prolongation of the borders of one’s home. Who but the crassest enjoys speaking ill of home and family?</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Nevertheless, if one wishes to strive for accuracy and objectivity in their writings, one must inevitably confront the specter of those who, during the course of their lives, engaged in actions that today go against the grain of established social mores. Otherwise, one risks being exposed to the charge of chauvinism (or worse).</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">It has been the stated purpose of this writer to show the reader how his people, the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">DueSiciliani,</span></span></i> <span class="Apple-style-span">have carved out a place for themselves in this world in spite of the loss of their homeland</span><span class="Apple-style-span">, the Kingdom of the Two Sicilies</span><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, to the forces of the Piedmontese and their allies in 1861. Thus far, I and other like-minded folk posting on this blog have written of the commendable members of our people who have significantly added to Western Civilization through their contributions to the arts, sciences, philosophy (and even</span></span></strong></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2009/10/curva-sud-calcio-report.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>sports</strong></span></span></span></span></a><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>).</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Men like</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2009/09/titan-of-south-ettore-majorana.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Ettore Majorana</strong></span></span></span></span></a><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>,</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/03/titan-of-south-salvator-rosa.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Salvator Rosa</strong></span></span></span></span></a><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>,</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2009/11/titan-of-south-vincenzo-bellini.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Vincenzo Bellini</strong></span></span></span></span></a> <span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>and “the Nolan”,</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2009/10/voice-of-one-crying-out-in-wilderness.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Giordano Bruno</strong></span></span></span></span></a> <span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>have unquestionably made this world better by being in it.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Similarly, we have written of those whose legacies provoke more ambivalent feelings. Men like</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/03/lessons-of-abu-tabela.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Paolo di Avitabile</strong></span></span></span></span></a> <span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>and</strong></span></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/04/running-with-devil.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Michele Pezza</strong></span></span></span></span></a><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>, the legendary “Fra Diavolo”, led lives that to this day are considered controversial.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <span style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><img name="BLOGGER_PHOTO_ID_5477196030569349522" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj30xwt7GusrC-4IvOfyQQj4VlaPxStFReMjC_2jzvM8HAyJYRuaqsPGSdzyWiZ9I6Y_ZWYPrhzeR2M2bkXYwKDDJXzzubd9MXKhOY2dLr7_V3Z8h4J15MTnxWuZ8uGU9e7U8ZKlvBZJpc/s320/History+%26+Heritage+banner.jpg" style="float: left; margin: 0px 10px 10px 0px; width: 300px; height: 67px;" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5477196030569349522" border="0" /></strong></span></span></span> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>It now falls to this writer the hapless task of telling the tale of one of our own who went down “the road less traveled” to a decidedly darker place in the chapters of history – among the creators of 20th century totalitarian movements. As the reader will soon see, this journey cost him friends, a loftier place in the history books, and eventually his life!</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Giovanni Gentile was born in the town of Castelvetrano, Sicily on May 30th, 1875 to Theresa (née Curti) and Giovanni Gentile. Growing up, his grades were so good he earned a scholarship to the University of Pisa in 1893. Originally interested in literature, his soon turned to philosophy, thanks to the influence of Donato Jaja. Jaja in turn had been a student of the Abruzzi neo-Hegelian idealist Bertrando Spaventa (1817-1883). Jaja would “channel” the teachings of Spaventa to Gentile, upon whom they would find a fertile breeding ground.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">During his studies he found himself inspired by notable pro-</span></span><i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Risorgimento</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Italian intellectuals such as Giuseppe Mazzini, Antonio Rosmini-Serbati and Vincenzo Gioberti. However, he also found himself drawn to the works of German idealist and materialist philosophers like Johann Gottlieb Fichte, Karl Marx, Friedrich Nietzsche and especially Georg Hegel. He graduated from the University of Pisa with a degree in philosophy in 1897.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>He completed his advanced studies at the University of Florence, eventually beginning his teaching career in the lyceum at Campobasso and Naples (1898-1906).</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; text-align: right; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: x-small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Benedetto Croce</strong></span></span></span></span></p> <span style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><img name="BLOGGER_PHOTO_ID_5477197199383547330" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWhQwVYK7ZthoTDDshIyCMTqf4_x4JhUVMBdmr0Wdqpk_putY2flS1cXRuwFXtRiuG00FZtnH8SUGa8imbmC2f0vmLzKKyDaq_x18BYQSdRGQ8gOagzR4CYC5MSMtD8kmgnWGi8ePn5dM/s200/Croce.jpg" style="float: right; margin: 0px 0px 10px 10px; width: 132px; height: 200px;" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5477197199383547330" border="0" /></strong></span></span></span> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Beginning in 1903, Gentile began an intellectual friendship with another noted philosopher from</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">il sud</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">:</span></span></strong></span></span></span> <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/02/good-italian.html"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Benedetto Croce</strong></span></span></span></span></a><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">. The two men would edit the famed Italian literary magazine</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">La critica</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">from 1903-22. In 1906 Gentile was invited to take up the chair in the history of philosophy at the University of Palermo. During his time there he would write two important works:</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">The Theory of Mind as Pure Act</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">(1916) and</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Logic as Theory of Knowledge</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">(1917). These works formed the basis for his own philosophy which he dubbed “Actual Idealism.”</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Giovanni Gentile’s philosophy of Actual Idealism, like Marxism, recognized man as a social animal. Unlike the Marxists, however, who viewed community as a function of class identity, Gentile considered community a function of the culture and history in a nation. Actual Idealism (or Actualism) saw thought as all-embracing, and that no one could actually leave their sphere of thinking or exceed their own thought. This contrasted with the Transcendental Idealism of Kant and the Absolute Idealism of Hegel.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>He would remain at the University of Palermo until 1914, when he was invited to the University of Pisa to fill the chair vacated by the death of his dear friend and mentor, Donato Jaja. In 1917, he wound up at the University of Rome, where in 1925 he founded the School of Philosophy. He would remain at the University until shortly before his murder.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">After Italy’s humiliating defeat at the disastrous Battle of Caporetto in November, 1917, Gentile took a greater interest in politics. A devoted Nationalist and Liberal; he gathered a group of like-minded friends together and founded a review,</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">National Liberal Politics</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, to push for political and educational reform.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Gentile’s writings and activism attracted the attention of future Fascist dictator Benito Mussolini. Immediately after his famous “March on Rome” at the end of October, 1922, Mussolini invited Gentile to serve in his cabinet as Minister of Public Instruction. He would hold this position until July, 1924. Surviving records show that on May 31st, 1923 Giovanni Gentile formally applied for membership in the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">partito nazionale fascista</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, the National Fascist Party of Italy.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">With his new cabinet position Gentile was given full authority by Mussolini to reform the Italian educational system. On November 5th, 1923 he was appointed senator of the realm, a representative in the Upper House of the Italian Parliament. Gentile was now at the pinnacle of his political influence. With the power and prestige granted him by his new office, he began the first serious overhaul of public education in Italy since the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Casati Law</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">was passed in 1859.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Gentile saw in Mussolini’s authoritarianism and nationalism a fulfillment of his dream to rejuvenate Italian culture, which he felt was stagnating. Through this he hoped to rejuvenate the Italian “nation” as well. As Minister of Public Instruction Gentile worked laboriously for 20 months to reform what was most certainly an antiquated and backward system. Though successful in his endeavor, ironically, it was the enactment of his plan that caused his political influence to wane.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">In spite of this, Mussolini continued to grant honors on him. In 1924, after resigning his post as Minister, “</span></span><i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Il Duce</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">” invited him to join the “Commission of Fifteen” and later the “Commission of Eighteen” basically in order to figure out how to make Fascism fit into the Albertine Constitution, the legal document that governed the state of Italy since its formation after the infamous</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Risorgimento</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">in 1861.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">On March 29th, 1925 the Conference of Fascist Culture was held at Bologna, in northern Italy. The précis of this conference was the document: the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Manifesto of the Fascist Intellectuals</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">. It was an affirmation of support for the government of Benito Mussolini, throwing a gauntlet down to critics who questioned Mussolini’s commitment to Italian culture. Among its signatories were Giovanni Gentile (who drew up the document), <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2009/12/author-in-search-of-cause.html">Luigi Pirandello</a> (who wasn’t actually at the conference but publicly supported the document with a letter) and the Neapolitan poet, songwriter and playwright <a href="http://magnagrece.blogspot.com/2010/03/parthenopes-poet-salvatore-di-giacomo.html">Salvatore Di Giacomo</a>.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">It was that last name that provoked a bitter dispute between Gentile and his erstwhile friend and mentor, Benedetto Croce. Responding with a document of his own on May 1st, 1925, the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Manifesto of the Anti-Fascist Intellectuals</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, Croce made public for all to see his irreconcilable split (which had been brewing for some time) with the Fascist Party of Italy…and Giovanni Gentile. In his document he dismissed Gentile’s work as “…a haphazard piece of elementary schoolwork, where doctrinal confusion and poor reasoning abound.” The two men would never collaborate again.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">From 1925 till 1944 Gentile served as the scientific director of the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Enciclopedia Italiana</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">. In June of 1932 in Volume XIV he published, with Mussolini’s approval (and signature) and over the Roman Catholic Church’s objections, the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Dottrina del fascismo</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">(</span></span><i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">The Doctrine of Fascism</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">). The first part of the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Dottrina</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, written by Gentile, was his reconciling Fascism with his own philosophy of Actual Idealism, thereby forever equating the two.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Giovanni Gentile approved of Italy’s invasion of Ethiopia in 1935. Though he found aspects of Hitler’s Nazism admirable, he disapproved of Mussolini allying Italy with Germany, believing Hitler’s intentions could not be trusted and that Italy would wind up becoming a vassal state. His views on this were shared by General Italo Balbo and Count Galeazzo Ciano, Mussolini’s son-in-law and Foreign Minister. Nevertheless, Gentile continued to support Mussolini. Since he recognized that Italy was a polity but not a nation in the true sense of the word, he believed “</span></span><i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Il Duce’s</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">” iron-fisted rule to be the only thing sparing the Italian pseudo-state from civil war.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>With the collapse of Italy’s Fascist regime in September, 1943 and Mussolini’s rescue by Hitler’s forces, Gentile joined his emasculated master in exile at the so-called Italian Social Republic; an ad hoc puppet state created by Hitler in an ultimately futile attempt to shore up his rapidly crumbing 1,000-year Reich. Even then, he served as one of the principal intellectual defenders of what was obviously a failed political experiment.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">On April 15, 1944 Professore Giovanni Gentile was murdered by Communist partisans led by one Bruno Fanciullacci. Ironically, he was gunned down leaving a meeting where he had argued</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">for</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">the release of a group of anti-Fascist intellectuals whose loyalty was suspect. He was buried in the Church of Santa Croce in Florence where his remains lie, perhaps fittingly, next to those of Florentine philosopher and writer Niccolò Machiavelli.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>As one might imagine, after his death Gentile’s name was scorned if not forgotten entirely by historians. In recent years, however, scholars have begun to re-examine his legacy. Political theorist A. James Gregor (née Anthony Gimigliano), a recognized expert on Fascist and Marxist thought and himself an American of Southern Italian descent, believes that Gentile actually exerted a tempering influence on Italian Fascism’s proclivities towards violence as a political tool. This, he argues, is one (of several) of the reasons why Mussolini’s Italy never indulged in the more draconian excesses of Hitler’s regime.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Even his former friend and colleague Benedetto Croce later recognized the superior quality of Gentile’s scholarship and the quantity of his publications in the history of philosophy. Yet he differed sharply from him in political ideology and temperament. While both men forsook any loyalty to</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">i Due Sicilie</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">in favor of the pan-Italian illusion of the</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Risorgimento</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">, they disagreed mightily as to the nature of the Italian state and to what course it should pursue.</span></span></strong></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>For Gentile the actual idealist, the state was the supreme ethical entity; the individual existing merely to submit and merge his will and reason for being to it. Rebellion against the state in the name of ideals was therefore unjustifiable on any level. To Gentile, Fascism was the natural outgrowth of Actual Idealism.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Croce the neo-Kantian, on the other hand, argued forcefully the state was merely the sum of particular voluntary acts expressed by individuals (who were the center of society) and recorded in its laws. To Croce, Gentile’s metaphysical concepts regarding the state approached mysticism.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Thus, while both men have sadly been largely forgotten, even in the intellectual circles they once traversed, Croce’s legacy survives in a much better light than the man he once called friend.</strong></span></span></span></span></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; text-align: right; color: rgb(255, 255, 255);"><i><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Niccolò Graffio</strong></span></span></span></span></i></p> <p style="min-height: 13px; margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><br /></span></span></p> <p style="margin: 0px; font: 11px Verdana; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-family: verdana;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;" class="Apple-style-span"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Further reading:</strong></span></span></span></span></p> <ul style="list-style-type: disc; text-align: left; color: rgb(255, 255, 255);"><li style="margin: 0px; font: 11px Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">A. James Gregor:</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Giovanni Gentile: Philosopher of Fascism;</span></span></i> <span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Transaction Publishers, 2001.</span></span></strong></span></span></li><li style="margin: 0px; font: 11px Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Giovanni Gentile and A. James Gregor (transl):</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Origins and Doctrine of Fascism: With Selections from Other Works</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">; Transaction Publishers, 2002.</span></span></strong></span></span></li><li style="margin: 0px; font: 11px Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">M.E. Moss:</span></span> <i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">Mussolini’s Fascist Philosopher: Giovanni Gentile Reconsidered</span></span></i><span class="Apple-style-span"><span class="Apple-style-span">; Peter Lang Publishing, Inc., 2004.</span></span></strong></span></span></li></ul>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-30587024261167449612010-06-08T16:36:00.000+02:002010-06-07T17:24:47.281+02:00Israël, l’impunité jusqu’à quand ?