samedi 22 mai 2010

Réponse à un identitaire

Par Philippe Delbauvre


Au demeurant, nous avons l'un et l'autre notre obsession propre quant au péril majeur menaçant notre pays. Chacun aura compris que pour vous il s'agit de l'islam, religion en effet hétérogène (doxe) à la France et liée majoritairement au Sud, là où il s'agit pour moi de dénoncer l'économisme ou américanisation issue de l'Ouest qui bouleverse les schèmes de la créature française au point de la rendre méconnaissable.

S'agissant du Français pure souche qui constitue notre essentiel, j'ai bien peur que l'américanisation soit devenue tellement prégnante que l'on ait fini par ne plus s'en rendre compte. Peut être que l'un des phénomènes marquant l'Angleterre à savoir la disparition de la table familiale sise au sein de la salle à manger parce que chacun mange dès son retour à la maison, qui dans le canapé devant la télé, qui à la cuisine, touchera bientôt la France. Il s'agit là d'un aspect en apparence anodin qui pourtant en dit long sur l'évolution des mentalités et la fin d'une certaine forme de vivre ensemble qui caractérise le modèle familial français hérité de siècles d'imprégnation civilisationnelle.

La postmodernité appelée hypermodernité chez d'autres sociologues effectue des ravages qui m'insupporte de plus en plus au point que désormais la fuite qui, à l'image des Parthes ne signifie pas la fin du combat politique, me tente de plus en plus. Fuite vers la ruralité, la campagne où dans le cadre d'un petit village je pourrais reprendre contact avec la France réelle et charnelle. Je sais bien que je n'y trouverai pas la perfection des hommes que d'ailleurs je ne cherche pas mais qu'en revanche une certaine authenticité, un rapport à Dieu et à la nature me seront donnés.

Et puis là bas, reconnaissons le, ni bandes ethniques ou provocations diverses même involontaires, peut être justement parce ce qui fascine l'étranger de base ne sont autres que ce qui justement, n'est pas la France du terroir. Plus exactement, c'est l'absence d'influence de la postmodernité, celle là même qui plait à l'étranger, au sein du monde excentré des villes, qui rend le terroir inintéressant voire rebutant.

Cette absence d'altérité ethnique au sein des campagnes est au demeurant des plus intéressantes: populations plus que celles des autochtones touchées par le chômage et vivant de diverses allocations qui pourraient donc très bien si elles le souhaitaient s'offrir le calme qu'offrent les contrées villageoises sises assez loin des villes. Elles ne le font point. Il serait hasardeux de faire de ce choix la conséquence d'un accueil glacial des ruraux même si le paramètre est à prendre en considération; je crois plutôt que c'est l'ambiance de la ville et de la postmodernité que l'on y trouve qui les séduit. Peut être est ce pour ça qu'on les trouve autant dans les galeries marchandes des hypers, au voisinage des magasins, bowlings , cinémas et boites de nuit.

Les américains disent ghettos là où nous parlons cités: le résultat est pourtant, à quelques nuances près, le même.