dimanche 23 mai 2010

De l'illégitime fierté des jeunes algériens

Il y a un malentendu algérien qui repose sur la personnalité du général de Gaulle. Celui ci bénéficiait hors de la mouvance d'une aura qui dépassait de beaucoup nos frontières. On ne doit pas oublier et il est nécessaire de le rappeler que le général fut ramené au pouvoir par une partie de l'armée bien décidée à faire l'Algérie française et confiante en l'homme providentiel pour parvenir à ses fins. On sait ce que furent ses mots devant des foules en délire qui déclenchèrent les plus fous espoirs qui fatalement allaient par la suite tragiquement désespérer. On ne doit pas non plus désapprendre que, comble de l'ironie, que la guerre d'Algérie fut gagnée militairement, tant dans les djebels qu'au sein des villes où le terrorisme fut anéanti.

Ce qui donna aux Algériens, et c'est ce qui se perçoit de nouveau chez nous aujourd'hui, le sentiment d'une victoire, ce fut le départ avilissant accompagné du massacre ignoble et honteux des harkis. Beaucoup de jeunes arabes de nos jours, parce qu'ils sont pour la majorité non instruits, ont la sincère impression que cette guerre menée par une petite partie de leurs ainés et marquée en réalité par leurs défaites successives et répétées, fut une victoire grandiose. D'où ce sentiment de supériorité vis à vis des Français assimilés à des perdants.

Ayant potassé le sujet voilà une vingtaine d'années, ce comportement d'autosatisfaction me fait sourire autant qu'il me révolte. La manière dont le terrorisme fut brutalement mais aussi intelligemment à Alger reste un modèle du genre. Il n'y a de surcroît aucun mérite et encore moins d'honneur à déposer une bombe dans un café ou un autre endroit non pas malgré mais parce qu'il y avait des innocents. Quant aux djebels, même si à certaines occasions, on a pu déceler un courage certain, les capacités tactiques des uns et des autres n'étaient assurément pas les mêmes.

C'est donc au gaullisme que l'on doit les actuels comportements de fierté mal placés mais aussi à toute la clique des années quatre vingt emmenée par sos racisme qui en premier lancèrent les idées de racines et d'identités. Cette association eut beaucoup de succès dans les rangs de la jeunesse française (c'était la mienne) dont Pauwels déclara à mon sens justement qu'elle était atteinte de sida mental et ce au grand dam de tous les progressistes de tout poil.