<div class="cartouche"> <div class="surlignable"> <h1 class="crayon article-titre-797 entry-title"><br /></h1> </div> <div class="outils"> <a href="http://blog.mondediplo.net/2010-05-31-Israel-l-impunite-jusqu-a-quand#forum" class="bullegrise"><br /></a><a class="versionimp"></a></div> <p class="date"><abbr class="published" title="2010-05-31T15:28:15Z"></abbr> <span style="font-weight: bold;">par Alain Gresh (le Monde diplomatique)<br /></span></p> </div> <div class="surlignable"> <div class="crayon article-texte-797 texte entry-content"><p>L’assaut donné le 31 mai à l’aube par l’armée israélienne contre la flottille de bateaux transportant une aide humanitaire à Gaza aurait fait une vingtaine de morts. Cette attaque s’est déroulée dans les eaux internationales. Elle a suscité de nombreuses condamnations, y compris de pays européens et du gouvernement français. Bernard Kouchner a déclaré que <i>« rien ne saurait justifier l’emploi d’une telle violence, que nous condamnons »</i>. Plusieurs pays, dont la Suède, l’Espagne, la Turquie et la France ont convoqué l’ambassadeur israélien. La Grèce a suspendu des manœuvres aériennes avec Israël et annulé une visite du chef de l’armée de l’air israélienne.</p> <p>Bien sûr, ces condamnations sont les bienvenues. Même s’il reste quelques personnes qui osent trouver des justifications à l’action israélienne. Ainsi, le porte-parole de l’UMP, l’ineffable Frédéric Lefebvre, a fait savoir, selon l’AFP, que son parti <i>« regrette »</i> les morts, mais dénonce les <i>« provocations »</i> de <i>« ceux qui se disent les amis des Palestiniens ».</i></p> <p>La veille de cette action militaire, faisant preuve d’une prescience qui fait partie de ses innombrables qualités, Bernard-Henri Lévy déclarait à Tel-Aviv : <i><a href="http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/bernard-henri-levy-i-have-never-seen-an-army-as-democratic-as-the-idf-1.293087?localLinksEnabled=false" class="spip_out" rel="external">« Je n’ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose tellement de questions morales. »</a></i> (Haaretz.com, 31 mai). Il est vrai que, lors de la guerre de Gaza, notre philosophe s’était pavané <a href="http://blog.mondediplo.net/2009-01-10-Liberer-les-Palestiniens-des-mensonges-de-Bernard" class="spip_in">sur un char israélien pour entrer dans le territoire</a>. Réagissant à l’attaque aujourd’hui, Lévy l’a qualifiée, selon l’AFP, de<i> « stupide »</i> car risquant de ternir l’image d’Israël. Pas un mot de condamnation, pas un mot de regret pour les tués...</p> <p>La seule question qui se pose maintenant est de savoir quel prix le gouvernement israélien devra payer pour ce crime. Car, depuis des années, les Nations unies ont adopté des dizaines de résolutions (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/A/16775" class="spip_out" rel="external">« Résolutions de l’ONU non respectées par Israël »</a>, <i>Le Monde diplomatique,</i> février 2009), l’Union européenne a voté d’innombrables textes qui demandent à Israël de se conformer au droit international, ou tout simplement au droit humanitaire, en levant, par exemple, le blocus de Gaza. Ces textes ne sont jamais suivis du moindre effet. Au contraire, l’Union européenne et les Etats-Unis récompensent Israël.</p> <p>C’est ce qu’a prouvé l’admission d’Israël dans l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), la semaine dernière, et la visite en France du premier ministre israélien Nétanyahou pour assister à l’intronisation de son pays. Comme le précisait un communiqué de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) du 30 avril, <a href="http://www.palestine-solidarite.org/communique.afps.300410.htm" class="spip_out" rel="external">« Israël à l’OCDE ? Un mauvais coup contre la paix ! »</a>, cette adhésion valait acceptation de l’inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le « périmètre » israélien. Le fait qu’Israël se permette quelques jours plus tard d’attaquer la flottille de la paix confirme que cet Etat voit dans ces bonnes manières un feu vert pour toutes ses actions.</p> <p>Cela avait déjà été le cas en décembre 2008. <a href="http://blog.mondediplo.net/2008-12-10-L-Union-europeenne-capitule-devant-Israel" class="spip_in">C’était alors l’Union européenne qui avait décidé le « rehaussement » des relations bilatérales avec Israël</a>, donnant à cet Etat des privilèges dont ne disposaient jusque-là que quelques grandes puissances. Les chars israéliens pouvaient quelques jours plus tard partir à l’assaut du territoire de Gaza et commettre, en toute impunité, des « crimes de guerre », voire des « crimes contre l’humanité ».</p> <p>Richard Falk, envoyé spécial des Nations unies pour les territoires occupés, écrivait, dans <i>Le Monde diplomatique</i> (mars 2009) un texte intitulé : <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2009/03/FALK/16876" class="spip_out" rel="external">« Nécessaire inculpation des responsables de l’agression contre Gaza »</a>. Quelques mois plus tard, la commission des Nations unies présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone <a href="http://blog.mondediplo.net/2009-09-16-Gaza-crimes-de-guerre-crimes-contre-l-humanite" class="spip_in">remettait ses conclusions</a>. Elles étaient accablantes pour Israël, même si elles n’épargnaient pas le Hamas. Le texte confirmait que c’était bien l’armée israélienne qui avait rompu le cessez-le-feu et mettait en lumière les crimes commis. Ce texte confirmait de nombreux rapports déjà publiés par <a href="http://blog.mondediplo.net/2009-07-05-Le-rapport-d-Amnesty-International-sur-la-guerre" class="spip_in">Amnesty International</a> et Human Rights Watch.</p> <p>Ces textes n’ont débouché sur aucune sanction contre le gouvernement israélien. Un des arguments avancés pour justifier cette passivité est que les faits incriminés seraient l’objet d’enquêtes sérieuses en Israël, ce que dément de manière argumentée la juriste Sharon Weill, dans <i>Le Monde diplomatique </i> (septembre 2009) : <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/WEILL/18101" class="spip_out" rel="external">« De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh »</a>.</p> <p>On assiste d’ailleurs en Israël à une offensive sans précédent contre les organisations de défense des droits humains, qu’elles soient internationales ou israéliennes, considérées désormais comme une menace stratégique pour l’Etat, juste après la menace de l’Iran, du Hamas et du Hezbollah. Une véritable entreprise de délégitimation se déploie contre ces organisations à travers des groupes soutenus par le gouvernement et l’extrême droite comme <a href="http://www.ngo-monitor.org/index.php" class="spip_out" rel="external">NGO Monitor</a>, menée parallèlement à une guerre de propagande pour justifier l’injustifiable (lire Dominique Vidal, « <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/VIDAL/16774" class="spip_out" rel="external">Plus le mensonge est gros...</a> », <i>Le Monde diplomatique</i>, février 2009). Est-il vraiment étonnant que des soldats israéliens considèrent les militants venus apporter du ravitaillement à Gaza comme des « terroristes » et les traitent comme tels ?</p> <p>L’impunité durera-t-elle ou certains gouvernements oseront-ils prendre des mesures concrètes pour sanctionner Israël, pour faire comprendre à son gouvernement (et aussi à son peuple) que cette politique a un prix, que la répression a un prix, que l’occupation a un prix ?</p> <p>Dans le cadre de l’Union européenne, Paris pourrait suggérer à ses partenaires de suspendre l’accord d’association en vertu de l’article 2, qui affirme explicitement qu’Israël doit protéger les droits humains (lire Isabelle Avran, <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-06-25-UE-Israel" class="spip_out" rel="external">« Atermoiements de l’Union européenne face à Israël »</a>, La valise diplomatique, 25 juin 2009).</p> <p>La France pourrait déjà, seule, sans attendre l’accord de ses partenaires européens, prendre <a href="http://blog.mondediplo.net/2010-04-06-Trois-suggestions-a-Bernard-Kouchner" class="spip_in">trois mesures</a> :</p> <p><img src="http://blog.mondediplo.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-cebf5.gif" class="puce" alt="-" style="height: 11px; width: 8px;" height="11" width="8" /> d’abord, et ce serait seulement se conformer au droit et aux décisions de l’Union européenne, lancer une campagne pour tracer l’origine des produits israéliens exportés en France et interdire (pas seulement taxer) les produits des colonies ;</p> <p><img src="http://blog.mondediplo.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-cebf5.gif" class="puce" alt="-" style="height: 11px; width: 8px;" height="11" width="8" /> ensuite, affirmer que l’installation de colons dans les territoires occupés n’est pas acceptable et que ceux-ci devraient donc être soumis à une demande de visa s’ils désirent se rendre en France – une mesure facile à mettre en œuvre à partir des adresses des individus désirant visiter notre pays ;</p> <p><img src="http://blog.mondediplo.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-cebf5.gif" class="puce" alt="-" style="height: 11px; width: 8px;" height="11" width="8" /> enfin, proclamer que des citoyens français qui effectuent leur service militaire en Israël ne sont pas autorisés à servir dans les territoires occupés. Leur participation aux actions d’une armée d’occupation pourrait entraîner des poursuites judiciaires.</p> <p>Bernard Kouchner a annoncé qu’il n’y avait pas de citoyens français parmi les personnes tuées sur les bateaux. Mais sait-il s’il y a des citoyens français parmi ceux qui sont responsables de ce crime ?</p><p><br /></p></div> </div>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-2580946638475666732010-06-07T07:12:00.001+02:002010-06-07T07:14:35.239+02:00Le liberalisme<div class="cHeadline"><br /></div> <table style="color: rgb(255, 255, 255);" class="cAuteur" id="t_auteur" border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" width="100%"> <tbody><tr> <td><span style="font-weight: bold;">Francis Parker Yockey</span><br /><br /><br /></td><td><div align="right"><br /></div> </td> </tr> </tbody></table> <span style="color: rgb(255, 255, 255);">Le Libéralisme est un très important sous-produit du Rationalisme, et ses origines et son idéologie doivent être clairement exposés. </span><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">La période des «Lumières» de l'histoire occidentale, qui commença après la Contre-Réforme, mit de plus en plus l'accent sur l'intellect, la raison et la logique, en se développant. Au milieu du 18ème siècle, cette tendance produisit le Rationalisme. Le Rationalisme considérait toutes les valeurs spirituelles comme ses objets et se mit à les réévaluer du point de vue de la «raison». La logique inorganique est la faculté que les hommes ont toujours utilisée pour résoudre des problèmes de mathématique, d'ingénierie, de transport, de physique ou dans d'autres situations concrètes. Leur insistance au sujet de l'identité et du rejet de la contradiction est praticable dans l'activité matérielle. Ils fournissent aussi une satisfaction intellectuelle en matière de pensée purement abstraite, comme les mathématiques et la logique, mais si elles sont poursuivies suffisamment loin elles se transforment en simples techniques, en simples hypothèses dont la seule justification est empirique. La fin du Rationalisme est le Pragmatisme, le suicide de la Raison. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Cette adaptation de la raison aux problèmes matériels provoque la transformation de tous les problèmes en problèmes mécaniques lorsqu'ils sont examinés à la «lumière de la raison», sans aucun ajout mystique de pensée ou de tendance diverse. Descartes voyait les animaux comme des automates, et environ une génération plus tard, l'homme lui-même fut rationalisé en automate -- ou, ce qui revient au même, en animal. Les organismes deviennent des problèmes de chimie et de physique, et les organismes supra-personnels n'existèrent simplement plus, car ils ne sont pas sensibles à la raison, n'étant ni visibles ni mesurables. Newton fit régenter l'Univers et les étoiles par une force régulatrice non-spirituelle; le siècle suivant enleva à l'homme son esprit, son histoire et ses affaires. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">La raison déteste l'inexplicable, le mystérieux, le clair-obscur. Dans un problème pratique de machinerie ou de construction de bateau, on doit sentir que tous les facteurs sont connus et contrôlés. Il ne doit rien y avoir d'imprévisible ou hors de contrôle. Le Rationalisme, qui est le sentiment que tout est soumis à la Raison et complètement explicable par elle, rejette par conséquent tout ce qui n'est pas visible et calculable. Si une chose ne peut réellement pas être calculée, la Raison dit simplement que les facteurs sont si nombreux et si compliqués que sur un plan purement pratique ils rendent le calcul impraticable, mais ne le rendent pas théoriquement impossible. Ainsi la Raison a aussi sa Volonté-de-puissance: tout ce qui ne se soumet pas est déclaré récalcitrant, ou son existence est simplement niée. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Lorsqu'il tourna son regard vers l'Histoire, le Rationalisme vit la tendance toute entière comme évoluant vers la Raison. L'homme avait «émergé» pendant tous ces millénaires, il progressait de la barbarie et du fanatisme jusqu'à la lumière, de la «superstition» à la «science», de la violence à la «raison», du dogme à l'esprit critique, de l'obscurité à la lumière. Plus de choses invisibles, plus d'esprit, plus d'âme, plus de Dieu, plus d'Eglise ni d'Etat. Les deux pôles de la pensée sont «l'individu» et «l'humanité». Tout ce qui les sépare est «irrationnel». </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Cette dénonciation des choses comme étant irrationnelles est en fait correcte. Le Rationalisme doit tout mécaniser, et tout ce qui ne peut pas être mécanisé est nécessairement irrationnel. Ainsi la totalité de l'Histoire devient irrationnelle: ses chroniques, ses processus, sa force secrète, le Destin. Le Rationalisme lui-même, étant un sous-produit d'un certain stade de développement d'une Haute Culture, est également irrationnel. Pourquoi le Rationalisme connaît une phrase spirituelle, pourquoi il exerce sa brève domination, pourquoi il se transforme une fois de plus en une religion -- ces questions sont historiques, donc irrationnelles. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Le Libéralisme est le Rationalisme dans la politique. Il rejette l'Etat en tant qu'organisme, et ne peut le voir que comme le résultat d'un contrat entre des individus. Le but de la Vie n'a rien à faire des Etats, car ils n'ont pas d'existence indépendante. Ainsi le «bonheur» de «l'individu» devient le but de la Vie. Bentham traduisit cela aussi grossièrement qu'il le pouvait en lui donnant le sens collectif du «plus grand bonheur du plus grand nombre». Si les animaux en troupeau pouvaient parler, ils utiliseraient ce slogan contre les loups. Pour la plupart des humains, qui sont le simple matériel de l'Histoire, et non ses acteurs, «bonheur» signifie bien-être économique. La Raison est quantitative, pas qualitative, et transforme donc l'homme moyen en «Homme». L'«Homme» est une chose de nourriture, de vêtement, d'abri, de vie sociale et familiale, et de loisirs. La politique demande quelquefois de sacrifier sa vie pour des choses invisibles. Cela est contre le «bonheur», et ne doit pas exister. L'économie, cependant, n'est pas contre le «bonheur», mais se développe presque en même temps que lui. La Religion et l'Eglise souhaitent interpréter la Vie entière sur la base de choses invisibles, et militent donc contre le «bonheur». L'éthique sociale, d'un autre coté, assure l'ordre économique, donc favorise le «bonheur». </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Ici le Libéralisme trouve les deux pôles de sa pensée: l'économie et l'éthique. Ils correspondent à l'individu et à l'humanité. L'éthique est bien sûr purement sociale, matérialiste; si l'éthique plus ancienne est conservée, son ancien fondement métaphysique est oublié, et il est promulgué comme un impératif social, et non religieux. L'éthique est nécessaire pour maintenir l'ordre nécessaire comme cadre de l'activité économique. A l'intérieur de ce cadre, cependant, «l'individu» doit être «libre». Voilà le grand cri du Libéralisme, «liberté». L'homme est seulement lui-même, et il n'est lié à rien sauf par son choix. Donc la «société» est une «libre» association d'hommes et de groupes. L'Etat, cependant, est non-liberté, contrainte, violence. L'Eglise est non-liberté spirituelle. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Toutes les choses du domaine politique furent transmutées par le Libéralisme. La guerre fut transformée soit en compétition, vue sous l'angle économique, soit en différence idéologique, vue sous l'angle éthique. A la place de l'alternance rythmique et mystique de la guerre et de la paix, il voit seulement la concurrence perpétuelle de la compétition ou du contraste idéologique, qui en aucun cas ne devient violent ou sanglant. L'Etat devient une société ou une humanité sur le plan éthique, un système de production et de commerce sur le plan économique. La volonté d'atteindre un but politique se transforme en fabrication d'un programme «d'idéaux sociaux» sur le plan éthique, de calcul sur le plan économique. Le pouvoir devient de la propagande, sur le plan éthique, et de la régulation, sur le plan économique. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">La plus pure expression de la doctrine du Libéralisme fut probablement celle de Benjamin Constant. En 1814 il poussa en avant ses idées de «progrès» de «l'homme». Il regardait l'époque des Lumières au 18ème siècle avec sa tournure individualiste-humanitaire, comme un simple préliminaire à la vraie libération, celle du 19ème siècle. L'économie, l'industrialisme, et la technique représentaient les moyens de la «liberté». Le Rationalisme était l'allié naturel de cette tendance. La Féodalité, la Réaction, la Guerre, la Violence, l'Etat, la Politique, l'Autorité -- tous étaient vaincus par la nouvelle idée, supplantés par la Raison, l'Economie, la Liberté, le Progrès et le Parlementarisme. La Guerre, étant violente et brutale, était déraisonnable, et est remplacée par le Commerce, qui est intelligent et civilisé. La Guerre est condamnée à tous points de vue: économiquement elle est une perte même pour le vainqueur. Les nouvelles techniques de guerre -- l'artillerie -- rendaient obsolètes l'héroïsme personnel insensé, et donc le charme et la gloire de la guerre disparaissaient avec son inutilité économique. Dans les temps anciens, les peuples guerriers avaient subjugué les peuples marchands, mais plus maintenant. A présent les peuples marchands devenaient les maîtres de la Terre. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Un moment de réflexion montre que le Libéralisme est entièrement négatif. Il n'est pas une force formatrice, mais toujours et seulement une force désintégratrice. Il souhaite déposer les autorités jumelles de l'Eglise et de l'Etat, leur substituant la liberté économique et l'éthique sociale. Il se trouve que les réalités organiques ne permettent que deux possibilités: l'organisme doit être fidèle à lui-même, ou il devient malade et détourné, une proie pour les autres organismes. Donc la polarité naturelle des dirigeants et des dirigés ne peut pas être abolie sans annihiler l'organisme. Le Libéralisme n'obtint jamais un succès complet dans sa lutte contre l'Etat, en dépit du fait qu'il s'engagea dans l'activité politique, au cours du 19ème siècle, en s'alliant avec toutes sortes d'autres forces désintégratrices de l'Etat. Ainsi il y avait les Nationaux-Libéraux, les Sociaux-Libéraux, les Libres Conservateurs, les Libéraux-Catholiques. Ils s'allièrent donc avec la démocratie, qui n'est pas libérale, mais irrésistiblement autoritaire dans le succès. Ils sympathisèrent avec les Anarchistes lorsque les forces de l'Autorité cherchèrent à se défendre contre eux. Au 20ème siècle, le Libéralisme se joignit au Bolchevisme en Espagne, et les Libéraux européens et américains sympathisèrent avec les Bolcheviks russes. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Le Libéralisme peut être défini seulement négativement. Il est une simple critique, pas une idée vivante. Son grand mot «liberté» est un négatif -- il signifie en fait, libéré de l'autorité, c'est-à-dire désintégration de l'organisme. Dans ses derniers stades il produit l'atomisation sociale dans laquelle non seulement l'autorité de l'Etat est combattue, mais même l'autorité de la société et de la famille. Le divorce obtient le même rang que le mariage, les enfants le même rang que les parents. Cette pensée constamment négative conduisit des activistes politiques comme Lorenz V. Stein et Ferdinand Lassalle à désespérer de lui en tant que véhicule politique. Ses attitudes étaient toujours contradictoires, il recherchait toujours un compromis. Il cherchait toujours à «équilibrer» la démocratie et la monarchie, les patrons et les travailleurs, l'Etat et la Société, le législatif et le judiciaire. Pendant une crise, le Libéralisme en tant que tel était introuvable. Les Libéraux se retrouvaient dans un camp ou dans un autre lors d'un affrontement révolutionnaire, selon la consistance de leur Libéralisme, et son degré d'hostilité à l'autorité. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Ainsi le Libéralisme en action était tout aussi politique que tout Etat. Il obéissait à la nécessité organique par ses alliances politiques avec les groupes et les idées non-libéraux. En dépit de sa théorie de l'individualisme, qui bien sûr exclurait la possibilité qu'un homme ou un groupe puisse appeler un autre homme ou un autre groupe à sacrifier ou à risquer sa vie, il soutenait des idées «non-libres» comme la Démocratie, le Socialisme, le Bolchevisme, l'Anarchisme, tous demandant le sacrifice de sa vie. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">II </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">A partir de son anthropologie de la bonté naturelle de la nature humaine en général, le Rationalisme produisit au 18ème siècle l'Encyclopédisme, la Franc-maçonnerie, la Démocratie, et l'Anarchisme, ainsi que le Libéralisme, chacun avec ses ramifications et ses variantes. Chacun joua son rôle dans l'histoire du 19ème siècle et, du fait du détournement critique de toute la civilisation occidentale entraîné par les premières Guerres Mondiales, même au 20ème siècle, où le Rationalisme est grotesquement déplacé, et se transforma lentement en Irrationalisme. Le corps du Libéralisme n'était même pas enterré au milieu du 20ème siècle. Par conséquent, il est nécessaire même aujourd'hui de diagnostiquer la grave maladie de la Civilisation Occidentale comme étant le Libéralisme, compliqué d'un empoisonnement étranger. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Du fait que le Libéralisme voit la plupart des hommes comme harmonieux, ou bons, il s'ensuit qu'ils devraient être autorisés à faire ce qu'ils veulent. Comme il n'y a pas d'unité supérieure à laquelle ils sont tous liés, et dont la vie supra-personnelle domine les vies des individus, chaque champ de l'activité humaine ne sert que lui-même -- aussi longtemps qu'il ne souhaite pas devenir autoritaire, et reste dans le cadre de la «société». Ainsi l'Art devient «l'Art pour l'amour de l'Art», l'art pour l'art. Tous les domaines de la pensée et de l'action deviennent également autonomes. La religion devient une simple discipline sociale, car être plus signifierait assumer l'autorité. La science, la philosophie, l'éducation, tous sont également des mondes en eux-mêmes. Aucun n'est le sujet de quelque chose de supérieur. La littérature et la technique sont dotées de la même autonomie. La fonction de l'Etat est simplement de les protéger par des brevets et des copyrights. Mais par-dessus tout -- l'économie et la loi sont indépendantes de l'autorité organique, c'est-à-dire de la politique. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Les lecteurs du 21ème siècle trouveront difficile à croire qu'autrefois l'idée prévalait que chaque personne devait être libre de faire comme ça lui plaisait en matière économique, même si son activité personnelle impliquait la famine de centaines de milliers de gens, la dévastation complète de zones forestières et minérales, et l'affaiblissement de la puissance de l'organisme; qu'il était tout-à-fait permis pour un tel individu de s'élever au-dessus de l'autorité publique affaiblie, et de dominer par des moyens privés les pensées intimes de populations entières par son contrôle de la presse, de la radio et du cinéma. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Ils trouveront encore plus difficile de comprendre comment une telle personne pouvait s'adresser à la loi pour appuyer sa volonté destructrice. Ainsi un usurier pouvait, même au milieu du 20ème siècle, invoquer avec succès l'assistance de la loi pour déposséder un certain nombre de paysans et de fermiers. Il est difficile d'imaginer comment n'importe quel individu pouvait ainsi affaiblir l'organisme politique, plus qu'en transformant le sol en poussière, selon la phrase du grand Freiherr von Stein. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Mais cela était la conséquence inévitable de l'idée de l'indépendance de l'économie et de la loi par rapport à l'autorité politique. Il n'existe rien de supérieur, pas d'Etat; il y a seulement les individus s'affrontant les uns les autres. Il est donc naturel que les individus les plus astucieux économiquement accumulent la plus grande partie de la richesse mobile dans leurs mains. Cependant, s'ils sont de vrais Libéraux, ils ne désirent pas l'autorité en plus de cette richesse, car l'autorité comporte deux aspects: le pouvoir, et la responsabilité. L'individualisme, psychologiquement parlant, est de l'égoïsme. «Bonheur» = égoïsme. Rousseau, le grand-père du Libéralisme, était un vrai individualiste, et abandonna ses cinq enfants à l'Assistance publique. La loi, étant un domaine de la pensée et de l'effort humains, possède autant d'indépendance et autant de dépendance que tout autre domaine. A l'intérieur du cadre organique, elle est libre de penser et d'organiser son matériel. Mais comme d'autres formes de pensée, elle peut être enrôlée au service d'idées extérieures. Ainsi la loi, originellement un moyen de codifier et de maintenir la paix intérieure de l'organisme en conservant l'ordre et en empêchant les disputes privées de s'aggraver, fut transmuée par la pensée libérale en un moyen de maintenir un désordre interne, et de permettre aux individus économiquement forts de liquider les faibles. Cela fut appelé «le règne de la loi», «l'Etat de droit», «l'indépendance de la Justice». L'idée de faire intervenir la loi pour rendre sacro-saint un certain genre d'affaires n'était pas une idée originale du Libéralisme. Déjà à l'époque de Hobbes, d'autres groupes l'essayaient, mais l'esprit incorruptible de Hobbes déclara avec la plus grande clarté que le règne de la loi signifie le règne de ceux qui déterminent et administrent la loi, que le règne d'un «ordre supérieur» est une phrase vide, qui trouve un sens seulement par le règne concret de certains hommes et de certains groupes sur un ordre inférieur. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">C'était de la pensée politique, qui est dirigée vers la répartition et le mouvement du pouvoir. C'est aussi de la politique d'exposer l'hypocrisie, l'immoralité et le cynisme de l'usurier qui demande l'appui de la loi, ce qui signifie richesse pour lui et pauvreté pour des millions d'autres, et tout cela au nom de quelque chose de supérieur, quelque chose ayant une validité supra-humaine. Lorsque l'Autorité ressurgit une fois de plus contre les forces du Rationalisme et de l'Economie, elle commence immédiatement par montrer que le complexe d'idées transcendantales dont s'est équipé le Libéralisme est aussi valide que le Légitimisme de l'ère de la Monarchie Absolue, et pas plus. Les Monarques étaient les plus puissants protagonistes du Légitimisme, les financiers du Libéralisme. Mais le monarque était lié à l'organisme par toute son existence, il était responsable organiquement même quand il n'était pas responsable de fait. Ainsi Louis XVI et Charles 1er [d'Angleterre]. D'innombrables autres monarques et souverains absolus avaient dû s'enfuir à cause de leur responsabilité symbolique. Mais le financier a seulement le pouvoir, pas de responsabilité, même pas symbolique, car le plus souvent son nom n'est pas publiquement connu. L'Histoire, le Destin, la continuité organique, la Renommée, tous exercent une puissante influence sur un souverain politique absolu, et de plus sa position le place entièrement en-dehors de la sphère de la basse corruption. Le financier, cependant, est une personne privée, anonyme, purement économique, irresponsable. Il ne peut en rien être altruiste; son existence même est l'apothéose de l'égoïsme. Il ne pense pas à l'Histoire, à la Renommée, au progrès de l'organisme, au Destin, et de plus il est éminemment corruptible par des moyens vils, car son désir dominant est celui de l'argent et toujours plus d'argent. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Dans sa lutte contre l'Autorité le Libéralisme financier élabora une théorie selon laquelle le pouvoir corrompt les hommes. C'est pourtant la vaste fortune anonyme qui corrompt, car il n'y a aucune limitation supra-personnelle au-dessus d'elle, comme celle qui met le véritable homme d'Etat complètement au service de l'organisme politique, et le place au-dessus de la corruption. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Ce fut précisément dans les domaines de l'économie et de la loi que la doctrine libérale eut les effets les plus destructeurs sur la santé de la Civilisation Occidentale. Il importait peu que l'esthétique devienne indépendante, car la seule forme d'art qui avait encore un avenir en Occident, la Musique Occidentale, ne prêtait pas attention aux théories et poursuivait sa grande course créatrice jusqu'à son terme avec Wagner et ses épigones. Baudelaire est le grand symbole de l'art pour l'art: la maladie comme beauté. Baudelaire est ainsi le Libéralisme dans la littérature, la maladie comme principe de vie, la crise comme santé, l'esprit morbide comme vie spirituelle, la désintégration comme but. L'homme comme un individualiste, un atome sans connexions, la conception libérale de la personnalité. Ce fut dans les domaines de l'action plutôt que de la pensée que les dommages furent les plus grands. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Permettre à l'initiative, pour les questions économiques et techniques, de rester aux individus, soumis à un faible contrôle politique, aboutit à la création d'un groupe d'individus dont les volontés personnelles étaient plus importantes que le destin collectif de l'organisme et des millions de gens de la population. La loi qui servait cet ordre de choses avait complètement divorcé d'avec la moralité et l'honneur. Pour désintégrer l'organisme sur le plan spirituel, la moralité qui était reconnue fut séparée de la métaphysique et de la religion et reliée seulement à la «société». La loi pénale reflétait le Libéralisme financier en punissant les crimes de violence et de passion, mais pas des choses telles que détruire les ressources nationales, gaspiller des millions sans nécessité, ou l'usure à une échelle nationale. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">L'indépendance de la sphère économique était un article de foi du Libéralisme. Ce n'était pas sujet à discussion. Cela évolua même en abstraction nommée «l'homo economicus», dont les actions pouvaient être prévues comme si l'économie était un vacuum. La gain économique était sa seule motivation, l'avidité seule l'aiguillonnait. La technique de succès était de se concentrer sur son propre gain et d'ignorer tout le reste. Cet «homo economicus» était pourtant l'homme normal pour les Libéraux. Il était l'unité de base de leur image du monde. «L'Humanité» était la somme totale de ces grains de sable économiques. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">III </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Le type d'esprit qui croit à la «bonté» essentielle de la nature humaine culmina dans le Libéralisme. Mais il existe une autre anthropologie politique, qui reconnaît que l'homme est disharmonieux, problématique, dual, dangereux. C'est la sagesse générale de l'humanité, et elle se reflète dans le nombre de gardes, de clôtures, de coffres-forts, de serrures, de prisons et de policiers. Chaque catastrophe, incendie, tremblement de terre, éruption volcanique, inondation, suscite des pillages. Même une grève de la police dans une ville américaine fut le signal d'un pillage des magasins par les êtres humains respectables et bons. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Donc ce type de pensée part des faits. Cela est la pensée politique en général, en opposition avec la simple pensée sur la politique, la rationalisation. Même la vague de Rationalisme ne submergea pas cette sorte de pensée. Les penseurs politiques diffèrent grandement en créativité et en profondeur, mais ils s'accordent à dire que les faits sont normatifs. Le mot même de théorie a été déconsidéré par les intellectuels et les Libéraux qui l'utilisent comme marotte pour décrire comment ils voudraient que les choses soient. A l'origine, la théorie était l'explication des faits. Pour un intellectuel qui se livre à la politique, une théorie est un but; pour un véritable homme politique, sa théorie est une limite. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Une théorie politique cherche à trouver dans l'histoire les limites du politiquement possible. Ces limites ne peuvent pas être trouvées dans le domaine de la Raison. L'Ere de la Raison est née dans un bain de sang, et passera de mode dans un bain de sang encore plus grand. Avec sa doctrine opposée à la guerre, à la politique, et à la violence, elle a présidé aux plus grandes guerres et révolutions depuis 5 000 ans, et elle introduisit l'Ere de la Politique Absolue. Avec son Evangile de la Fraternité de l'Homme, elle apporta sur une grande échelle la famine, l'humiliation, la torture et l'extermination dans l'Histoire, contre des populations à l'intérieur de la Civilisation Occidentale, après les deux premières Guerres Mondiales. En mettant hors la loi la pensée politique, et en transformant la guerre en un combat moral au lieu d'un combat pour la puissance, elle jeta dans la poussière la chevalerie et l'honneur d'un millénaire. La conclusion irrésistible est que la Raison devint aussi politique lorsqu'elle entra dans la politique, même si elle utilisait son propre vocabulaire. Quand la Raison dépouillait un ennemi vaincu d'un territoire, après une guerre, elle appelait cela une «désannexion». Le document établissant la nouvelle situation était appelé un «Traité», même s'il avait été imposé par un blocus alimentaire. L'ennemi politique vaincu devait admettre dans le «Traité» qu'il était «coupable» [du déclenchement] de la guerre, qu'il est moralement indigne de posséder des colonies, que seuls ses soldats avaient commis des «crimes de guerre». Mais quel que soit le déguisement moral, quel que soit le vocabulaire idéologique, c'est seulement de la politique, et l'Ere de la Politique Absolue en revient une fois de plus au type de pensée politique qui part des faits, qui reconnaît la puissance et la volonté de puissance des hommes et des organismes supérieurs comme des faits, et trouve toute tentative de décrire la politique en termes de morale aussi grotesque que cela le serait de décrire la chimie en termes de théologie. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Il existe toute une tradition de pensée politique dans la Culture Occidentale, dont quelques-uns des principaux représentants sont Machiavel, Hobbes, Leibnitz, Bossuet, Fichte, de Maistre, Donoso Cortes, Hippolyte Taine, Hegel, Carlyle. Alors que Herbert Spencer décrivait l'histoire comme un «progrès» allant de l'organisation militaro-féodale jusqu'à l'organisation commerciale-industrielle, Carlyle montrait à l'Angleterre l'esprit prussien du Socialisme Ethique, dont la supériorité interne exercerait sur toute la Civilisation Occidentale, pendant l'Ere Politique à venir, une transformation aussi fondamentale que l'avait fait le Capitalisme pendant l'Ere Economique. C'était une pensée politique créatrice, mais elle ne fut malheureusement pas comprise, et l'ignorance qui en résulta permit des influences déviatrices, qui jetèrent l'Angleterre dans deux Guerres Mondiales insensées dont elle émergea en ayant presque tout perdu. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Hegel postula un développement de l'humanité en trois phases, depuis la communauté naturelle, jusqu'à la communauté bourgeoise, puis à l'Etat. Sa théorie de l'Etat est entièrement organique, et sa définition du bourgeois est très appropriée pour le 20ème siècle. Pour lui le bourgeois est l'homme qui ne souhaite pas quitter la sphère de la sécurité politique interne, qui s'établit lui-même, avec sa propriété privée sanctifiée, comme un individu contre l'ensemble, qui trouve un substitut à sa nullité politique dans les fruits de la paix et de ses biens et une parfaite sécurité pour en jouir, et qui souhaite donc être dispensé du courage et rester à l'abri de la possibilité d'une mort violente. Avec ces mots, il décrivit le véritable Libéral. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Les penseurs politiques mentionnés ne jouissent pas de la popularité auprès des grandes masses humaines. Aussi longtemps que les choses vont bien, la plupart des gens ne souhaitent pas entendre parler de lutte pour la puissance, de violence, de guerres, ou de théories les concernant. Ainsi, aux 18ème et 19ème siècles se développa l'état d'esprit selon lequel les penseurs politiques -- et Machiavel fut la première victime -- étaient des hommes méchants, avec un mauvais atavisme, assoiffés de sang. La simple affirmation que les guerres continueraient toujours était suffisante pour déconsidérer l'auteur comme une personne désirant que les guerres continuent. Attirer l'attention sur le vaste et impersonnel rythme de la guerre et de la paix révélait un esprit malade avec une déficience morale et une tare émotionnelle. Décrire les faits était considéré comme les souhaiter et les créer. Aussi tard qu'au 20ème siècle, quiconque soulignait la nullité politique de la «Société des Nations» était un prophète du désespoir. Le Rationalisme est anti-historique; la pensée politique est de l'histoire appliquée. Pendant la paix il est impopulaire de mentionner la guerre, pendant la guerre il est impopulaire de mentionner la paix. La théorie qui devient la plus rapidement populaire est celle qui fait l'éloge des choses existantes et de la tendance qu'elles sont supposées illustrer, comme étant clairement le meilleur ordre et ayant été préparé par toute l'histoire antérieure. Hegel était donc anathémisé par les intellectuels à cause de son orientation pro-étatique, qui faisait de lui un «réactionnaire», et aussi parce qu'il refusait de se joindre à la foule révolutionnaire. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Comme la plupart des gens souhaitent entendre seulement des discours soporifiques sur la politique, et non pas des appels à l'action, et comme en régime démocratique ce que la plupart des gens souhaitent entendre est important pour la technique politique, les politiciens démocrates développèrent au 19ème siècle toute une dialectique de la politique des partis. L'idée était d'examiner le domaine de l'action d'un point de vue «désintéressé», moral, ou économique, et de trouver que l'adversaire était immoral, non-scientifique, non-économique -- bref il était politique. C'était la chose diabolique qui devait être combattue. Le propre point de vue de l'observateur était entièrement «non-politique». Politique était un mot péjoratif pendant l'Ere Economique. Curieusement cependant, dans certaines situations, habituellement celles impliquant des relations avec l'étranger, «non-politique» pouvait aussi être un terme péjoratif, signifiant qu'un homme ainsi décrit manquait d'habileté dans les négociations. Le politicien devait aussi feindre une répugnance à accepter un poste. Finalement une manifestation de «volonté populaire» soigneusement préparée brisait sa répugnance, et il consentait à «servir». Cela était décrit comme du machiavélisme, mais évidemment Machiavel était un penseur politique, et non un adepte du camouflage. Un livre écrit par un politicien ne se lit pas comme Le Prince, mais fait l'éloge de l'espèce humaine entière, à l'exception de certaines personnes perverses les adversaires de l'auteur. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">En réalité le livre de Machiavel a une tonalité défensive, justifiant politiquement la conduite de certains hommes d'Etat en donnant des exemples tirés des invasions étrangères en Italie. Pendant le siècle de Machiavel, l'Italie fut envahie à plusieurs reprises par les Français, les Allemands, les Espagnols et les Turcs. Lorsque les armées de la Révolution Française occupèrent la Prusse, et associèrent les sentiments humanitaires des Droits de l'Homme avec la brutalité et le pillage à grande échelle, Hegel et Fichte restaurèrent une fois de plus Machiavel en tant que penseur. Il représentait un moyen de défense contre un ennemi armé d'une idéologie humanitaire. Machiavel montrait le véritable rôle joué par les sentiments verbaux dans la politique. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">On peut dire qu'il y a trois attitudes possibles envers le comportement humain, sur la question de l'évaluation de ses motivations: la sentimentale, la réaliste, et la cynique. La sentimentale attribue une bonne motivation à tout le monde, la cynique une mauvaise motivation, et la réaliste recherche simplement les faits. Lorsqu'un sentimental, par exemple un Libéral, entre en politique, il devient par force un hypocrite. L'exposition définitive de cette hypocrisie crée le cynisme. Une partie de la maladie spirituelle qui suivit la Première Guerre Mondiale fut une vague de cynisme qui surgit de l'hypocrisie manifeste, révoltante et incroyable des petits hommes qui présidaient aux affaires à cette époque. Cependant Machiavel avait un esprit incorruptible et n'écrivait pas d'une manière cynique. Il cherchait à dépeindre l'anatomie de la politique avec ses problèmes et ses tensions particuliers, intérieurs et extérieurs. Pour la fantastique maladie mentale du Rationalisme, des faits désagréables sont des choses regrettables, et en parler c'est les créer. Un politicien minable du type libéral cherchait même à empêcher de parler de la 3ème Guerre Mondiale, après la Seconde. Le Libéralisme est, en un mot, de la faiblesse. Il désire que chaque jour soit un anniversaire, la Vie une longue fête. L'inexorable mouvement du Temps, le Destin, l'Histoire, la cruauté de l'accomplissement, la dureté, l'héroïsme, le sacrifice, les idées supra-personnelles -- voilà l'ennemi. </span><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Le Libéralisme est une évasion, depuis la dureté jusqu'à la douceur, de la masculinité à la féminité, de l'Histoire au troupeau en train de brouter, du Destin au Bonheur. Nietzsche, dans son dernier et plus grand ouvrage, désigna le 18ème siècle comme le siècle du féminisme, et mentionna immédiatement Rousseau comme le guide de l'évasion de masse d'en-dehors de la Réalité. </span><br /><br /><br /><span style="color: rgb(255, 255, 255);">Source:</span> voxnr.comPhilippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-2427719821546347612010-06-06T16:40:00.000+02:002010-06-06T16:40:00.592+02:00L’intervention de Noam Chomsky à Paris<h3 class="crayon article-surtitre-19240 surtitre">Contours de l’ordre mondial. Continuités, changements et défis</h3> <h2 class="crayon article-titre-19240 title"><br /></h2> <div class="crayon article-chapo-19240 chapo"><p>Texte de la conférence donnée par <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/Chomsky" class="spip_in">Noam Chomsky au théâtre de la mutualité</a> le samedi 29 mai 2010. La captation sonore des diverses interventions et des questions de la salle est disponible à la fin du texte, ci-dessous.</p></div> <p>Parmi les thèmes apparaissant dans le titre, ce qui est le plus important dans mon esprit, et je présume dans le vôtre également, ce sont les défis pour aujourd’hui ; ils sont en effet bien réels et à certains égards effrayants. Certains défis concernent même la survie des espèces si l’on parle des armes nucléaires et des menaces pesant sur l’environnement, ces sujets traités lors des récentes conférences de Copenhague sur le climat et de New York sur le Traité de Non-Prolifération (TNP), avec dans les deux cas des résultats qui ne sont guère favorables. Parmi les autres défis importants, on trouve l’avenir de l’Union européenne (actuellement très incertain) et le rôle des économies émergentes et leurs différentes configurations dans un monde qui se diversifie, avec l’Organisation de coopération de Shanghai, les BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine], l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et d’autres. A une autre échelle, la financiarisation de l’économie des Etats-Unis et des autres économies de premier ordre (étroitement liée à la montée d’un système de production asiatique) a eu un impact majeur sur nos sociétés et le système mondial. Pour prendre un exemple, Martin Wolf, le très respecté commentateur du <i>Financial Times</i>, approuve la conclusion selon laquelle l’origine de la crise des dettes publiques mettant en danger la survie de la zone euro <i>« est la débauche passée de larges segments du secteur privé, en particulier du secteur financier »</i>. Les marchés financiers, écrit-il, <i>« ont financé l’orgie et maintenant, dans la panique, refusent de financer l’assainissement qui en découle. A chaque étape, ils ont agi de façon procyclique »</i>, transformant la crise en une catastrophe potentielle. L’économiste John Talbott ajoute : <i>« Si quelqu’un doit être blâmé pour ces crises, ce sont les banques qui ont trop prêté et ce sont donc elles qui devraient payer le prix fort de la restructuration. »</i> Néanmoins, en s’écartant des pratiques antérieures, le plan de sauvetage adopté par l’Europe reprend un système inventé au cours de la crise actuelle par la Réserve fédérale américaine [FED] et le ministère des finances, garantissant aux banques de s’en sortir indemnes. Aux Etats-Unis, les effets à long terme pour le pays incluent une stagnation pour une majorité de la population et une croissance radicale des inégalités, avec des conséquences potentiellement explosives. Le pouvoir politique des institutions financières bloque toute réglementation sérieuse, si bien que les crises financières régulières que nous avons connues ces trente dernières années deviendront donc probablement encore plus sévères.</p> <p>Il n’est pas difficile de poursuivre : on ne manque pas de défis à relever. Mais on ne peut les comprendre et s’y attaquer de manière sérieuse qu’en les inscrivant dans une perspective plus large.</p> <p>A un niveau très général, il est utile de garder à l’esprit plusieurs principes de large portée et de grande signification. Le premier est la maxime de Thucydide : <i>« Les forts font comme ils l’entendent, et les faibles souffrent comme il se doit. »</i> Cette maxime a un corollaire important : les systèmes de pouvoir comptent sur des spécialistes en gestion de doctrine, à qui il revient de montrer que ce que font les forts est noble et juste, et que si les faibles souffrent, c’est leur faute. Il s’agit d’une tendance qui fait honte à l’histoire intellectuelle et qui remonte à ses plus anciennes origines.</p> <p>Les contours persistants de l’ordre mondial reflètent cette maxime de très près. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis dominent le monde des affaires et continuent de le faire à bien des égards, malgré des changements importants. Pendant la guerre, des hauts responsables ont compris qu’au bout du compte, les Etats-Unis détiendraient un pouvoir sans précédent dans le monde et ils ont soigneusement planifié l’organisation du monde de l’après-guerre. Ils ont délimité une <i>« vaste zone »</i> dans laquelle les Etats-Unis détiendraient <i>« un pouvoir incontesté »</i> avec <i>« une suprématie militaire et économique »</i> tout en veillant à la <i>« limitation de tout exercice de souveraineté »</i> de la part des Etats qui pourraient interférer avec leurs intentions planétaires. La vaste zone devait inclure au moins l’Extrême-Orient et l’ancien empire britannique, y compris les ressources énergétiques de l’Asie occidentale ; le contrôle de ces ressources apporterait <i>« un contrôle important sur le monde »</i>, fit remarquer plus tard un planificateur influent. Alors que la Russie prenait le dessus sur les armées nazies après la bataille de Stalingrad, les objectifs de la vaste zone se sont étendus aussi loin que possible en Eurasie, au moins jusqu’à sa base économique en Europe de l’Ouest. Il a toujours été entendu que l’Europe pourrait choisir de suivre une voie indépendante, peut-être la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été en partie destinée à contrer cette menace et le problème reste tout à fait d’actualité aujourd’hui.</p> <p>Les Etats-Unis ont continué à protéger avec zèle leur propre souveraineté, tout en rejetant les revendications de même ordre provenant d’autres pays. Les Etats-Unis ont contribué à la création des juridictions internationales, mais n’ont accepté leur autorité qu’avec des réserves décisives : en particulier, les Etats-Unis ne seraient pas soumis aux traités internationaux, y compris la charte de l’ONU. De la même façon, en signant la Convention sur le génocide 40 ans plus tard, les Etats-Unis se sont exemptés de son application. Ces deux réserves ont été invoquées devant la Cour internationale de justice et la Cour a relaxé les Etats-Unis des accusations d’agression et de génocide pour ces motifs. Une autre illustration est fournie par la doctrine Clinton prévoyant que les Etats-Unis se réservent un droit de <i>« recours unilatéral à la force militaire »</i> pour s’assurer <i>« un accès sans restriction aux marchés clés, à l’approvisionnement en énergie et aux ressources stratégiques »</i>. Clinton faisait écho à un thème familier. Dans les premières années suivant la Seconde Guerre mondiale, le diplomate américain George Kennan a expliqué qu’en Amérique latine <i>« la protection de nos matières premières »</i> doit être une préoccupation majeure. « Nos matières premières », dont le hasard veut qu’elles se trouvent ailleurs, nous appartiennent de droit. Telles sont les prérogatives de la puissance selon la maxime de Thucydide.</p> <p>Une deuxième maxime importante a été formulée par Adam Smith. Il observa que dans l’Angleterre de son époque <i>« les principaux architectes »</i> de la politique étaient les <i>« marchands et les fabricants »</i>. Ceux-ci s’assuraient que leurs propres intérêts étaient bien servis sans tenir compte des effets « néfastes » sur les autres, y compris sur le peuple anglais, mais plus gravement encore sur ceux qui souffraient ailleurs de <i>« l’injustice sauvage des Européens »</i>, en particulier en Inde britannique (qui fut sa principale préoccupation).</p> <p>Dans les démocraties industrielles d’aujourd’hui, les principaux architectes de la politique sont les institutions financières et les sociétés multinationales. Une version actuelle de la maxime d’Adam Smith, dans une version plus sophistiquée, est la « théorie d’investissement de la politique » développée par l’économiste politique Thomas Ferguson, qui considère les élections comme des occasions pour des groupes d’investisseurs de s’allier afin de contrôler l’Etat. Cette théorie permet de faire de très bonnes prédictions politiques sur une longue période. Depuis les années 1970, la part des institutions financières dans les bénéfices des entreprises a fortement augmenté, pour atteindre aujourd’hui environ un tiers aux Etats-Unis. Leur pouvoir politique a évolué de concert, menant au démantèlement de l’appareil de réglementation qui avait évité les crises financières depuis la Grande Dépression. Ces institutions financières ont également fourni l’essentiel du soutien à Barack Obama, l’aidant à le porter à la victoire. Elles s’attendaient à être récompensées, et elles l’ont été, avec un énorme plan de sauvetage, financé par les contribuables, visant à les sauver des conséquences de l’effondrement destructeur de l’économie dont elles portent la plus grande part de responsabilité.</p> <p>L’un des thèmes principaux dans l’élaboration des politiques des puissants est ce que nous pourrions appeler le « principe de la Mafia ». Le parrain ne tolère pas de « défi réussi ». Même le plus petit acte de désobéissance est dangereux. Il pourrait devenir un « virus » qui « répandra la contagion », pour emprunter les mots de Henry Kissinger quand il préparait le renversement du gouvernement d’Allende. En d’autres termes, le virus est un domino qui pourrait faire tomber toute la rangée. Le principe a été maintes fois invoqué par les Etats-Unis pendant leur période de domination mondiale, et a bien sûr de nombreux antécédents.</p> <p>Les principes en vigueur dans l’élaboration d’une politique entrent parfois en conflit. Cuba en est un exemple très instructif. A une écrasante majorité, le monde s’oppose à l’embargo des Etats-Unis, conçu, comme nous le savons à partir des archives internes, pour punir la population de son incapacité à renverser un gouvernement désobéissant. Pendant des décennies, la population étasunienne a également été favorable à la normalisation des relations. Il n’est pas rare que les décideurs ne tiennent pas compte de l’opinion publique mondiale et nationale, mais ce qui est plus intéressant, dans ce cas, c’est que de puissants secteurs de l’économie privée sont également favorables à la normalisation, notamment l’agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique et les entreprises du secteur énergétique. La politique consistant à punir les Cubains persiste néanmoins, en violation de la maxime d’Adam Smith mais en accord avec le « principe de la Mafia ». Les intérêts plus larges de l’Etat priment sur les intérêts commerciaux locaux. Les mêmes personnes peuvent prendre des décisions différentes en fonction du rôle qu’elles jouent dans les institutions, dans d’autres cas également comme l’Iran d’aujourd’hui avec des précédents intéressants remontant au renversement du régime parlementaire par les Etats-Unis et le Royaume-Uni [en 1953] : des entreprises du secteur énergétique ont été contraintes par l’Etat à prendre 40% de la concession britannique, en désaccord avec leurs préférences à court terme mais en accord avec la planification étatique plus large.</p> <p>Dans le cas de Cuba, les archives et documents historiques sont riches et instructifs. Quelques mois après que Cuba eut obtenu son indépendance (en janvier 1959), les Etats-Unis prirent des initiatives pour renverser le régime. L’une des principales raisons avancées dans les documents internes à l’administration était le « défi réussi » que représentait Cuba pour les politiques étasuniennes (remontant à la doctrine Monroe de 1823) ; il s’agissait là d’un intolérable affront et d’une menace de contagion. La menace fut immédiatement reconnue par le gouvernement d’Eisenhower, mais plus explicitement par les « libéraux (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-05-31-Chomsky#nb1" class="spip_note" rel="footnote" title="Aux Etats-Unis, les libéraux sont des adeptes du libéralisme politique et (...)" id="nh1">1</a>) » de l’équipe de Kennedy qui arriva au pouvoir deux ans plus tard. Avant son entrée en fonction, le président John Fitzgerald Kennedy mit sur pied une mission pour l’Amérique latine, dirigée par l’historien de gauche Arthur Schlesinger. Dans son rapport au nouveau président, Schlesinger ne manqua pas de prévenir que d’autres pays pourraient être infectés par la propagation <i>« de l’idée castriste de prendre en main ses propres affaires »</i>, un danger particulièrement grave, ajoutait-il <i>« quand la distribution des terres et des autres formes de richesse nationale favorise les classes possédantes… et que les pauvres et défavorisés, encouragés par l’exemple de la révolution cubaine, exigent alors des conditions de vie décentes »</i>. L’ensemble du système de domination pourrait se défaire si l’idée de prendre en mains son destin devait étendre ses funestes tentacules.</p> <h3 class="spip">Un vaccin contre le virus de la politique</h3> <p>Dans de telles circonstances, les prescriptions politiques sont sans ambiguïté : il est nécessaire de détruire le virus et de vacciner les victimes potentielles. Ce traitement standard fut appliqué immédiatement : d’abord lors de l’invasion de la baie des Cochons [en 1961], et , après cet échec, une vaste campagne fut menée pour apporter <i>« les terreurs de la terre »</i> à Cuba, pour reprendre les mots utilisés par Schlesinger dans sa biographie du frère du président, Robert Kennedy, qui se vit assigner cette tâche comme mission prioritaire. Cela n’a pas été une mince affaire, en dehors du fait que cela mena le monde à une menace de guerre nucléaire. En attendant, la région fut protégée de l’infection par le fléau d’une répression sans précédent depuis l’époque des conquistadors. Cette répression débuta par un coup d’Etat militaire au Brésil en 1964, planifié par le gouvernement Kennedy qui installa les premiers d’une série d’Etats policiers répressifs comprenant le Chili, l’Uruguay, et les assassins argentins (comptant parmi les chouchous du président Ronald Reagan). Cette calamité s’étendit à l’Amérique centrale sous le gouvernement Reagan, développant la torture, les tueries en série et autres crimes.</p> <p>Un fait passé pratiquement inaperçu en Occident a pourtant une grande importance : la vaccination des victimes potentielles consista dans une large mesure en une guerre contre l’Eglise, laissant derrière elle une liste sanglante de martyrs religieux. En 1962, lors de Vatican II, le Pape Jean XXIII fut à l’origine d’un effort historique pour réhabiliter le Christianisme des Evangiles qui avait été détruit au quatrième siècle, quand l’empereur Constantin avait fait du Christianisme la religion de l’Empire romain, convertissant « l’Eglise persécutée » en une « Eglise de la persécution », pour reprendre les mots du distingué théologien Hans Küng. S’inspirant de Vatican II, les évêques d’Amérique latine adoptèrent « l’option préférentielle pour les pauvres », renouvelant avec le pacifisme radical des Evangiles. Des prêtres, des religieuses et des laïcs apportèrent le message des Evangiles aux pauvres et aux persécutés en les encourageant à prendre leur destin en main et à travailler ensemble pour surmonter la misère de la survie sous la contrainte du pouvoir étasunien.</p> <p>La réaction à cette grave hérésie que constituait la théologie de la libération fut immédiate. Le coup d’Etat au Brésil en constitua la première étape. La guerre contre les Evangiles a été consommée en novembre 1989, quelques jours après la chute du mur de Berlin, quand six intellectuels latino-américains de premier plan, des prêtres jésuites, ont été assassinés par un bataillon d’élite du Salvador, fraîchement sorti de l’école spéciale de guerre « John F. Kennedy » [John F. Kennedy Special Warfare School]. La responsabilité de l’écrasement des efforts faits pour faire renaître le Christianisme n’est pas masquée. Cette école de formation à la guerre a depuis été renommée l’Ecole des Amériques [School of the Americas]. Célèbre pour son entraînement des tueurs d’Amérique latine, elle annonce fièrement dans son message publicitaire que la théologie de la libération a été <i>« vaincue avec l’aide de l’armée américaine »</i>, avec un petit coup de main du Vatican qui utilisa des moyens plus doux : l’expulsion et l’autocensure.</p> <p>Nous apprenons beaucoup sur nous-mêmes en comparant un événement qui a dominé l’actualité de novembre dernier [2009], avec un non événement du même mois. L’événement fut la célébration euphorique du vingtième anniversaire de l’émancipation de l’Europe de l’est de la tyrannie russe, saluée comme une victoire de la non-violence et de l’idéalisme, et il s’agit bien de cela. Le non événement fut le silence qui entoura, dans le même temps, la consommation de la guerre haineuse qui écrasait la théologie de la libération et détruisait <i>« les organisations populaires combattant pour défendre les droits humains les plus fondamentaux »</i>, pour reprendre les mots prononcés par l’archevêque Oscar Romero, « la voix des sans voix », quelques jours avant son assassinat par ceux-là mêmes qui menaient cette guerre. La comparaison entre ce qui s’est passé dans les années 1980 au sein des sphères d’influence de la Russie et des Etats-Unis (ainsi que les réactions que cela a suscité en Occident), est très éclairante, mais régulièrement expédiée aux oubliettes d’une histoire inacceptable.</p> <p>Les guerres d’Indochine, qui comptent sans doute parmi les crimes les plus horribles de l’après-guerre, illustrent également le fonctionnement du « principe de la Mafia ». Lorsque les Etats-Unis décidèrent de soutenir la guerre meurtrière de la France pour reconquérir son ancienne colonie, la préoccupation centrale était que l’indépendance du Vietnam ne puisse devenir un virus contaminant les autres pays, peut-être même l’Indochine riche en ressources et même enfin le Japon, ce que l’historien John Dower appela le « super domino ». Le Japon pourrait devenir le centre industriel d’un continent asiatique indépendant, et ceci en établissant le Nouvel Ordre qu’il avait cherché à créer dans les années 1930. Les Etats-Unis n’étaient pas prêts à perdre la phase Pacifique de la Seconde Guerre mondiale même si Washington avait bien l’intention de fournir au Japon <i>« une sorte d’empire vers le Sud »</i>, quelque chose comme un Nouvel Ordre pour reprendre la phrase de George Kennan, mais maintenant au sein du système mondial dominé par les Etats-Unis, donc acceptable.</p> <p>Là aussi, les moyens conventionnels pour faire face à un virus furent mis en œuvre avec une extrême brutalité. Le virus fut supprimé en démolissant la résistance sud-vietnamienne, puis une grande partie de l’Indochine. La région fut vaccinée en mettant en place dans les pays voisins de féroces dictatures militaires. L’Indonésie fut protégée de la contamination par ce que le <i>New York Times</i> appela le <i>« stupéfiant massacre de masse »</i> de 1965 – un <i>« rayon de lumière en Asie »</i> claironna son correspondant de gauche, exprimant ainsi l’euphorie occidentale débridée pour, d’une part, le massacre de centaines de milliers de personnes (la plupart des paysans sans terre) et, d’autre part, la destruction du seul parti politique de masse tandis que le pays s’ouvrait à la libre exploitation occidentale, dont les crimes ont été comparés (par la CIA) à ceux de Hitler, Staline et Mao. Le conseiller à la sécurité nationale de Kennedy et Johnson, McGeorge Bundy, fit observer rétrospectivement que la guerre du Vietnam aurait bien pu s’arrêter après que l’Indonésie avait été vaccinée en toute sécurité par cet opportun <i>« stupéfiant massacre de masse »</i>.</p> <h3 class="spip">Révision de l’histoire</h3> <p>Après l’offensive du Têt de janvier 1968, la communauté des affaires étasuniennes conclut qu’il était inutile de prolonger la guerre qui alors nuisait à l’économie du pays. Le gouvernement suivit à contrecœur. Comme la politique du gouvernement évolua, l’opinion des élites changea également, et une histoire imaginaire fut inventée dans laquelle tout le monde était une « colombe » qui s’ignorait (tellement bien cachée qu’on n’en trouvait aucune trace dans les archives). Les équipes de Kennedy réécrivirent leurs premiers récits pour répondre aux nouvelles exigences. Cette révision de l’histoire fut un succès complet, comme le fut le maintien de limites strictes sur des critiques acceptables A la fin de la guerre, les plus dissidents au sein du courant dominant jugèrent que la guerre était <i>« une erreur »</i>, qu’elle avait débuté par des <i>« efforts maladroits pour faire le bien »</i>, et que, finalement, elle nous coûtait trop cher (selon Anthony Lewis). Assez étonnamment, pour 70% de la population peu éclairée, la guerre était <i>« fondamentalement et moralement un mal »</i>, et non <i>« une erreur »</i>. Les critiques formulées par les élites concernant la guerre en Irak sont très similaires. Obama, par exemple, est considéré comme un critique de principe de cette guerre parce qu’il l’a jugée comme étant une <i>« erreur stratégique »</i>. Des critiques semblables de l’invasion russe en Afghanistan avaient paru dans la <i>Pravda</i>. Nous ne les jugions pas <i>« fondées sur des principes »</i>, alors que c’est ce que devait penser la classe des commissaires d’alors. Partout les réactions sont tout à fait conformes à la norme historique et aux mêmes principes.</p> <p>Généralement, on convient que la guerre du Vietnam fut une défaite pour l’Amérique. C’est exact si l’on prend en compte les objectifs maximaux : le Vietnam n’a pas été transformé en un pays comme les Philippines. Si toutefois on prend en compte les objectifs principaux, la guerre fut plutôt une réussite. Le virus a été détruit et la région vaccinée avec succès contre la contamination. Les conséquences à long terme sont mitigées, mais le succès reste considérable. Un titre récent du <i>Financial Times</i> en donne un exemple significatif : « Tokyo accepte la défaite de la base navale d’Okinawa ». L’article indique que <i>« le premier ministre japonais a reconnu hier une défaite concernant ses efforts pour déloger d’Okinawa une base maritime étasunienne dont la présence est controversée, tout en suggérant que le sud de l’île devait continuer à "porter ce fardeau" pour le bien de l’alliance entre Tokyo et Washington »</i>, malgré l’écrasante opposition populaire. Le Japon est le principal détenteur de la dette des Etats-Unis, mais il reste à l’abri au sein du système mondial. C’est une des continuités qui mérite notre attention.</p> <p>Observez en revanche la guerre en Irak. Les Etats-Unis ont été contraints de céder pas à pas aux pressions populaires réclamant la démocratie et l’indépendance. Il s’agit d’une grande victoire pour la résistance non-violente. Les forces d’invasion pouvaient tuer les insurgés et détruire Falloujah, commettant d’horribles crimes de guerre, mais elles n’ont pas été capables de faire face à des centaines de milliers de manifestants exigeant des élections, et à plusieurs reprises Washington à dû faire marche arrière face au nationalisme irakien. Récemment encore, en janvier 2008, Washington tenait toujours fermement à ses principaux objectifs de guerre : le président a ainsi indiqué au Congrès qu’il ne tiendrait aucun compte d’une loi qui pourrait entraver l’engagement des Etats-Unis en vue d’établir des bases militaires <i>« permettant le stationnement permanent des forces étasuniennes en Irak »</i> ou <i>« permettant aux Etats-Unis de contrôler les ressources en pétrole de l’Irak »</i>. Quelques mois plus tard, les Etats-Unis ont dû également abandonner ces objectifs. Washington a été contraint d’accepter la défaite en Irak devant la résistance nationale irakienne. Mais l’opposition à l’agression au sein du pays agresseur est un autre élément à prendre en compte. C’est cette opposition qui a empêché les démocrates « libéraux » d’avoir recours à certaines mesures dont ils pouvaient disposer aux Etats-Unis dans les années 1960. Cela compte parmi les vraies réussites du militantisme politique des années 1960 et des traces qu’il a laissées, contribuant à civiliser la société étasunienne. Cela s’est également produit ailleurs.</p> <h3 class="spip">Un vainqueur : l’Iran</h3> <p>L’Irak a été pratiquement détruit et les Etats-Unis vaincus, mais il existe un gagnant : l’Iran. Peu d’analystes sérieux contesteraient la conclusion du correspondant respecté du <i>Financial Times</i> au Moyen-Orient écrivant que l’invasion <i>« a énormément accru l’influence de l’islamisme chiite iranien »</i> (David Gardner) pour la plus grande déconvenue des Etats-Unis, de son client israélien et de son protectorat saoudien, celui-ci poursuivant une relation avec les Etats-Unis qui <i>« durera jusqu’au moment où le dernier baril de pétrole aura été extrait des réserves souterraines saoudiennes »</i>, comme le fait remarquer l’universitaire Gilbert Achcar.</p> <p>Les analystes en politique étrangère admettent que c’est l’Iran qui constitue la crise majeure actuelle, avec son programme nucléaire. Aucune personne saine d’esprit ne souhaite que l’Iran, ou n’importe qui d’autre, développe des armes nucléaires. Toutefois, c’est un peu trompeur de dire que l’Iran défie la « communauté internationale » en poursuivant, au mépris des ordres du Conseil de sécurité et de l’AIEA, son programme d’enrichissement nucléaire. En fait, le monde est majoritairement opposé au très rude régime de sanctions que les Etats-Unis cherchent à durcir davantage. L’opposition n’inclut pas seulement les dissidents iraniens, mais aussi les puissances régionales : la Turquie et la Ligue Arabe. Cette opposition comprend également le Brésil, peut-être le pays le plus respecté de l’hémisphère sud, qui a vigoureusement appuyé le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium, en tant que signataire du TNP. Il faut faire également un certain effort pour oublier que trois Etats nucléaires ont carrément refusé de signer le TNP : le Pakistan, l’Inde et Israël, tous trois alliés des Etats-Unis, dont les programmes nucléaires bénéficient toujours de l’assistance étasunienne.</p> <p>En septembre dernier, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1887, qui, en dehors de sa condamnation de l’Iran, a invité tous les Etats à signer le TNP et à résoudre leurs conflits en accord avec la Charte des Nations Unies, qui interdit la menace d’intervention par la force. Deux Etats violent les termes de cette résolution : les Etats-Unis et Israël, qui insistent pour que <i>« toutes les options soient ouvertes »</i>, y compris les plus violentes. L’Inde a répondu à la résolution 1887 en annonçant qu’elle peut maintenant fabriquer des armes nucléaires avec le même rendement que les superpuissances. L’envoyé d’Obama a immédiatement informé l’Inde qu’elle n’est pas assujettie à cette résolution. L’Inde et le Pakistan continuent de développer des armes nucléaires. Les relations militaires entre les Etats-Unis, l’Inde et Israël sont même en train de se resserrer. Bénéficiant des importations « à double usage [civil et militaire NDT] » en provenance des Etats-Unis (et de France également), l’Inde passe maintenant aux techniques de destruction les plus avancées : celles-ci comprennent des plateformes d’armes laser dans l’espace et des satellites destructeurs, selon le commandant des forces aériennes.</p> <p>Au même moment, l’AIEA a adopté une résolution demandant à Israël d’adhérer au TNP et de faciliter l’accès des inspections internationales. En dépit des objections de l’Europe et des Etats-Unis, qui ont cherché à bloquer la résolution, celle-ci a tout de même été adoptée. Comme dans le cas de l’Inde, Obama a immédiatement informé Israël qu’il n’était pas soumis à ces exigences, renouvelées encore ces dernières semaines. Aux Etats-Unis, tout ceci est quasiment passé sous silence, comme en Europe je suppose, mais il est facile de voir pourquoi les accusations d’hypocrisie faites par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad peuvent trouver un écho ailleurs.</p> <p>Obama a également réagi à la résolution 1887 par d’autres moyens. Le Pentagone a annoncé qu’il allait accélérer la livraison des armes les plus meurtrières disponibles, à l’exception des armes nucléaires. Il s’agit de bombes de 13 tonnes conçues pour détruire des bunkers profondément cachés et protégés par 5 tonnes de béton armé. Ce à quoi vont servir ces bombes n’est pas un secret. La planification de ces « obus d’artillerie massive » a débuté dans les années Bush, mais a traîné en longueur jusqu’à la prise de fonction d’Obama ; il a alors immédiatement demandé que soient accélérés leur développement et leur déploiement. Ensuite, Obama a envoyé ces armes aux îles Diego Garcia dans l’Océan indien ; il s’agit d’une base importante pour le bombardement du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Il a aussi envoyé à Diego Garcia un bâtiment de soutien de sous-marins afin d’assister les sous-marins d’attaque rapide et lance-missiles qui opèrent dans les eaux du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest, selon l’annonce de la marine étasunienne, non confirmée. Ce sont de nouvelles menaces contre l’Iran, en violation de la résolution 1887 et de la Charte des Nations Unies.</p> <p>Il existe un contexte plus large. Pour ceux qui se sont sérieusement engagés dans la non-prolifération, certaines mesures peuvent être entreprises. L’une d’entre elles serait la création de zones sans armes nucléaires [<i>nuclear weapons-free zones</i>, NWFZ]. L’Union africaine est parvenue récemment à un accord pour créer une zone de ce type, mais cet accord ne peut être mis en œuvre. La Grande Bretagne et les Etats-Unis insistent pour que l’île Diego Garcia ne soit pas incluse, car les Etats-Unis l’utilisent pour stocker des armes et des sous-marins nucléaires. Une zone sans armes nucléaires dans le Pacifique sud connaît les mêmes problèmes. Au début, c’était la France qui bloquait car elle voulait utiliser ses îles pour des essais nucléaires, maintenant ce sont les Etats-Unis qui bloquent en insistant pour que ses îles du Pacifique bénéficient d’une dérogation.</p> <p>Le cas le plus significatif se trouve bien sûr au Moyen-Orient où les tensions régionales pourraient être atténuées par la création d’une zone sans armes nucléaires. C’est une question brûlante dans la région depuis un certain temps, et elle a été une nouvelle fois posée le mois dernier lors de la conférence conjointe des Nations unies et du TNP. L’Egypte, qui préside le mouvement des non-alignés comptant 118 nations, a fait circuler un appel pour la création d’une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient, comme cela avait été convenu avec l’Occident (y compris les Etats-Unis) en 1995 lors de la conférence de révision du TNP. Washington s’est officiellement engagé, mais insiste pour qu’Israël y fasse exception, et n’a pas laissé entendre que ces dispositions s’appliqueraient à eux-mêmes. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a déclaré, lors de la conférence du TNP, que ce n’est pas encore le moment de créer une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient. Washington a par ailleurs insisté pour que ne soient pas acceptées les propositions qui demandent à Israël de se soumettre au contrôle de l’AIEA ou qui invitent les signataires du TNP (les Etats-Unis en particulier) à rendre publiques les informations relatives <i>« aux installations et aux activités nucléaires israéliennes, y compris l’information ayant trait aux précédents transferts de technologie nucléaire vers Israël »</i>.</p> <p>La technique pour se dérober est d’adopter la position d’Israël, demandant que toute proposition soit subordonnée à un règlement de paix total. Si ce n’est qu’il est soumis à une interdiction effective de la part des Etats-Unis, il existe un accord quasi-unanime sur la façon de régler le conflit israélo-arabe, et cela depuis 1976. Il date du moment où des pays arabes de la région introduisirent une résolution au Conseil de sécurité, appelant à un accord pour une solution à deux Etats comprenant la frontière internationale et toutes les garanties prévues par la résolution 242 (le document de base par accord commun). Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette proposition de résolution en 1976, et une nouvelle fois en 1980. Tout s’est poursuivi à l’identique. Les principes de base sont soutenus par pratiquement le monde entier, y compris la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique (comprenant l’Iran) et des acteurs concernés qui ne sont pas des Etats, dont le Hamas. Un accord selon ces termes est bloqué par les Etats-Unis et Israël, qui sont à la tête du front du rejet depuis 35 ans, bien qu’il existe une exception décisive et très instructive. Lors de son dernier mois à la présidence des Etats-Unis, en janvier 2001, Bill Clinton a entamé des négociations israélo-palestiniennes à Taba, en Egypte qui sont presque parvenues à un accord (selon les déclarations des participants) avant qu’Israël ne mette fin aux négociations.</p> <p>Il est important de rappeler que les Etats-Unis et le Royaume-Uni possèdent une responsabilité unique dans le processus de création d’une zone de non prolifération d’armes atomiques au Moyen-Orient. Dans leur tentative de fournir en 2003 une mince couverture juridique à leur invasion de l’Irak, ils ont cité la résolution du Conseil de sécurité 687 (de 1991) qui demandait à l’Irak de mettre fin à son programme de développement d’armes de destruction massive. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni prétendaient que cela n’avait pas été fait. Nous n’avons pas besoin de nous attarder sur ce prétexte mais notons que cette résolution engage ses signataires à créer une zone de non prolifération d’armes atomiques au Moyen-Orient.</p> <h3 class="spip">La destruction de l’environnement</h3> <p>J’ai dit que la prolifération des armes nucléaires est l’un des deux défis qui mettent littéralement en danger la survie de notre espèce. Cette question n’est pas prise en compte malgré l’impressionnante rhétorique déployée. Il en va de même pour la deuxième menace : la destruction de l’environnement. Ce qui se passe aux Etats-Unis est particulièrement important, comme toujours, mais est également très révélateur. Le secteur des entreprises mène une campagne massive de propagande pour que l’opinion publique abandonne ses préoccupations concernant le changement climatique lié aux activités humaines, et avec le plus grand succès puisque cette conviction a baissé et réunit maintenant tout juste un tiers de la population. Les responsables à qui revient cette tâche de propagande, visant à lutter contre cette conviction, savent aussi bien que nous que le « canular progressiste » est bien réel et que les perspectives sont peu réjouissantes (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-05-31-Chomsky#nb2" class="spip_note" rel="footnote" title="Aux Etats-Unis, une partie des climato-septiques présente le réchauffement (...)" id="nh2">2</a>). Ils s’acquittent en fait du rôle que les institutions leur ont assigné. Dans une économie de marché, ces responsables doivent agir de façon à maximiser les gains à court terme. S’ils ne le font pas, ils seront remplacés par d’autres, qui eux le feront. D’ailleurs, selon le droit anglo-américain des sociétés, il s’agit d’une obligation juridique. Ce qui signifie qu’ils ne doivent pas tenir compte des externalités (l’impact d’une opération à l’extérieur de l’entreprise). Dans ce cas, le sort de l’espèce humaine est une externalité qu’ils doivent écarter dans la mesure où l’économie de marché prévaut. La logique est la même lorsque des directeurs de sociétés financières ne prennent pas en compte le risque systémique, tout en sachant qu’en agissant de la sorte ils provoqueront une crise financière. Dans ce cas, leur comportement n’est pas irrationnel. Ils savent qu’après l’effondrement du château de cartes qu’ils construisent, ils peuvent aller se mettre à l’abri de ce qu’ils appellent l’Etat nourricier, tout en serrant fort leur livres de Hayek, Friedman et Rand. Il n’existe pas de tels recours lorsque les externalités liées à la destruction de l’environnement sont ignorées. Il n’est pas facile toutefois de surmonter les nécessités institutionnelles. Les deux grandes menaces pesant sur notre survie demeurent redoutables.</p> <h3 class="spip">L’effacement des nations</h3> <p>Passons à un autre sujet, il y a en ce moment beaucoup de discussions agitées concernant un grand changement de pouvoir dans le monde. Les spéculations vont bon train pour savoir si (ou quand) la Chine pourrait, avec l’Inde, remplacer les Etats-Unis comme puissance dominante mondiale. Si cela devait arriver, cela signifierait que le système mondial redeviendrait proche de ce qu’il était avant les conquêtes européennes. Les taux de croissance des PIB chinois et indien ont été, en effet, très spectaculaires ces derniers temps. Mais il faut ajouter quelque chose. L’indice de développement humain (IDH) des Nations unies indique que l’Inde occupe toujours une place proche du bas du classement : la 134ème, légèrement au-dessus du Cambodge, au-dessous du Laos et du Tadjikistan. La Chine se place à la 92ème place, un peu au-dessus de la Jordanie, en dessous la République Dominicaine et l’Iran. L’Inde et la Chine souffrent également d’inégalités très fortes, si bien que plus d’un milliard de leurs habitants se trouvent beaucoup plus bas dans ce classement. En outre, une comptabilité précise irait au-delà des mesures faites actuellement en prenant en compte les coûts très sérieux que la Chine et l’Inde ne peuvent plus ignorer ; l’écologie, la diminution des ressources naturelles et bien d’autres choses encore. Les spéculations sur le changement de pouvoir dans le monde négligent quelque chose que nous savons tous : les nations, n’occupant plus la même place dans le système interne de distribution du pouvoir, ne sont pas les vrais acteurs au sein des affaires internationales, un truisme porté à notre attention par cet incorrigible radical d’Adam Smith, comme nous en avons déjà parlé.</p> <p>En gardant à l’esprit le truisme radical d’Adam Smith, on s’aperçoit qu’il existe en effet un changement de pouvoir dans le monde mais pas celui qui occupe le devant de la scène. Il s’agit d’un déplacement allant de la main d’œuvre mondiale vers le capital transnational, ce déplacement s’étant nettement intensifié pendant les années de néolibéralisme. Le coût en est très lourd, y compris pour les travailleurs étasuniens qui sont victimes de la financiarisation de l’économie et de la délocalisation de la production et qui ne parviennent à maintenir leurs revenus qu’en s’endettant et en créant des bulles de valeurs. Les paysans indiens sont affamés et des millions de travailleurs chinois sont en lutte : la part du travail dans le revenu national y décroît plus rapidement que dans la plupart des autres pays.</p> <p>La Chine joue un rôle de premier plan dans le changement réel du pouvoir mondial, elle est devenue en grande partie une usine d’assemblage au sein d’un système régional de production. Martin Hart-Landsberg a traité cette question dans un ouvrage important (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-05-31-Chomsky#nb3" class="spip_note" rel="footnote" title="Martin Hart-Landsberg et Paul Burkett, China and Socialism, Market Reforms (...)" id="nh3">3</a>). Le Japon, Taiwan et d’autres économies d’Asie exportent des pièces et des composants vers la Chine et lui fournissent également la plus grande partie de la technologie de pointe. On s’est beaucoup préoccupé de la hausse du déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine mais on a fait moins de cas du déficit commercial croissant des Etats-Unis avec le Japon et les autres pays d’Asie au moment où le système de production régional se met en place. Le <i>Wall Street Journal</i> en conclut que si l’on comptait uniquement la valeur ajoutée des constructeurs chinois, le véritable déficit commercial entre les Etats-Unis et la Chine serait réduit dans une proportion de 30 % alors que le déficit commercial entre les Etats-Unis et le Japon augmenterait de 25 %. Les constructeurs étasuniens suivent le même chemin en fournissant des pièces et des composants à la Chine, qui les assemble et les exporte en retour en grande partie vers les Etats-Unis. Pour les institutions financières, les géants de la distribution, les propriétaires et les gestionnaires des industries manufacturières ainsi que pour les secteurs étroitement liés à ces centres de pouvoir, tout cela est merveilleux. Mais ce n’est pas le cas pour la majorité des Américains dont les revenus stagnent depuis trente ans au milieu d’une concentration stupéfiante de richesse, de l’effondrement des systèmes d’aide et des infrastructures ; tout ceci conduisant à une situation intérieure des plus inquiétantes. Nous observons des développements similaires en Europe et ailleurs.</p> <h3 class="spip">La situation en Afghanistan</h3> <p>Enfin, on devrait dire quelques mots au sujet de l’Afghanistan. Dans la première opération de la nouvelle stratégie d’Obama, les Marines étasuniens ont conquis Marjah, une petite ville faisant partie de la province du Helmand, le principal foyer de l’insurrection. Le <i>New York Times</i> signale que :</p> <p><i>« Les Marines se sont heurtés à l’identité des talibans, une identité tellement dominante que l’on peut décrire ce mouvement comme un parti unique dont l’influence touche tout le monde dans la ville. Nous devons reconsidérer notre définition du mot "ennemi" a déclaré Larry Nicholson, commandant de la brigade Marine expéditionnaire dans la province du Helmand. "La plupart des gens ici se considèrent comme des talibans... Nous avons à réajuster notre manière de penser de façon à ne pas chasser les talibans de Marjah, c’est l’ennemi que nous essayons de chasser", a-t-il déclaré. »</i></p> <p>Les Marines sont confrontés à un problème qui a toujours harcelé les conquérants. Il s’agit d’un problème bien connu des anciens Marines du Vietnam. Le plus grand érudit du gouvernement d’alors se lamentait que l’ennemi était le <i>« seul véritable parti politique possédant une assise populaire »</i> et que tous les efforts faits pour se mesurer à lui sur le plan politique ressemblerait à un affrontement entre le menu fretin et une baleine. C’est en utilisant notre avantage comparatif – la violence – que nous avons donc dû surmonter leur force politique. D’autres ont connu des problèmes similaires, par exemple les Russes en Afghanistan dans les années 1980 : ils ont gagné toutes les batailles mais ont perdu la guerre. Après le triomphe de Marjah, les forces dirigées par les Etats-Unis s’apprêtent à donner l’assaut sur la ville principale de Kandahar où, d’après les sondages de l’armée étasunienne, 95% de la population s’oppose à l’opération militaire et 5 personnes sur 6 considèrent les talibans comme <i>« nos frères afghans »</i>. Encore une fois, cela fait écho aux conquêtes antérieures.</p> <h3 class="spip">Contrôle des cerveaux</h3> <p>Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les autorités soient préoccupées par le fait que le soutien intérieur puisse s’éroder davantage encore. Une « fuite » récente émanant d’un rapport de la CIA, fait remarquer que <i>« le peu d’informations livrées au public concernant la mission en Afghanistan a permis aux dirigeants allemands et français de ne pas tenir compte de l’opposition populaire et d’augmenter régulièrement leur contingent militaire pour la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). Berlin et Paris conservent respectivement le troisième et le quatrième rang en termes de forces militaires présentes au sein de la FIAS, malgré l’opposition de 80% des Allemands et des Français à l’augmentation du déploiement des troupes au sein de la FIAS (selon un sondage datant de l’automne dernier) »</i>. Il est donc nécessaire <i>« d’adapter le message »</i> pour <i>« prévenir ou du moins contenir d’éventuelles réactions violentes »</i>. Pour la France, la CIA recommande d’avoir recours à une propagande élaborée pour prendre en compte le <i>« profond souci pour les civils et les réfugiés »</i> et pour provoquer le sentiment de culpabilité des Français lié à leur abandon. Le rapport recommande de mettre particulièrement en avant la question de l’éducation des filles qui peut devenir <i>« un point de ralliement pour l’opinion publique française en grande partie laïque, et donner aux électeurs une raison de soutenir une cause nécessaire malgré les victimes »</i>. Les faits, comme d’habitude, n’ont pas la moindre importance. On peut prendre par exemple les progrès de l’éducation des filles à Kaboul lors de l’occupation russe, ou le véritable impact des opérations militaires.</p> <p>Le rapport de la CIA doit nous rappeler que les Etats possèdent un ennemi intérieur : leur propre population, qui doit être contrôlée quand elle s’oppose à la politique de l’état. Ce problème se pose même dans les Etats totalitaires. L’Allemagne nazie a ainsi dû disputer une guerre « des armes et du beurre » pour tenir le public en respect. Dans les sociétés plus démocratiques, le recours à la force doit être remplacé par une propagande efficace dans la <i>« bataille éternelle pour contrôler le cerveau des hommes »</i> et pour <i>« fabriquer un consentement »</i> grâce à des <i>« illusions nécessaires »</i> et par une <i>« simplification extrême, puissante émotionnellement »</i>. (Pour citer Reinhold Niebuhr, le philosophe préféré des chefs d’entreprise et d’Obama, vénéré par les personnalités de l’establishment pour des motifs intéressants mais que je vais devoir laisser de côté.) La bataille pour contrôler l’ennemi intérieur est en ce moment tout à fait à propos, et devrait être une préoccupation de première importance pour ceux qui veulent faire face de manière constructive aux graves défis d’aujourd’hui.</p> <h3>Introduction de Serge Halimi</h3><br /><br /> <object type="application/x-shockwave-flash" data="squelettes/javascript/player_mp3_maxi.swf" title="écouter" width="150" height="18"><param name="wmode" value="transparent"><param name="movie" value="squelettes/javascript/player_mp3_maxi.swf"><param name="FlashVars" value="mp3=http://www.monde-diplomatique.fr/IMG/mp3/intro.mp3&width=150&loadingcolor=660000&bgcolor1=ffffff&bgcolor2=cccccc&buttoncolor=999999&buttonovercolor=0&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=666666&textcolor=0"></object>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-15711077521702310642010-06-06T15:40:00.001+02:002010-06-06T15:41:32.820+02:00« Propaganda : Comment manipuler l'opinion en démocratie »<h3><span style="color: rgb(192, 192, 192);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><br /></span></span></span></span></span></h3> <h3 style="color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">par Edward Bernays</span></span></span></span></h3> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">Ex:</span></span> <a href="http://www.polemia.com/"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial black,avant garde;">http://www.polemia.com/</span></span></a></strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Qui a dit : « L’ingénierie du consentement est l’essence même de la démocratie, la liberté de persuader et de suggérer » ?</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Non, la propagande politique au XXe siècle n’est pas née dans les régimes totalitaires, mais au cœur même de la démocratie libérale américaine ; elle est née d’Edward Bernays, l’auteur de cette phrase.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Le père de la propagande</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Edward Bernays (1891-1995), neveu de Sigmund Freud émigré aux Etats-Unis, est considéré comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l’industrie des relations publiques, dont il met au point les méthodes pour des firmes comme Lucky Strike. Son œuvre aborde des thèmes communs à celle de Walter Lippmann, notamment celui de la manipulation de l’opinion publique. Il fit à ce titre partie du Committee on Public Information créé par Woodrow Wilson [président des Etats-Unis NDLR] pour gagner l’opinion publique américaine à l’entrée en guerre des États-Unis en 1917.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Conseiller pour de grandes compagnies américaines, Bernays a mis au point les techniques publicitaires modernes. Au début des années 1950, il orchestra des campagnes de déstabilisation politique en Amérique latine, qui accompagnèrent notamment le renversement du gouvernement du Guatemala, main dans la main avec la CIA.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Il a inventé cette technique moderne qui consiste à plier nos esprits aux projets de certains, technique que l’on nomme communément « propagande ».</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Pour Bernays, la démocratie doit être pilotée par la minorité intelligente, c’est-à-dire, par l’élite...</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Les méthodes de Bernays : de la théorie à la pratique.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En combinant les idées de Gustave Le Bon et Wilfred Trotter sur la psychologie des foules avec les idées sur la psychanalyse de son oncle maternel, Sigmund Freud, Eddy Bernays a été un des premiers à vendre des méthodes pour utiliser la psychologie du subconscient dans le but de manipuler l’opinion publique.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Pour lui, une foule ne peut pas être considérée comme pensante, seul le</strong></span></span> <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%87a"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>ça</strong></span></span></a> <span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>s’y exprime, les pulsions inconscientes. Il s’y adresse pour vendre de l’image dans des publicités, pour le tabac par exemple, où il utilise le symbole phallique. À la demande de l’industrie cigarettière, qui cherchait à faire tomber le tabou de la consommation du tabac par les femmes, il a notamment organisé des défilés très médiatisés de « fumeuses » jeunes et jolies qui affirmaient leur indépendance et leur modernité par l’acte de fumer en public (« Les torches de la liberté »...).</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En politique, il « vend » l’image des personnalités publiques, en créant par exemple le petit-déjeuner du président, où celui-ci rencontre des personnalités du show-biz. Il considère qu’une minorité intelligente doit avoir le pouvoir « démocratique » et que la masse populaire doit être modelée pour l’accepter.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’exemple de la première guerre mondiale</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Des techniques de propagande ont été codifiées et appliquées la première fois d’une façon scientifique par le journaliste Walter Lippmann et le psychologue Edward Bernays au début du XXe siècle.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Pendant la Première Guerre mondiale, Lippman et Bernays furent engagés par le président des États-Unis Woodrow Wilson pour faire basculer une opinion américaine traditionnellement isolationniste vers l’interventionnisme. Pour cela, il fit appel aux Comités pour l’information du public (Comitee for Public Information) dirigés par le journaliste George Creel, « privatisant » ainsi la propagande de guerre.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>La campagne de propagande de Creel, Lippman et Bernays effectuée pendant six mois fut si intense que l’hystérie anti-allemande générée a impressionné l’industrie américaine, qui découvrait tout à coup les immenses ressources que l’on pouvait déployer pour influencer l’opinion publique d’un pays entier. Bernays a inventé les termes d’esprit de groupe et d’ingénierie du consentement, des concepts importants en propagande appliquée.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Lord Ponsonby, un aristocrate anglais, socialiste et pacifiste, résuma ainsi les méthodes utilisées pendant le conflit (y compris par son propre pays) : Il faut faire croire :</strong></span></span></p> <ol style="color: rgb(255, 255, 255);"><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>que notre camp ne veut pas la guerre</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que l’adversaire en est responsable</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> qu’il est moralement condamnable</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que la guerre a de nobles buts</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que l’ennemi commet des atrocités délibérées (pas nous)</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>.qu’il subit bien plus de pertes que nous</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que Dieu est avec nous</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que le monde de l’art et de la culture approuve notre combat</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que l’ennemi utilise des armes illicites (pas nous)</strong></span></span></li><li><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong> que ceux qui doutent des neuf premiers points sont soit des traitres, soit des victimes des mensonges adverses (car l’ennemi, contrairement à nous qui informons, fait de la propagande).</strong></span></span></li></ol> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’historienne Anne Morelli a montré que cette grille pouvait s’appliquer encore aux conflits de la fin du XXe siècle. Certains soulignent aussi leur adéquations avec des conflits très actuels.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Les relations publiques, dont usent les États et les entreprises, s’inspirent directement des travaux de Lippman et Bernays.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>En 1928, Bernays publie <em>Propaganda</em></strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’analyse de Chomsky :</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>« Le manuel classique de l’industrie des relations publiques », selon Noam Chomsky. Véritable petite guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund Freud. Ce livre expose cyniquement et sans détour les grands principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays appelait la « fabrique du consentement ».</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Comment imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire un président ? Dans la logique des « démocraties de marché », ces questions se confondent.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Bernays assume pleinement ce constat : les choix des masses étant déterminants, ceux qui viendront à les influencer détiendront réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande. Loin d’en faire la critique, l’auteur se propose d’en perfectionner et d’en systématiser les techniques à partir des acquis de la psychanalyse.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>L’analyse de Blandine Josselin :</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Car l’homme fait partie de ce « gouvernement de l’ombre », aujourd’hui « spin doctors » et autres conseillers en relation publique, qui régit toutes les activités humaines, du choix de nos lessives aux décisions de nos chefs d’Etat. A travers ses multiples exemples aux allures de complot, son oeuvre, <em>Propaganda</em>, est tout à la fois une théorie des relations publiques et le guide pratique de cette « ingénierie du consentement ».</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Explicitant avec une clarté étonnante les multiples techniques et ressorts psychologiques de la propagande (le cher oncle n’est jamais bien loin !), cette oeuvre écrite en 1928 apparaît aujourd’hui comme un témoignage édifiant et profondément actuel qui aurait toute sa place dans un cours de self-défense civique. Précieux, ce « manuel » l’est par son absence totale de langue de bois. A la manière d’un Patrick Le Lay des grands jours, Bernays revendique sans même rosir son mépris pour le « troupeau » et son goût pour l’autorité. Si l’auteur choque aujourd’hui, il désarçonne aussi par tant de candeur et de ferveur pour ce qu’il chérit comme un progrès pour l’humanité. Il pousse surtout à réfléchir sur la réalisation de l’idéal démocratique tant la transparence et la consternante « bonne foi » de son argumentaire en trois temps paraît infaillible. Selon lui, la propagande n’est pas un vilain mot car l’action de dominer et manipuler les foules est inévitable, nécessaire pour « organiser le chaos » et même profitable pour « guider » la masse « égarée », ainsi soulagée de l’éreintante tâche de penser par soi-même. Bernays fonde tout son argument sur l’évacuation de l’individu et la fatalité du consentement populaire.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Anonymus</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>24/05/2010</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Edward Bernays, <em>Propaganda : Comment manipuler l'opinion en démocratie</em>, Editeur Zones, octobre 2007, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Oristelle Bonis et préfacé par Normand Baillargeon, philosophe, professeur à l'université du Québec à Montréal, et auteur d'un <em>Petit cours d'autodéfense intellectuelle</em> paru chez Lux en 2007.</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>Sources :</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><a href="http://www.evene.fr/livres/livre/edward-bernays-propaganda-32186.php"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>evene.fr</strong></span></span></a> <span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>et</strong></span></span> <a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/la-manipulation-de-l-opinion-74681"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>agoravox.fr</strong></span></span></a></p><p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><br /></p><p style="text-align: justify; color: rgb(255, 255, 255);"><br /></p>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-60588836096461321812010-06-06T08:41:00.000+02:002010-06-05T09:21:45.357+02:00Qu'est ce que la révolution conservatrice ?<h2><a href="http://tempspresents.wordpress.com/2009/08/24/stephane-francoisqu%e2%80%99est-ce-que-la-revolution-conservatrice/" rel="bookmark" title="Lien permanent vers Qu’est ce que la Révolution Conservatrice ?"><br /></a></h2> <p class="date"><br /></p> <div class="entrytext"> <div class="snap_preview"><p style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(255, 0, 0);"><strong><a href="http://tempspresents.files.wordpress.com/2009/08/fidus-schwertwache.jpg"><img class="alignleft size-full wp-image-1165" title="Fidus Guerriers sacrés [et maigres]" src="http://tempspresents.files.wordpress.com/2009/08/fidus-schwertwache.jpg?w=99&h=132" alt="Guerriers sacrés [et maigres]" height="132" width="99" /></a>Par Stéphane François</strong></span></p> <p style="text-align: justify;">Les décès au début des années 2000 du germaniste français Louis Dupeux et de l’historien suisse Armin Mohler<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn1">[1]</a> nous donne l’occasion de revenir sur la « Révolution Conservatrice » allemande dont ils s’étaient faits les spécialistes et qui reste mal connue. Pourtant, Louis Dupeux anima à ce sujet durant une vingtaine d’années, au sein de l’université de Strasbourg, le Groupe d’étude de la « Révolution Conservatrice » allemande dont les travaux furent publiés dans la <em>Revue d’Allemagne</em>. Le précurseur de ces études fut Edmond Vermeil qui, en 1938, publia les <em>Doctrinaires de la révolution allemande 1918-1938</em><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn2">[2]</a>. En France, la « Révolution Conservatrice » fut surtout étudiée, à partir de la fin des années 1960 par les milieux nationalistes-révolutionnaires<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn3">[3]</a> et puis dans les années 1980 par la Nouvelle Droite et, en particulier, par Alain de Benoist<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn4">[4]</a>.<span id="more-1164"></span> En effet, les membres de celle-ci ont publié un grand nombre de monographies, articles, études, etc. sur ce sujet. La Nouvelle Droite découvre (ou redécouvre) à cette époque la « Révolution Conservatrice », qui deviendra l’une de ses références importantes. Cette filiation est d’ailleurs ouvertement revendiquée à travers le recours à Ernst Jünger, Oswald Spengler, Carl Schmitt.</p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="color: rgb(255, 0, 0);">Les origines de la Révolution Conservatrice</span></strong></p> <p style="text-align: justify;">La « Révolution Conservatrice » est un courant de pensée, avant tout culturel, qui s’est développé en Allemagne après 1918 en opposition à la République de Weimar et qui se caractérisait par un refus de la démocratie et du parlementarisme. Leur <em>Weltanschauung</em>, leur « vision du monde », révolutionnaire-conservatrice se réclamait de l’idéalisme, du spiritualisme voire du vitalisme, et se proposait de reconstituer une société sur la base de communautés naturelles structurées et hiérarchisées, menées par une nouvelle aristocratie du mérite et de l’action.</p> <p style="text-align: justify;">Les auteurs de ce courant de pensée ont médité sur les grandes questions qui agitaient leur temps : la technique, l’État, la ville, l’identité, la guerre, la crise religieuse, le marxisme et le libéralisme, la justice sociale, la question nationale et l’édification européenne, etc. Mouvement intellectuel, la Révolution Conservatrice renvoyait l’image d’une « droite » n’étant ni libérale, ni nazie et très modérément chrétienne. En effet, la Révolution Conservatrice fut aussi une expérience existentielle d’une grande richesse avec ses mouvements de jeunesse, ses organisations paysannes, ses “sociétés d’hommes” et ses cercles religieux.</p> <p style="text-align: justify;">Les racines de la Révolution Conservatrice plongent dans le romantisme, en réaction contre le processus de « modernisation » déclenché par les Lumières et la révolution industrielle. Le romantisme politique qui en découle se caractérisait, sommairement, à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, par le refus du rationalisme, de l’industrialisation, de l’urbanisation, du libéralisme ainsi que des valeurs conservatrices traditionnelles, dont le christianisme, au profit d’une vision mythifiée d’une société organique.</p> <p style="text-align: justify;">Leur <em>Weltanschauung</em> se fondait sur une vision pessimiste et cyclique de l’Histoire, influencé par la philosophie de Nietzsche. Elle se caractérisait aussi par un pessimisme culturel (le <em>Kulturpessimismus</em>). Le plus connu des précurseurs de ce pessimisme culturel fut Paul de Lagarde (Paul Anton Bötticher 1827-1891) qui contribua à « créer l’idéalisme de l’anti-modernité »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn5">[5]</a>. Pour Lagarde, la modernité était le facteur de la décadence de l’Allemagne. Les idéaux de Paul de Lagarde furent vulgarisés par la revue <em>Hammer</em> publiée depuis 1902 par le vieux théoricien raciste Theodor Fritsch (1852-1933)<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn6">[6]</a>, grand admirateur du premier<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn7">[7]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Cependant la grande référence intellectuelle de ce courant de pensée reste Friedrich Nietzsche et son néo-traditionalisme, le théoricien du « second traditionalisme »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn8">[8]</a>, après celui des penseurs contre-révolutionnaires comme Maistre, Bonald ou Donoso Cortés. Nietzsche a développé sa pensée antimoderne dans les dernières années de sa vie (vers 1885-1888), en particulier dans un livre inachevé, <em>La volonté de puissance</em><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn9">[9]</a>. Cependant, dès les années 1883-1884, le thème de l’antimodernisme apparaît dans l’œuvre nietzschéenne : « C’est en ce que la pensée de Nietzsche évolue dans le sens d’une radicalité antimoderne croissante […] qu’il refait les chemins, le sachant ou non, de la critique traditionaliste d’origine contre-révolutionnaire. Jusqu’à en retrouver les motifs positifs principaux : la valeur-norme d’ordre hiérarchique, la vision de l’éternel retour où trouve une nouvelle vie la théorie des cycles.<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn10">[10]</a> »</p> <p style="text-align: justify;">Celui-ci exerça une influence considérable sur les mouvements de jeunesse, qui antisocialiste autant qu’antibourgeois et antichrétien, préparèrent et préfigurèrent bien des aspects de l’Allemagne de l’après Première Guerre mondiale. Il contribua à ruiner auprès de la jeunesse le prestige des universités, accusées d’enseigner un rationalisme desséché, sans lien avec la vie véritable, de s’attacher à une science plus préoccupée de disséquer que de proposer une compréhension profonde de l’humanité : « Maintenant, pour atteindre la connaissance, il faut trébucher sur des mots devenus éternels et durs comme de la pierre, et la jambe se cassera plus facilement que le mot »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn11">[11]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Nietzsche pensait que l’Allemagne était en voie de manquer à sa destinée, en manquant à l’idéalisme allemand. Il protestait aussi contre l’hégémonie de la Prusse et contre l’abus de la discipline prussienne. Il reprochait aussi à la grande bourgeoisie de n’avoir pas constitué d’élite véritable, de manquer de tout dévouement à l’Etat et d’user de son influence politique en vue du seul profit matériel et d’un bonheur médiocre, ce qui Nietzsche appelait l’avènement du nihilisme : « Ce que je raconte, c’est l’histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui viendra, ce qui ne peut manquer d’advenir : l’avènement du nihilisme.<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn12">[12]</a> »</p> <p style="text-align: justify;">L’Allemagne wilhelminienne s’est singularisée, à partir de la seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle, par une prolifération d’initiatives non-conformistes de réformes telles que les communautés à la campagne, les <em>Wandervögel</em> (« Les oiseaux migrateurs »), une sorte de scoutisme, les foyers de pédagogie active, le naturisme, le végétarisme… Ces mouvements sont, dès les origines, divisés en deux tendances opposées : une tendance libertaire qui donnera naissance à l’expérience de Monte Verità<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn13">[13]</a>, près d’Ascona en Suisse, et qui influencera des personnes comme Erich Mühsam (1878-1934)<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn14">[14]</a> et comme le futur prix Nobel Herman Hesse (1877-1962)<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn15">[15]</a>. La seconde tendance est v<em>ölkisch</em>, un courant dont nous reparlerons en détail plus loin.</p> <p style="text-align: justify;">C’est de cette époque que datent les premières plaintes contre la pollution de l’air et de l’eau<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn16">[16]</a>, provenant de ces milieux. Le végétarisme est, d’ailleurs, mis à l’honneur dans ces milieux, tout comme le naturisme revitalisant (les « bains de lumières ») et les médecines douces par ces premiers alternatifs.</p> <p style="text-align: justify;">L’expression « L’alternative 1900 », inventée par Louis Dupeux, concerne les expériences alternatives et libertaires qui ont vu le jour en Allemagne, Autriche et Suisse à l’aube du XX<sup>e</sup> siècle. La tentative la plus connue est née en Suisse à Monte Verità. La bourgeoisie y était vivement critiquée malgré le fait que cette alternative fusse née sous son impulsion, les familles fortunées envoyant leurs enfants chez les <em>Wandervögel</em>, qui était aussi la structure la plus importante, en effectif, des mouvements de la jeunesse. Le programme de ces derniers consistait en excursions, en la découverte d’une vie saine dans la nature, la camaraderie (en réaction aux relations hypocrites de la bourgeoisie) et en soirées passées auprès d’un feu de camp.</p> <p style="text-align: justify;">Cependant « [le] “mouvement de la jeunesse” (<em>Jugendbewegung</em>), qui se veut un rejet de la sécurité bourgeoise, les mouvements de réforme qui naissent au même moment et qu’accompagnent des phénomènes sectaires, le vitalisme et une tendance de plus en plus manifeste à l’irrationalité, tels sont les phénomènes qui traversent la bourgeoisie et qui, en tant que déviation partielle, préservent l’ensemble de la structure bourgeoise. Le marginal est toléré tant qu’il ne met pas en danger cette structure. Cela vaut pour l’acceptation des juifs assimilés comme pour les marginaux de Monte Verità, les partisans du naturisme, les anthroposophes et les autres mouvements néo-religieux qui n’ont encore fait l’objet d’aucune étude systématique.<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn17">[17]</a> » Ces expériences et leurs idéaux permirent l’essor de la « Révolution Conservatrice » dans l’immédiat après-guerre.</p> <p style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(255, 0, 0);"><strong>Morphologie de la Révolution Conservatrice</strong></span></p> <p style="text-align: justify;">Si la « Révolution Conservatrice » domina le climat culturel de la droite allemande entre 1918 et 1933, elle fut cependant beaucoup trop divisée en chapelles opposées, en dissidences permanentes, en une multitude de formations comprenant trois membres et une table et publiant leur propre journal (dans lequel elles appellent bien sûr toutes à l’union), pour avoir une quelconque influence sur le terrain politique. En effet, elle fut un entrelacs de personnalités, un ensemble de réseaux, partis, cercles, ligues, journaux, etc. où les liens personnels l’emportaient sur tous les autres sans pour autant cesser d’appartenir à la mouvance. Armin Mohler recensait, dans une liste non exhaustive, plus de 430 groupes, ligues…</p> <p style="text-align: justify;">Le fonctionnement des groupes de la « Révolution Conservatrice » était, parfois, calqué sur la Franc-Maçonnerie, voire même hérité d’un passage au sein de l’une des multiples structures ésotérico-politiques qui foisonnaient en Allemagne entre 1880 et 1930<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn18">[18]</a> : initiation du novice aux idées diffusées, sélection par cooptation et enquête sur le postulant : religion, mœurs et morphologie<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn19">[19]</a> : couleur des yeux et des cheveux, par exemple. En outre, comme Hans Mommsen l’affirme : « Les dénominations varient et témoignent d’une grande imprécision (ligue, ordre, société, club). Reichs Hammerbund, Dürerbund, Germanenorden, Thulegesellschaft, Juniclub, Herrenclub [...]. Toutes ces organisations, dont le nombre et les métamorphoses rendent vain tout essai d’inventaire, se caractérisent par un recours à des formes associatives pré-libérales, qui, à la liberté d’adhésion et de recrutement, substituent les principes de la cooptation, de l’admission ritualisée des nouveaux membres et d’une existence à la marge de l’espace public . »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn20">[20]</a></p> <p style="text-align: justify;">L’éclatement de cette nébuleuse, le nombre des groupes et leurs métamorphoses rendent vain tout essai d’inventaire exhaustif : ce courant de pensée regroupait des personnes aussi différentes que les écrivains Thomas Mann (dans un premier temps), Stefan George, Gottfried Benn, Ernst von Salomon et Ernst Jünger, les philosophes Oswald Spengler et Martin Heidegger, le père de la géopolitique Karl Haushofer, l’économiste Werner Sombart, les juristes Carl Schmitt et Fiedrich Hielscher, le pédagogue Alfred Bäumler ou les activistes politiques Edgard Julius Jung, Arthur Moeller van den Bruck et Ernst Niekisch…. Mais droite classique, « Révolution Conservatrice », courant <em>völkisch</em> ou solidarités issues des Corps-Francs, aucune de ces appartenances n’était fermée sur elle-même car s’il existe, en effet, des divisions internes, des lignes de fracture, elles sont en même temps autant de passerelles vers les autres courants. Ce qui pose le problème de la circonscription de cette nébuleuse.</p> <p style="text-align: justify;">Armin Mohler, l’inventeur de l’expression « Révolution Conservatrice » distinguait dans sa thèse<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn21">[21]</a> cinq « images conductrices » présentes au cœur de cette nébuleuse : les <em>völkischen</em> ; les « jeunes-conservateurs » ; les « nationaux révolutionnaires » ; <em>Bundichen</em> (les « ligueurs ») et le « mouvement paysan » (appellation qui se rapporte au soulèvement paysan de la province du Schlewing-Holstein, région limitrophe du Danemark, à partir de 1928). Louis Dupeux retenait lui aussi cinq principaux clivages mais ces derniers étaient différents de son prédécesseur. En premier lieu le clivage qui sépare les partisans attardés, mais très nombreux, du “pessimisme culturel”, d’une part, et les tenants d’une pseudo-modernité d’autre part. Un second clivage, à dominante politique, et qui n’est pas sans rapports avec le précédent, sans toutefois se confondre avec lui, sépare les partisans d’une société vraiment “organique” de ceux qui penchent vers une société “organisée”. Un troisième clivage, à dominante socio-économique, sépare les partisans d’une “révolution” purement politique et culturelle de ceux qui envisagent en outre des transformations socio-économiques concrètes, c’est-à-dire qui remettent en cause la libre entreprise et la propriété privée dans leur existence même. Un quatrième clivage s’observe dans un domaine que les intéressés considèrent comme primordial : celui de la politique étrangère. Il s’agit ici prioritairement de situer l’Allemagne entre un Occident prétendu “sénile” et un Orient prétendu “jeune” ou “barbare”. Le problème principal est alors celui du sens à donner à la notion d’“orientation vers l’Est” et plus particulièrement de l’attitude à adopter vis-à-vis d’une Russie devenue marxiste. Un dernier et très profond clivage sépare ceux que l’on appelle les <em>völkischer</em> et ceux qu’on peut sans doute appeler les penseurs pré-fascistes<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn22">[22]</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(255, 0, 0);"><strong>Les principaux courants</strong></span></p> <p style="text-align: justify;">Les « jeunes conservateurs » comme Oswald Spengler, reprennent la filiation des théoriciens du <em>Kulturpessimismus</em> de la fin du XIX<sup>e</sup> siècle et, héritiers de la réaction romantique à la Révolution française, considèrent avec détachement le <em>Déclin de l’Occident</em>. D’autres veulent dépasser ce « pessimisme » et croire en un avenir moins sombre. Ainsi, Moeller van den Bruck, qui va se faire, avec son ouvrage <em>Le Troisième Reich</em>, le théoricien d’une véritable « révolution », d’un mouvement qui ne se contente plus d’analyser la décadence de l’extérieur, mais cherche à lutter pour pouvoir reconstruire. Moeller van der Bruck se veut avant tout conservateur et non réactionnaire. Il s’agit pour lui de gagner la révolution à venir, révolution nécessaire pour sortir du faux ordre bourgeois comme de la fausse révolution marxiste, et ainsi de « faire de la guerre et de la révolution un moyen d’apporter une solution politique à des problèmes de notre histoire qui n’auraient jamais pu être résolus sans la guerre et la révolution ». Pour cela, contre le libéralisme qui ne peut que ruiner la nation, économiquement à l’extérieur comme spirituellement à l’intérieur, le « socialisme allemand » devrait, grâce à la participation d’un peuple à son destin dans une démocratie organique, permettre l’avènement d’une société future, le Troisième Reich. Moeller van den Bruck se suicidera en 1925, mais ses idées continueront d’influencer nombre d’intellectuels réunis dans les fameux Juni-Klub puis Herrenklub. L’un des héritiers de cet auteur est Edgard Julius Jung dont la doctrine est aussi influencée par le penseur autrichien corporatiste et chrétien, Othmar Spann. La doctrine de Jung prône l’instauration d’un Etat organique corporatisme débarrassé de la lutte des classes et de la démocratie représentative au profit d’un retour à un nouveau Moyen-Âge dans lequel un nouveau Saint Empire Romain Germanique fédérerait l’Europe centrale.</p> <p style="text-align: justify;">Une frange de la Révolution Conservatrice, constituée par la « génération du front » de la Grande Guerre et par les anciens des corps-francs, représentée notamment par Ernst et Friedrich Georg Jünger, prône pour sa part l’acceptation totale de la modernité et son dépassement, se séparant ainsi du courant du <em>Kulturpessimismus</em>. Cependant, « [dans] le même temps, la pensée néo-conservatrice, dont il ne faut pas sous-estimer l’écho dans les milieux intellectuels, voulait revenir à l’avant 1789 et abolir ainsi non seulement les formes politiques libérales, mais aussi l’individualisme bourgeois qu’elles présupposent »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn23">[23]</a>. Pour ces auteurs, c’est au Travailleur jüngerien que reviendrait l’organisation du monde nouveau, c’est lui qui devrait en être la Figure, et cette volonté de dépassement de la modernité ne sera pas sans influencer leur conception des rapports entre politique et économie. Cette catégorie très largement majoritaire n’envisagent nullement de porter atteinte au capitalisme privé, si ce n’est pour l’englober dans des corporations de types divers, à égalité de dignité avec le monde du travail.</p> <p style="text-align: justify;">Le néo-conservatisme vise à l’instauration d’un ordre nouveau qui permettra, par l’utilisation de procédés modernes (propagande, organisation des masses), par le développement des grandes passions politiques contemporaines (nationalisme et même socialisme), de revenir à un ordre naturel, organique, orienté par la vie et non par l’intellect. La « conception du monde » néo-conservatrice repose sur une conception cyclique de l’Histoire, faite de combats et se déroulant par cycles : jeunesse, maturité puis déclin inévitable de tous les peuples et de toutes les cultures, dont la meilleure formulation a été faite par Spengler<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn24">[24]</a>. Elle se propose de reconstituer une société organique, sur la base de communautés naturelles structurées et hiérarchisées, menées par une nouvelle aristocratie du mérite et de l’action.</p> <p style="text-align: justify;">Ernst Jünger est un représentant typique de ce courant et l’un de ses plus brillants polémistes. Cet auteur, alors connu pour ses récits sur la Grande Guerre (<em>Orages d’acier</em>, publié à compte d’auteur en 1920<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn25">[25]</a>) a, dans les années 1920 et jusqu’en 1930, une forte activité politique. Durant cette période il écrit plus de 130 articles dont beaucoup traitent de polémique et de néo-nationalisme, publiés en particulier dans la revue <em>Die Standarte</em> (L’Etendard) qui dépend du <em>Stahlhelm</em> (Le Casque d’Acier), une association conservatrice d’anciens combattants, et dans la revue <em>Widerstand</em> (Résistance), organe de la grande figure du national-bolchevisme allemand Ernst Niekisch, à laquelle il collabore plus ou moins régulièrement. Ses positions sont à cette époque radicales : il se prononce pour une politique sociale novatrice et pour un esprit révolutionnaire (il s’oppose à la bourgeoisie et au capitalisme) et milite pour une jeune élite intellectuelle, issue des tranchées, tout en défendant une position nationaliste. Jünger est durant cette période, fasciné par le modèle soviétique/marxiste mais il montre une indifférence à l’économie. Cependant, pour cet auteur, selon l’excellente expression de Louis Dupeux, il s’agit d’« utiliser le nationalisme comme un explosif et non d’en faire un absolu ». Après la disparition de <em>Die Standarte</em> en 1926, il participe à plusieurs revues de cette tendance. Puis, à partir de 1930, il s’éloigne du militantisme politique pour se consacrer à la littérature et à l’entomologie.</p> <p style="text-align: justify;">Proche des théories de Jünger, le courant du national-bolchevisme est une autre tendance intéressante, même s’il est minoritaire, de la Révolution Conservatrice. Le plus connu de ces groupes est animé par l’ex socialiste Ernst Niekisch<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn26">[26]</a>. Après la Première Guerre, Niekisch découvre dans la révolution bolchevique de 1917 une forme russe du « prussianisme » et c’est ainsi qu’il déboucha, en novembre 1931, sur le « national-bolchevisme », une forme ultra-nationaliste du socialisme plongeant simultanément dans l’extrémisme <em>völkisch</em> et dans le pessimisme culturel le plus noir, rejetant toutes dimensions occidentales de la société allemande : libéralisme et démocratie, capitalisme et marxisme, bourgeoisie et prolétariat, mais aussi bien christianisme et humanisme.</p> <p style="text-align: justify;">D’ailleurs, les groupuscules nationaux-bolchevistes, se déclarèrent prêts à marcher avec les communistes et la Russie soviétique, afin de liquider l’ordre « occidental » et le traité de Versailles en se servant du communisme comme d’un bélier, étant bien entendu que les valeurs d’autorité et de nationalité l’emporteront un jour sur le marxisme, en Russie comme en Allemagne. La plupart des nationaux-bolchevistes des années trente, stimulés par un nationalisme radical, s’efforcent de concrétiser et renforcer leur position, en combinant les deux totalitarismes modernes : le totalitarisme politique « découvert » par Jünger et quelques autres et le totalitarisme économique de la Russie du Plan. Le national-bolchevisme peut donc être considéré comme un totalitarisme achevé, ou comme une sorte de paroxysme de la version la plus « moderne » de la Révolution conservatrice. Tout en se convertissant à l’irrationalisme, Niekisch portait à l’absolu les grandes valeurs de l’extrême droite du temps : la Nation, l’Etat et le Peuple.</p> <p style="text-align: justify;">Dernière grande tendance de la Révolution Conservatrice, la plus éclectique et la plus ancienne, les <em>völkischer</em>. Le courant <em>völkisch</em><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn27">[27]</a> est une forme du néo-paganisme germanique apparu à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle et au début du XX<sup>e</sup> siècle, héritée des « Teutomanes ». Le courant <em>völkisch</em> est<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn28">[28]</a> une forme du néo-paganisme allemand de la fin du XIXe siècle et du début du XX<sup>e</sup> siècle. Il existe, en tant que tel, depuis le début du XIX<sup>e</sup> siècle en Allemagne mais est né en Autriche. Les origines de ce courant de pensée plongent dans différentes genèses selon Christophe Boutin: « [...] ce courant occultiste puisait à diverses sources : au fonds romantique et à son goût pour le secret d’une part ; à la doctrine de la franc-maçonnerie ensuite, qui avait toujours considéré comme prioritaire la lutte contre le christianisme et cherchait donc à revenir à une spiritualité “païenne” ; à l’enseignement enfin de la Société Théosophique, avec ses “Supérieurs Inconnus”, Steiner tentant pour sa part avec sa Société Anthroposophique de donner à cette dernière un “caractère germain” tout en excluant le racisme doctrinal »<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn29">[29]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Il est important par le nombre de groupuscules mais peu en nombre d’adhérents. Foncièrement raciste, ce courant est lié au romantisme né au XVIII<sup>e</sup> siècle en réaction aux Lumières et au rationalisme. Par la suite, les apports de la biologie et du darwinisme allaient lui faire substituer peu à peu, au moins à les confondre, les notions de « Peuple » et de « Race », et établir une hiérarchie entre ces dernières, l’« Aryen » (ou le « Germain ») étant placé au sommet de la race blanche. L’influence d’auteurs comme Gobineau (1816-1882), Vacher de Lapouge (1854-1936), Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) ou Ludwig Woltmann, fut important. D’ailleurs, ce courant rencontrera le courant antisémite et leurs doctrines finiront par se fondre au cours du dernier tiers du XIXe siècle. Il n’est donc pas étonnant que les <em>völkischer</em>, par réaction nostalgique, ravivent le contre-modèle d’une communauté agraire allemande idéalisée, le mythe d’une nation originelle solidaire, d’une démocratie primitive librement soumise à des élites naturelles. Par conséquent, ils prennent la défense des populations menacées par l’évolution de la société : populations rurales, petits commerçants, artisans et petites noblesses contre la bourgeoisie libérale.</p> <p style="text-align: justify;">La reconstitution d’un passé germanique largement mythique éloigne les <em>völkischer </em>des religions monothéistes pour tenter de recréer une religion païenne, aryenne, purement allemande. D’ailleurs la notion de peuple est alors interprétée le plus souvent non pas comme une catégorie sociologique mais comme une entité quasi mythique, originelle, éternelle à l’instar de «la Nature»<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn30">[30]</a>. Elle consiste souvent en un culte solaire, qui va généralement de pair avec toutes sortes de manifestations d’occultisme « aryen » ou, du moins, avec la symbolique aryenne (calendrier <em>völkisch</em>, runes germaniques…). Cette « religiosité » est pratiquée très sérieusement dans la variété proprement «germanique» du courant nudiste, la nudité accroissant l’harmonie avec la nature. Ce nudisme nordique à connotation religieuse est pratiqué en particulier dans les communautés agraires qui se développent après 1918. Cependant, certains partisans de cette tendance, refusant le paganisme, vont élaborer une vision, raciste, darwiniste et fortement imprégnée de manichéisme et de gnosticisme du christianisme développant l’idée que le Christ est aryen.</p> <p style="text-align: justify;">Les milieux artistiques, furent largement présents parmi les <em>völkischer</em> : le peintre reconnu et professeur d’université, Ludwig Fahrenkrog (1867-1952), ce peintre était connu alors pour avoir osé représenter dans une de ses œuvres un Christ imberbe, et/ou Hugo Höppener (1868-1948), connu sous le nom de Fidus, qui fit partie des « Monte Veritaner ». et qui fut aussi l’un des promoteurs du nudisme et du végétarisme. Fidus est avant tout connu pour ses tableaux et ses gravures représentant une humanité « régénérée », des corps nus et sveltes s’offrant aux caresses du soleil, des éphèbes saluant l’aube, le tout souvent entouré de runes.</p> <p style="text-align: justify;">La période agitée de l’après Grande Guerre est propice au renouveau des sociétés <em>völkisch</em> : la défaite et la proclamation de république confirmant les thèses du déclin. En outre, l’instabilité politique (l’ambiance de guerre civile avec les agitations Spartakistes et celle des corps-francs) et économique (l’inflation galopante) créent un excellent terreau pour les mouvements alternatifs et pour l’irrationalisme. Berlin, alors, grouille de sectes. Les débuts de la république de Weimar connaissent une recrudescence de « mages », d’astrologues, de « gourous » de tout genre et de charlatans de tous ordres profitant de ce climat délétère. Ainsi, le général Ludendorff (1865-1937) fit, à la fin de sa vie, la synthèse entre le paganisme et le christianisme dans une optique nationaliste et raciale. A cet effet, il parraina une association d’étudiants : « Le cercle universitaire de race allemande », fondée en 1919, diffusant ainsi cette thématique dans les milieux universitaires<a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftn31">[31]</a>. Pour diffuser ses idées il fonda aussi un mouvement, le <em>Ludendorff-Bewegung</em> (mouvement Ludendorff). Ses thèses trouvèrent un écho dans les milieux anciens combattants.</p> <p style="text-align: justify;">La « Révolution Conservatrice » fut souvent assimilée au nazisme, avec lequel elle partage d’ailleurs, un héritage intellectuel commun important. Pourtant son univers bigarrée ne se confond nullement avec le national-socialisme malgré des parcours personnels amenant à une collaboration avec les nazis comme ont pu le faire des intellectuels de premier plan tels Martin Heidegger et Carl Schmitt. D’autres se sont soit opposés au nazisme (Pechel et Hielscher), soit se sont exilés (Mann), soit se sont enfermés dans un exil intérieur (Jünger). Même si la « Révolution Conservatrice » a préparé la société allemande, par son anti-démocratisme et par son pré-fascisme, à l’arrivée du nazisme, ce courant de pensée fut « mis au pas » par le national-socialisme comme le reste de la société. Ainsi Ernst Niekish a été déporté, le régime n’ayant pas apprécié ses critiques du national-socialisme. Le domicile d’Ernst Jünger fut fouillé plusieurs fois par la Gestapo. Le sort de Edgard Julius Jung est plus tragique : le secrétaire du Chancelier von Papen a été assassiné le 30 juin 1934, lors de la Nuit des Longs Couteaux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p><hr size="1"> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref1">[1]</a> Respectivement en mai 2002 et en juillet 2003.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref2">[2]</a> Edmond Vermeil, <em>Doctrinaires de la révolution conservatrice allemande 1918-1938</em>, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1938, seconde édition en 1948.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref3">[3]</a> <em>Cf</em>. à ce propos les travaux de Nicolas Lebourg.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref4">[4]</a> Alain de Benoist dirigea une collection intitulée « Révolution conservatrice » aux éditions Pardès qui publia ou réédita les livres suivants : Arthur Moeller van den Bruck, <em>La révolution des peuples jeunes</em>, Puiseaux, Pardès, 1993 ; Armin Mohler, <em>La Révolution Conservatrice en Allemagne de 1918 à 1932</em>, Puiseaux, Pardès, 1993 ; Ernst Niekisch, <em>« HITLER. Une fatalité allemande » et autres écrits nationaux-bolcheviks</em>, Puiseaux, Pardès, 1991 ; Carl Schmitt, <em>Du politique « légalité et légitimité » et autres essais</em>, Puiseaux, Pardès, 1990 et Werner Sombart, <em>Le socialisme allemand</em>, Puiseaux, Pardès, 1990. <em>Cf</em>. Stéphane François, <em>Les néo-paganismes et la Nouvelle Droite (1980-2006)</em>, Milan, Archè, 2008.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref5">[5]</a> Jean Favrat, « Conservatisme et modernité : le cas de Paul de Lagarde », in Louis Dupeux (dir.), <em>La « Révolution Conservatrice » dans l’Allemagne de Weimar</em>, Paris, Kimé, 1992, p. 99.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref6">[6]</a> Theodor Fritsch dirigera dans l’entre-deux guerre deux mouvements néo-païens d’influence nationale : le <em>Deutschvolkischer Schutz und Trutzbund</em> qui deviendra par la suite le <em>Deutschvolkischer Freiheit Partei</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref7">[7]</a> Louis Dupeux, « “Révolution Conservatrice” et modernité », in Louis Dupeux, <em>La « Révolution Conservatrice »</em>, <em>op. cit</em>., p.17</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref8">[8]</a> Pierre-André Taguieff, « Le paradigme traditionaliste : horreur de la modernité et antilibéralisme. Nietzsche dans la rhétorique réactionnaire », <em>in</em> Collectif, <em>Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens</em>, Paris, Le Livre de poche, 2002, p. 232.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref9">[9]</a> Friedrich Nietzsche, <em>La Volonté de puissance</em>, Paris, Gallimard, 1995.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref10">[10]</a> Pierre-André Taguieff, « Le paradigme traditionaliste », <em>art. cit</em>., p. 240.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref11">[11]</a> Friedrich Nietzsche, <em>Aurore</em>, <em>in</em> <em>Œuvres complètes</em>, t. 1, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1993, p. 998.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref12">[12]</a> Friedrich Nietzsche, <em>La Volonté de puissance</em>, vol. 2, livre III, § 25, <em>op. cit</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref13">[13]</a> Philippe Baillet, « Monte Verità, 1900-1920 : une “communauté alternative” entre mouvance völkisch et avant-garde artistique », <em>Nouvelle École</em>, nº 52, 2001, pp. 109-134.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref14">[14]</a> Françoise Muller, « Erich Muhsam, un écrivain libertaire contre le fascisme », in André Combes, Michel Vanoosthuyse et Isabelle Vodoz (dir.), <em>Nazisme et Anti-nazisme dans la littérature et l’art allemand 1920-1945</em>, Lille, Septentrion, 1986, pp. 145-157.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref15">[15]</a> Voir le témoignage d’Hermann Hesse « L’homme qui voulait changer le monde » in <em>L’enfance d’un magicien</em>, Paris, Calmann-Levy, 1975, notamment les pp. 240-241.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref16">[16]</a> Louis Dupeux, « La version “Völkisch” de la première “alternative” 1890-1933 », in Louis Dupeux (dir.), <em>La Révolution conservatrice</em>, Paris, Kimé, Paris, 1992, p. 187.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref17">[17]</a> Louis Dupeux, « La version “Völkisch” de la première “alternative” 1890-1933 », <em>art. cit</em>., p. 187.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref18">[18]</a> <em>Cf</em>. Stéphane François, <em>Le nazisme revisité. L’occultisme contre l’histoire</em>, Paris, Berg, 2008.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref19">[19]</a> Karl Dietrich Bracher, <em>Hitler et la dictature allemande</em>, Bruxelles, Complexe, 1995, pp. 120-125.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref20">[20]</a> Hans Mommsen, <em>Le national-socialisme et la société allemande</em>, Paris, Editions de la maison des sciences de l’homme, 1997, p. 7.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref21">[21]</a> Cette thèse de doctorat, soutenue à Bâle en 1949, fut publiée pour la première fois en 1950 sous le titre <em>Die Konservativ Revolution in Deutschland 1918-1932</em>. Dernière édition en 2002 Stocker Verlag, Stuttgart. Traduction française, Armin Mohler, <em>La révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932)</em>, <em>op. cit</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref22">[22]</a> Louis Dupeux, « “Révolution Conservatrice” et modernité », in Louis Dupeux (dir.),<em> La « révolution conservatrice » dans l’Allemagne de Weimar</em>, <em>op. cit</em>., pp. 17-43.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref23">[23]</a> Hans Mommsen, <em>Le national-socialisme et la société allemande</em>, Paris, Editions de la maison des sciences de l’homme, 1997, p. 5.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref24">[24]</a> Oswald Spengler<em>, Le déclin de l’Occident</em>, Paris, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1948.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref25">[25]</a> Première édition française en 1930 chez Payot.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref26">[26]</a> Sur Niekisch ; <em>cf</em>. Louis Dupeux, <em>National bolchevisme. Stratégie communiste et dynamique conservatrice</em>, 2 vol., Paris, Honoré Champion, 1979.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref27">[27]</a> Le terme « völkisch » est réputé intraduisible en français, souvent traduit par « raciste ». La racine « Volk » signifie « peuple », mais le terme va au-delà du sens de « populaire ». Ce terme peut être compris comme nostalgie folklorique et raciste d’une préhistoire allemande mythifiée. C’est en essayant de traduire ce terme que la langue française s’est enrichi des mots « raciste » et « racisme ». Pierre-André Taguieff, <em>La force du</em> <em>préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles</em>, Paris, Gallimard, 1987, pp. 122-132.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref28">[28]</a> J’utilise le présent car il existe encore en Allemagne et en Autriche des groupuscules de se réclamant de ces théories.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref29">[29]</a> Christophe Boutin, <em>Politique et Tradition. Julius Evola dans le siècle (1898-1974)</em>, Paris, Kimé, 1992, p. 264-265.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref30">[30]</a> Hildegard Chatellier, « Julius Langbehn :un réactionnaire à la mode en 1890 », in Louis Dupeux (dir.), <em>La Révolution conservatrice</em>, <em>op. cit.</em>, pp. 115-128.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://tempspresents.wordpress.com/wp-includes/js/tinymce/plugins/paste/pasteword.htm?ver=3241-1141#_ftnref31">[31]</a> Louis Dupeux<em>, Histoire culturelle de l’Allemagne 1919-1960</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 1989, pp. 103-104.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;"><br /></p> </div></div>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-72483607776311660382010-06-05T12:57:00.000+02:002010-05-27T01:27:00.000+02:00Tradition et révolution<span style="font-weight: bold;">Tradition et Révolution<br />Edouard Rix</span><br /><br />Pour quoi combattons-nous ? Cette question fondamentale, tout soldat politique doit se la poser. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, nous sommes tentés de répondre que nous luttons pour la Tradition et la Révolution.<br /><span style="font-weight: bold;"><br />LA TRADITION</span><br /><br />Tout d’abord, il ne faut pas confondre la Tradition avec les traditions, c’est-à-dire les us et coutumes.<br /><br />La Tradition désigne l’ensemble des connaissances d’ordre supérieur portant sur l’Etre et ses manifestations dans le monde, telles qu’elles nous ont été léguées par les générations antérieures. Elle porte non pas sur ce qui a été donné une fois dans un temps et un espace déterminés, mais sur ce qui est toujours. Elle admet une variété de formes -les traditions-, tout en restant une dans son essence. On ne saurait la confondre avec la seule tradition religieuse, car elle couvre la totalité des activités humaines -politique, économie, social, etc...<br /><br />A la suite de <span style="font-weight: bold;">Joseph de Maistre</span>, de <span style="font-weight: bold;">Fabre </span><span style="font-weight: bold;">d’Olivet</span> et, surtout, de <span style="font-weight: bold;">René Guénon, Julius Evola</span> parle d’une «Tradition primordiale» qui, historiquement, permettrait d’envisager l’origine concrète d’un ensemble de traditions. Il s’agirait d’une «tradition hyperboréenne», venue de l’Extrême Nord, située au commencement du présent cycle de civilisation, en particulier des cultures indo-européennes.<br /><br />Du point de vue d’Evola, «une civilisation ou une société est traditionnelle quand elle est régie par des principes qui transcendent ce qui n’est qu’humain et individuel, quand toutes ses formes lui viennent d’en haut et qu’elle est toute entière orientée vers le haut». La civilisation traditionnelle repose donc sur des fondements métaphysiques. Elle est caractérisée par la reconnaissance d’un ordre supérieur à tout ce qui est humain et contingent, par la présence et l’autorité d’élites qui tirent de ce plan transcendant les principes nécessaires pour asseoir une organisation sociale hiérarchiquement articulée, ouvrir les voies vers une connaissance supérieure et enfin conférer à la vie un sens vertical.<br /><br />Le monde moderne est quant à lui, à l’opposé du monde de la Tradition qui s’est incarné dans toutes les grandes civilisations d’Occident et d’Orient. Lui sont propres la méconnaissance de tout ce qui est supérieur à l’homme, une désacralisation généralisée, le matérialisme, la confusion des castes et des races.<br /><span style="font-weight: bold;"><br />LA REVOLUTION</span><br /><br />Quant au terme Révolution, il doit être rapporté à sa double acception. Dans son sens actuel, le plus couramment utilisé, Révolution veut dire changement brusque et violent dans le gouvernement d’un Etat. La Révolution française et la Révolution russe de 1917 en sont l’illustration parfaite.<br /><br />Toutefois, au sens premier, Révolution ne signifie pas subversion et révolte, mais le contraire, à savoir retour à un point de départ et mouvement ordonné autour d’un axe. C’est ainsi que, dans le langage astronomique, la révolution d’un astre désigne précisément le mouvement qu’il accomplit en gravitant autour d’un centre, lequel en contient la force centrifuge, empêchant ainsi l’astre de se perdre dans l’espace infini.<br /><br />Or nous sommes aujourd’hui à la fin d’un cycle. Avec la régression des castes, descente progressive de l’autorité de l’une à l’autre des quatre fonctions traditionnelles, le pouvoir est passé des rois sacrés à une aristocratie guerrière, puis aux marchands, enfin aux masses. C’est l’âge de fer, le Kalî-Yuga indo-aryen, âge sombre de la décadence, caractérisé par le règne de la quantité, du nombre, de la masse, et la course effrénée à la production, au profit, à la richesse matérielle.<br /><br />Etre pour la Révolution aujourd’hui, c’est donc vouloir le retour de notre civilisation européenne à son point de départ originel, conforme aux valeurs et aux principes de la Tradition, ce qui passe, pour reprendre l’expression de <span style="font-weight: bold;">Giorgio </span><span style="font-weight: bold;">Freda</span>, par « la désintégration du système» actuel, antithèse du monde traditionnel auquel nous aspirons.<br /><br />Edouard Rix<br />(Le Lansquenet)Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8619623103011907719.post-26076237231463397832010-06-04T02:29:00.000+02:002010-05-27T01:25:32.574+02:00Avez vous lu les non conformistes des années 30 ?<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLEelgAb2iOTh-AoQMFZo5M73U_Yeze1NrswpWMn72FYUWBbXrA_XSm631xppk_FQwsJALyFsrJ2sALtwlMX_vLuMD7ltG1ctJ0bKuUeQ5nBH89FhzbUkVB8AQYo9UxWQvQeGvPqZ36yg/s1600/41CYXJVM7DL._SL500_AA300_.jpg"><img style="display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: center; cursor: pointer; width: 300px; height: 300px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLEelgAb2iOTh-AoQMFZo5M73U_Yeze1NrswpWMn72FYUWBbXrA_XSm631xppk_FQwsJALyFsrJ2sALtwlMX_vLuMD7ltG1ctJ0bKuUeQ5nBH89FhzbUkVB8AQYo9UxWQvQeGvPqZ36yg/s400/41CYXJVM7DL._SL500_AA300_.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5475168607956913314" border="0" /></a>Philippe Delbauvrehttp://www.blogger.com/profile/12608990356420321194noreply@blogger.com